Le Metavers s’emballe déjà !

Le Metavers s'emballe déjà !

Fin octobre 2021, Facebook lançait le buzz autour du “Metaverse” (Métavers en français, pour méta-univers), et GreenSI le positionnait comme une nouvelle branche de l’Internet.

Mais pendant que Facebook recrute a tour de bras pour décliner dans le monde réel son annonce de créer 10.000 postes, les annonces de futurs concurrents se succèdent, jusqu’à presque éclipser Méta.  Finalement on commence à entrevoir une multitude de Métavers, et non un univers unifié par ses standards comme Internet s’est construit. On découvre chaque jour de nouveaux bourgeons sur cette branche de l’Internet, que certains appellent déjà le Web3. Essayons de les explorer dans ce billet. 

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Les annonces de recrutement de Facebook de “Game Designer – Metaverse“, pour son équipe “Horizons”, promettent aux candidats de construire une plate-forme sociale de contenu généré par l’utilisateur où les gens ont la liberté d’identité et d’expression et peuvent découvrir des mondes virtuels vivants qui ne pourraient pas exister dans le monde réel. Cette plate-forme est à l’échelle mondiale. On pourra y développer sa “place” et y faire grandir ses communautés, qui s’y connecteront et pourront jouer de toutes sortes de façons.  

Les fondamentaux de Meta sont une plateforme sociale pour convertir progressivement son actif actuel de presque 3 milliards d’utilisateurs actifs (40 millions en France) et une évolution des usages vers les jeux de sa division Oculus, reposant pour l’instant sur des casques de réalité augmentée.

Les besoins en recrutement sont tels, que le « Wall Street journal » a noté début janvier le début d’une guerre des talents de la réalité virtuelle et déjà comptabilisé une centaine de salariés de Microsoft spécialistes de la réalité virtuelle qui ont quitté leur groupe (pourtant au plus haut de sa forme boursière), dont une bonne moitié aurait rejoint les rangs de Meta. Les salaires sont bien sûr en hausse.

Préparons-nous d’ailleurs à une pénurie de talents pour nos projets réalité augmentée en entreprise, qui demandent des profils similaires…

De son côté Microsoft a frappé très fort cette semaine en bouclant l’acquisition de l’éditeur de jeux, Activision-Blizzard, à $95 par action, quand elle en valait $65 la veille. Microsoft n’a pas de réseau social pour Mme Michu, alors qu’il a déjà une force de frappe dans les jeux vidéo. C’est donc $97 milliards de dollars qu’il mobilise pour développer sa branche jeux videos qui pour l’instant repose sur la X-box et les PCs de gaming.

La prime, de 45% sur le prix de l’action, donne un ordre de grandeur de la valorisation estimée par Microsoft entre un Métavers et une plateforme de jeux. Un écart qui repose sur des hypothèses de revenus publicitaires et beaucoup plus d’achats par joueurs, via des Stores d’objets et de personnalisation, qui seront une pierre angulaire des univers.

Notons aussi que suite à l’annonce du Métaverse par Facebook, Microsoft avait été un des premiers à supporter l’idée et y projeter des réunions professionnelles. On voit que deux mois plus tard les moyens financiers sont mobilisés prioritairement sur les jeux vidéos et pas sur Office. Ceci est certainement un signal faible que ce marché est bien dans un premier temps un marché B2C et pas B2B.

Du côté d’Apple, le roi du “Store applicatif lucratif”, il se murmure la sortie d’un casque de réalité augmentée pour cette année, et forcément un nouvel univers d’applications pour aller avec. Cependant, Apple va devoir chercher sa voie, en tirant profit de son point fort : savoir déployer mondialement des appareils électroniques bourrés de capteurs et d’intelligence connectés à une plateforme logicielle.

Apple Pay est aussi un actif intéressant, car, dans le Métaverse, chacun devra acheter ses objets. Les moyens de paiements autour des cryptos et des tokens non fongibles (NFT) pour gérer la propriété, fourbissent leurs armes, et y voient un cas d’usage à l’échelle mondiale. Mais Apple n’a ni réseau social, ni jeux vidéo, à l’échelle des enjeux du Métavers… même si Apple touche 30% de commission sur tous les jeux vendus via l’Apple Store. C’est certainement une bonne partie des 38% de marge brute affichée chaque année.

Dans ces acteurs, Walmart, le plus grand distributeur américain avec des magasins physiques, a modifié l’enregistrement de sa marque fin décembre pour proposer des biens virtuels payés avec une cryptomonnaie a ses futurs clients. Mais n’oublions pas que Walmart s’est aussi associé à Oracle en 2020 pour racheter TikTok, quand le gouvernement américain ne voulait plus de dépendance totalement chinoise pour cette plateforme utilisée par plus de 50 millions d’Américains. Et puis, TikTok a été en 2021 la première plateforme sociale, devant Facebook. Les actifs de Walmart pour monétiser TikTok, un déjà univers vidéo et temps réel, ensuite passer à un univers virtuel, sont donc assez crédibles. 

Revenons au secteur du jeu. Qui est encore plus grand qu’Activision Blizzard après l’ajout de Microsoft Game ?

La réponse est le chinois Tencent (Epic games, Roblox, …), aussi la première plateforme de jeu en Chine, et le japonais Sony (PlayStation), aussi connu pour ses équipements électroniques et son catalogue de films. La bataille pourrait ainsi vite quitter les États-Unis et devenir mondiale, comme le suggère le rachat de Black Shark par Tencent cette semaine. Black Shark est un concurrent chinois d’Oculus. Comme pour Microsoft, l’acquisition est le moyen le plus rapide de développer une compétence réalité augmentée et virtuelle. Avec un peu de flair, on peut se positionner en Bourse sur les prochains…

Mais le casque n’est pas la seule approche, comme le montre Niantic, le créateur de PokemonGO, avec son investissement de $300 millions pour développer ce qu’ils appellent le “Métavers du monde réel”. Avec son smartphone, par la réalité augmentée et non plus virtuelle, on pourra accéder à tout un univers virtuel et jouer avec cet univers, comme avec leur jeu à succès qui permet d’attraper des Pokémons, de les collectionner, et d’organiser des tournois virtuels avec d’autres joueurs.

Du côté de Sony, la stratégie est un partenariat avec Metahero qui maitrise à la fois le scanning d’une personne pour créer son avatar et une crypto qui va lui permettre de s’habiller, une fois arrivé nu dans le Métaverse, comme l’entré d’Arnold Schwarzenegger, arrivant du futur, dans Terminator 1 😉

En résumé, l’équation magique du Métaverse semble être pour le moment, du B2C, la maîtrise d’un Casque/Console VR, de jeux immersifs, d’un réseau social, d’une monnaie crypto, et de droits de propriétés NFT.

Tous les acteurs de la Tech qui maîtrisent un terme de l’équation, cherchent à se développer par alliance ou acquisition sur les autres. Le terrain de jeu est déjà occupé par Méta, Microsoft, Walmart, Sony, Tencent ou Niantic, mais va certainement encore s’agrandir.  Et puis n’oublions pas non plus les “vendeurs de pioches” qui vont permettre de développer ces plateformes, comme Nvidia, Unity ou les vendeurs de Cloud qui sauront proposer les configurations adaptées aux particuliers.

D’ailleurs ça ne vous a pas échappé qu’on n’a pas parlé de Google ou Amazon ?

Ils ont pourtant chacun des actifs importants en puissance de calcul Cloud dont ces univers auront besoin, et pour Amazon des enjeux aussi forts que Walmart dans l’e-commerce de produits virtuels. Pour l’instant, ils n’ont pas fait d’annonce majeure, mais restons à l’écoute.

Sans aucun doute, le Métaverse aura déclenché une nouvelle course technologique, pour créer avant tout le monde, cet univers virtuel à l’expérience utilisateur immersive, mais surtout y amener le maximum de clients. Car il va bien falloir que quelqu’un paye cette construction au final, et les investisseurs du moment voudraient bien que ce soit vous !

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