Le maire de Saint-Etienne visé par une plainte pour « chantage aggravé » déposée par son ancien premier adjoint – Le Monde

Gilles Artigues (à gauche) et le maire Gaël Perdriau lors de la séance d’installation du conseil municipal, à Saint-Etienne, le 3 juillet 2020.

Une plainte pour « chantage aggravé » a été déposée, lundi 29 août, par l’ancien premier adjoint centriste de Saint-Etienne Gilles Artigues contre Gaël Perdriau, maire (Les Républicains, LR) de la ville et président de la métropole.

La plainte – qui vise également le directeur de cabinet de M. Perdriau, ainsi qu’un de ses adjoints et l’ancien compagnon de ce dernier – a été reçue lundi matin et l’affaire a été dépaysée à Lyon sur instruction de la procureure générale près la cour d’appel de Lyon, a indiqué le procureur de la République de Saint-Etienne, David Charmatz.

Vendredi, Mediapart révélait dans une longue enquête que Gilles Artigues aurait été victime d’un chantage politique après avoir été piégé et filmé à son insu en compagnie d’un escort boy en 2014. Le coup monté aurait été orchestré par Samy Kefi-Jérôme, aujourd’hui adjoint au maire chargé des écoles, et son compagnon de l’époque, Gilles Rossary-Lenglet, qui en a dévoilé les coulisses à Mediapart.

Gilles Artigues pense avoir été drogué

Ce dernier raconte que lors d’une réunion à Paris remontant à l’hiver 2014, une caméra avait été installée dans une chambre d’hôtel de la capitale. Son ancien partenaire y aurait attiré Gilles Artigues et payé un escort avant de partir « sur la pointe des pieds ». La vidéo de trente minutes qu’il récupère sera ensuite coupée et montée, et servira à faire chanter Gilles Artigues pendant plusieurs années afin de le « mettre en laisse ».

L’avocat de Gilles Artigues, Me André Buffard, affirme disposer d’éléments de preuves, notamment de conversations au cours desquelles on menace son client de divulguer cette vidéo à sa famille. Toujours selon son avocat, M. Artigues pense avoir été drogué ce soir-là : « Il connaît M. Kefi-Jérôme, qui l’a amené dans sa chambre pour un motif futile et l’a fait boire. Il ne se souvient ensuite de pas grand-chose. » Pensant que personne ne croirait sa version, il n’a pas osé dénoncer les faits, jusqu’à l’enquête de Mediapart.

Lire aussi : Chantage à Saint-Etienne : Gilles Artigues, ancien premier adjoint de Gaël Perdriau, va porter plainte pour « guet-apens en bande organisée »

Selon le site d’investigation, le maire lui-même et son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, auraient eu connaissance de cette opération et auraient même « mandaté Samy [Kefi-Jérôme] pour montrer la courte vidéo ». Ce que tous deux nient.

Sollicité par Le Monde, Gaël Perdriau affirmait, samedi 27 août, n’avoir jamais vu le contenu de la vidéo et contestait « toute notion de chantage qui serait liée aux décisions que Gilles Artigues a prises récemment au sein de l’équipe municipale ». Vice-président de la métropole chargé du logement et de l’habitat, Gilles Artigues a démissionné en mai de sa fonction de premier adjoint à la mairie de Saint-Etienne, tout en restant adjoint au sein du conseil municipal. Samy Kefi-Jérôme a quant à lui reconnu l’existence de cette vidéo auprès de Mediapart, mais invoqué la protection de sa « vie privée » pour ne pas en dire davantage.

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