Le maire de Corbeil-Essonnes renvoyé en correctionnelle pour achat de votes – Le Monde

Jean-Pierre Bechter, successeur de Serge Dassault, ainsi que six autres personnes, vont comparaître dans une affaire d’achat de votes.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 12h45, mis à jour à 12h57

Temps de Lecture 2 min.

Serge Dassault et Jean-Pierre Bechter, lors d’une réunion de campagne, à Corbeil-Essonnes, en mars 2014.

Le juge d’instruction chargé de l’enquête sur les soupçons d’achat de votes à Corbeil-Essonnes a ordonné le renvoi en correctionnelle de sept personnes, dont Jean-Pierre Bechter, l’actuel maire de l’ancien fief électoral de Serge Dassault, a appris l’Agence France-Presse vendredi 6 septembre de sources concordantes, confirmant une information de Mediapart.

Selon le journal en ligne, le juge d’instruction Serge Tournaire a renvoyé, le 29 août, Jean-Pierre Bechter devant le tribunal pour « achat de votes » et « financement illégal de campagne électorale ». Il y dénonce une « entreprise de corruption généralisée de l’électorat (…) qui s’est exercée à un degré sans doute jamais atteint lors des élections de 2009 et 2010 remportées par Jean-Pierre Bechter ».

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Serge Dassault, mort en 2018 à l’âge de 93 ans, avait été mis en examen pour achat de votes, blanchiment et complicité de financement illicite de campagne électorale.

Le Parquet national financier (PNF) avait, en février, demandé le renvoi de huit personnes. Outre Jean-Pierre Bechter, qui avait succédé à M. Dassault à la mairie à la suite de l’invalidation de sa réélection en 2008, deux ex-adjoints à la mairie, Jacques Lebigre et Cristela de Oliveira, un comptable suisse proche de M. Dassault, Gérard Limat, et des intermédiaires présumés du système sont également sous la menace du procès voulu par le PNF.

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« Un système cohérent pour influencer le vote »

Dans son réquisitoire définitif de 141 pages daté du 22 février, le PNF relevait qu’« il est possible de deviner dans l’entrelacs des faits un système cohérent, ayant pour but d’influencer le vote des électeurs ». Les investigations ont permis de mettre au jour trois méthodes pour y parvenir : l’intermédiation d’un maire adjoint chargé de distribuer des fonds, des remises d’espèces alimentées par des comptes occultes à l’étranger et les retours en espèces de fonds envoyés au préalable à l’étranger.

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Après plus de quatre ans d’enquête, les juges d’instruction avaient annoncé à la fin de juillet 2017 la fin de leurs investigations. Ils avaient mis en examen Serge Dassault pour achat de votes, blanchiment et complicité de financement illicite de campagne électorale. Celui-ci avait vu ses déboires, commencés avec l’invalidation de son élection de mars 2008, s’accélérer quand la cellule antiblanchiment de Bercy, Tracfin, avait transmis en 2010 au parquet une note sur des mouvements de fonds sur le compte de Jacques Lebigre.

Lors d’une perquisition au Clos des Pinsons, résidence et quartier général politique de Serge Dassault à Corbeil, deux listes avaient été retrouvées, avec plus d’une centaine de noms et des sommes sous des colonnes « payé » et « non payé » et des commentaires : « Soutien sortie détention », « permis de conduire »… L’ancienne troisième fortune française avait toujours nié un scénario d’achats de voix, évoquant des dons ou se présentant comme victime d’extorsions.

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