Le Japon va rejeter dans l’océan l’eau contaminée de Fukushima – Le Monde

La centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, à Okuma (Japon), le 7 janvier.

Passant outre les oppositions, le gouvernement japonais a opté pour le rejet dans l’océan Pacifique de l’eau contaminée issue du refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi, qui ont subi une fusion des cœurs au moment du séisme et du tsunami du 11 mars 2011.

« Nous estimons que les rejets dans l’océan sont réalistes, dès lors qu’ils seront réalisés en toute sécurité », a défendu le premier ministre, Yoshihide Suga, au moment de l’annonce de cette décision, mardi 13 avril, justifiée par la limite des capacités de stockage dans l’enceinte de la centrale, qui devrait être atteinte à l’automne 2022. Le 18 mars, 1,25 million de tonnes d’eau dormaient dans plus de 1 000 réservoirs. La quantité augmente de 141 tonnes par jour.

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Le déversement devrait commencer dans deux ans, une fois obtenu l’aval de l’Autorité de régulation du nucléaire (ARN), gendarme de l’atome nippon. Car 80 % de l’eau stockée reste, malgré un traitement par le système de filtration ALPS (Advanced Liquid Processing System), chargée de soixante-deux nucléides, dont du strontium-90 et du césium-137, à des niveaux supérieurs aux normes environnementales.

La Compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco, propriétaire de Fukushima Dai-ichi) prévoit un second traitement. Selon les résultats d’un essai de second traitement réalisé fin 2020, seuls demeurent détectables le cobalt-60 à 0,233 Bequerels par litre (Bq/l, norme à 200 Bq/l), le carbone-14 à 15,6 Bq/l (norme à 2 000 Bq/l) et le tritium à 272 000 Bq/l (norme à 60 000 Bq/l). Un processus de dilution doit par la suite faire baisser le tritium à des niveaux acceptables.

Une décision impopulaire

La question du devenir de cette eau était débattue depuis sept ans. En février 2020, une commission du ministère de l’économie (METI, qui supervise l’industrie nucléaire) présentait l’évaporation dans l’atmosphère et le rejet en mer comme des « options réalistes ». Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA, organe onusien), Rafael Grossi, affirmait au même moment que le rejet en mer « correspondait aux normes en vigueur dans le monde » au sein de l’industrie nucléaire.

Le gouvernement a plusieurs fois reporté une décision impopulaire. Selon un sondage de mars de la chaîne publique NHK, 51 % des sondés s’y opposent, contre 18 % qui l’appuient. La fédération des coopératives de pêche JF Zengyoren reste « résolument contre » le projet. La fédération nationale des consommateurs Shodaren également. « Certains des radionucléides à rejeter ont une durée de vie de plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’années. La décision de rejeter l’eau contaminée dans l’océan aura des conséquences », craint Kazue Suzuki, de l’ONG Greenpeace Japan.

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