
Le flou entre outils professionnels et usages personnels pèse sur la sécurité en télétravail

Au regard de l’explosion de l’utilisation des outils professionnels à des fins personnelles, tous les télétravailleurs ne semblent pas avoir pris conscience de l’enjeu de sécurité qui découle de la mise en place de ce nouveau mode de travail à distance, révèle une enquête de OneLogin qui examine les conséquences en matière de sécurité de la généralisation du télétravail pendant la pandémie de Covid-19.
Malgré les recommandations d’experts, beaucoup d’ordinateurs professionnels ont été utilisé par les employés à des fins personnelles. Un peu moins de la moitié des Français interrogés (45%) déclarent utiliser leur ordinateur professionnel pour regarder des vidéos sur YouTube, et 36% d’entre eux l’utilisent pour regarder des films en streaming, note l’étude. De même, près d’un tiers (29%) des télétravailleurs français interrogés disent travailler à distance à partir d’un ordinateur non fourni par leur entreprise.
Compte tenu de l’augmentation rapide du travail à distance, l’agence européenne de cybersécurité, l’ENISA avait formulé le mois dernier une série de recommandations à l’intention des entreprises qui se tournent vers le télétravail à la suite de l’épidémie de Covid-19. L’agence recommandait, dans la mesure du possible, que les travailleurs essaient de ne pas mélanger travail et loisirs sur le même appareil et soient particulièrement prudents avec tout courriel faisant référence au Coronavirus.
Le recours massif aux outils de visioconférence par les entreprises a aussi entraîné des dérives, souligne l’étude. Plus d’un tiers des Français interrogés déclarent utiliser le compte Zoom de leur entreprise pour communiquer avec leur famille et amis pendant le confinement.
Des connexions Wifi pas toujours sécurisées
L’étude observe que la sécurité des connexions WiFi est “largement insuffisante” au domicile des télétravailleurs. Seuls 39% des Français interrogés ont changé leurs mots de passe Wi-Fi chez eux au cours des six derniers mois, et 34% d’entre eux ne les ont jamais changé. Un réflexe qui semble, au contraire, plus partagé chez les Américains (avec 63% et 7% respectivement) et les Allemands (49% et 21% respectivement).
L’ENISA avait pourtant recommandé aux entreprises recourant au télétravail de s’assurer que la connexion privée soit bien sécurisée au domicile de l’employé, de même que l’anti-virus soit en place et mis à jour.
Dans le cadre du recours au “BYOD” (Bring your own device), la CNIL a publié de son côté un guide pratique pour concilier sécurité des données de l’entreprise et protection de la vie privée du salarié connecté à l’usage de l’employeur. La commission conseille de “cloisonner les partie de l’outil personnel ayant vocation à être utilisées dans un cadre professionnel”, de “contrôler l’accès distant par un dispositif d’authentification robuste de l’utilisateur (si possible à l’aide d’un certificat électronique, d’une carte à puce, etc)” ou encore de “mettre en place des mesures de chiffrement des flux d’informations (VPN, HTTPS, etc.)”.
Le télétravail est appelé à durer
Aujourd’hui, près de 5 millions de Français travaillent à leur domicile. Alors que la moitié des télétravailleurs confinés expérimente cette forme de travail pour la première fois, beaucoup de Français (73%) prévoient un accroissement du télétravail après la crise sanitaire, contre 50% des Américains, 60% des Britanniques ou 67% des Allemands, poursuit l’étude.
Les entreprises pourraient y être également plus favorables à l’avenir. Selon un sondage CSA pour Malakoff Humanis publié mercredi, un tiers des télétravailleurs (35%) pensent que cette crise sanitaire “va modifier la position de leur entreprise vis-à-vis du télétravail”, contre 16% après les grèves de décembre et janvier derniers.
En début de semaine, le Premier ministre Edouard Philippe avait averti au Sénat que le télétravail était amené à se poursuivre avec le déconfinement, même si un retour sur site est possible au 11 mai. Syndicats et gouvernement s’accordent à dire que le télétravail nécessite d’être encadré pour éviter les dérives. Le ministère du Travail prépare pour la fin de la semaine un guide des bonnes pratiques sur le télétravail.