Le «destin» de Nordahl Lelandais «désormais entre ses mains» – Paris Match

Nordahl Lelandais a été condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de la petite Maëlys. Une peine accompagnée de 22 années de sûreté qui signifient qu’il ne pourra pas demander de libération anticipée avant 2040.

Perpétuité. Le mot glissa sur son indifférence, comme une mauvaise note de plus sur ses bulletins scolaires, qui en comptent un paquet. La présidente lui demanda un jour : «Finalement, qui êtes-vous ? – Lelandais Nordahl, deux Cour d’assises , répondit-il du tac au tac, un brin provocateur, comme s’il s’agissait de deux grandes écoles qu’il aurait réussies.

Difficile de décrypter un verdict lorsque les motivations ne sont pas encore connues. Mais Lelandais a sûrement payé son incessante froideur, son détachement, sa surdité. Ils ont traduit son degré de conscience des faits, quasiment nul, qui induit «son extrême dangerosité criminelle» comme l’ont souligné psychologues et psychiatres, ajoutant qu’une guérison serait l’affaire de toute une vie. Après les deux jours consacrés à ces dix experts, Lelandais déclara, s’adaptant comme d’habitude à ses interlocuteurs : «Je suis bien conscient qu’il faut tout reprendre depuis le début», lui qui vantait, quelques jours auparavant, l’avancement à grands pas des soins déjà entrepris.

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Plus Lelandais évoquait son récit du mariage, moins celui-ci devenait plausible

Perpétuité, c’est aussi la peine de tous ses mensonges et de ses non-dits. De ses excuses mécaniques, sans remord, sans affect. Il a sans cesse réservé la vérité aux lendemains : «Je m’expliquerai, je m’expliquerai». On ne vit jamais rien venir qui tienne la route. Devant Colleen, 16 ans, la sœur de Maëlys, courageusement plantée devant lui, bras croisés, à attendre la vérité : un mur de glace. Un pervers qui parle beaucoup révèle sa perversion. Ainsi, à l’entendre, rien ne serait arrivé si sa copine de l’époque avait répondu à son texto de deux heures du matin dans lequel il lui proposait de passer chez elle pour faire l’amour. En gros, c’est la faute de la copine. Et que dit-il aux parents de Maëlys, rongé par la culpabilité ? «Je voudrais vous dire que ça n’est pas votre faute». Pour un peu, il les consolerait. À un avocat de la partie civile qui lui parle de photos de jeunes filles téléchargées sur son portable puis détruites : «Ah bon ? Je l’ignorais, vous me l’apprenez». Plus Lelandais évoquait son récit du mariage, moins celui-ci devenait plausible. Et comme pendant l’instruction il n’avoua toujours que forcé, comme un enfant démasqué, devant les preuves qu’on lui mettait sous le nez, il éluda avec des «je n’en sais rien», des «je ne m’en souviens plus» les éléments qui peuvent, au regard, entre autres de la famille de Maëlys, supposer un viol. Le short qui finit dans un container, le portable «je l’avais volé», fracassé à coup de talons puis jeté dans un lac le lendemain du mariage, ces deux mèches de cheveux arrachées -trophée ?- à Maëlys.

Perpétuité d’un côté, libération de l’autre pour l’avocat ?

«On ne saura jamais» répéta son père Joachim après le verdict. Pour lui, son ex-femme Jennifer et Colleen, le rideau est tombé. Ils vont devoir se reconstruire, commencer maintenant, sans projecteurs, le véritable travail de deuil. Car la très longue instruction et ce long procès ont quelque part prolongé la vie de Maëlys. Me Jakubowicz ne fera pas appel, pour ne pas leur imposer un autre procès et d’autres souffrances. «Il est temps que cette page se ferme, déclara-t-il à la sortie du procès. Quant à Nordahl Lelandais, il va retrouver l’anonymat dont il n’aurait jamais dû sortir. Son destin est désormais entre ses mains, c’est à lui de travailler sur lui-même. Le chemin sera long, très long. Il n’a plus besoin d’avocat». Il a porté Lelandais à bout de bras depuis 2017, gérant ses mensonges comme un père affectueux qui croit, dira-t-il, en l’homme. Alors, perpétuité d’un côté, libération de l’autre ?

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Vingt-deux ans de sûreté signifient que Lelandais ne pourra pas demander de libération anticipée avant 2040 (il a déjà effectué quatre ans de détention). Il aura 57 ans. Ce sera alors au tribunal d’application des peines de décider, après avoir évalué l’avancement de son injonction de soins. La justice, elle, continue de travailler «le dossier» Lelandais. Le procureur général Jacques Dallest quitte bientôt Grenoble pour intégrer la cellule des cold-case, que rejoint également la juge Sabine Kheris, qui instruisit le dossier Fourniret. Les gendarmes de Pontoise, qui ne sont ni des tendres ni des mous, se penchent déjà sur une quarantaine de dossier. Lelandais «un Fourniret junior» comme en sont persuadés quelques acteurs du dossier, reverra-t-il une ou des Cour d’assises ? On a l’impression qu’à ses yeux, pour l’instant, ce ne sont que des cours d’école.

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