Le député RN Grégoire de Fournas exclu de l’Assemblée nationale pendant quinze jours de séances, après ses propos à teneur raciste – Le Monde

Lors de la procédure de vote assis et levé pour décider de la sanction de censure avec exclusion temporaire à l’encontre du député Rassemblement national de Gironde, Grégoire de Fournas, à l’Assemblée nationale, vendredi 4 novembre 2022.

Le député du Rassemblement national (RN) Grégoire de Fournas a été sanctionné, vendredi 4 novembre, d’une « censure avec exclusion temporaire », soit l’interdiction de paraître au Palais-Bourbon pendant quinze jours de séances, et la privation de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois. C’est le second député ainsi sanctionné pendant la Ve République, après l’élu apparenté Parti communiste français Maxime Gremetz, en mars 2011, à l’origine d’une altercation en raison de voitures ministérielles, mal garées selon lui.

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Cette sanction a été proposée à l’unanimité par le bureau de l’Assemblée nationale, réuni en début d’après-midi, puis immédiatement approuvée par un vote assis et levé de l’Hémicycle. Le député RN n’était pas présent lors de ce vote. Son groupe s’est prononcé contre cette sanction.

« J’en appelle à la dignité de nos débats, au refus de toute haine et de toute violence, fût-elle verbale, et au respect de nos valeurs, de nos concitoyens et de notre Assemblée nationale. J’y veillerai à chaque instant », a déclaré à la tribune la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, lors d’une courte allocution en forme d’avertissement quant à la tenue des futurs échanges dans l’hémicycle.

Jeudi, M. de Fournas avait lancé « qu’il retourne en Afrique ! » au député de La France insoumise (LFI) Carlos Martens Bilongo, qui est noir, alors que ce dernier prenait la parole au sujet de l’Ocean-Viking. Le bateau de l’ONG humanitaire SOS Méditerranée transporte actuellement à son bord 234 migrants en détresse et attend de pouvoir les débarquer en Europe. M. de Fournas avait aussitôt nié tout caractère raciste, assurant avoir parlé du « bateau » et en « aucun cas » du député, élu du Val-d’Oise.

La présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, s’exprime devant la presse à la sortie du bureau de l’Assemblée nationale pendant lequel a été décidé la sanction de censure avec exclusion temporaire à l’encontre du député RN de Gironde, Grégoire de Fournas, vendredi 4 novembre 2022.

« Compte tenu de la gravité des faits » et de « l’émotion légitime » suscitée par ces propos, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, avait quasi immédiatement prononcé une suspension de séance avant de la clore et avait annoncé la convocation en urgence du bureau de l’Assemblée nationale pour décider d’une éventuelle sanction à prononcer contre le député RN.

La dédiabolisation du RN mise à mal

En début d’après-midi, vendredi, alors qu’il se rendait à l’Assemblée nationale, le député LFI a été accueilli sous les applaudissements de ses collègues de la Nupes (LFI, Parti socialiste, Parti communiste français, Europe Ecologie-Les Verts) revêtus de leurs écharpes tricolores. Jean-Luc Mélenchon et plusieurs centaines de personnes, avec des drapeaux français et des partis de la coalition, ont également salué son arrivée.

Viticulteur dans le Médoc, M. de Fournas est l’auteur de tweets tendancieux. « En Afrique, ils aiment tous la France et ses allocs. On accueille toute l’Afrique ? ! », a-t-il tweeté en 2017 ; « En réponse à l’expulsion de notre ambassadeur au Mali, il faut expulser tous les Maliens de France ! », écrivait-il en janvier 2022.

Vendredi, l’élu s’est défendu d’avoir effacé d’autres messages. Après l’annonce de sa sanction, il a maintenu sa position sur Twitter : « Je suis totalement innocent des faits que l’on me reproche, y écrit-il. Je ressens cette sanction d’une dureté inouïe avec une grande injustice. Mais respectueux de l’institution, je m’y soumets. » Sa sortie fragilise la stratégie de notabilisation revendiquée par les troupes de Marine Le Pen, depuis l’élection inédite de quatre-vingt-neuf députés du parti d’extrême droite en juin.

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Le Monde avec AFP

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