Le coronavirus, un « test majeur » pour la centralisation du pouvoir qu’incarne Xi Jinping – Le Monde

Le président chinois Xi Jinpin dans un centre de contrôle des maladies à Pékin, le 10 février, où un message dit: « Course contre la montre, lutte contre le virus ».

Le président chinois Xi Jinpin dans un centre de contrôle des maladies à Pékin, le 10 février, où un message dit: « Course contre la montre, lutte contre le virus ». Liu Bin / AP

Le président Xi Jinping lui-même le reconnaît : l’épidémie de Covid-19 constitue « un test majeur pour le système chinois et la capacité de gouvernance » du pays. En clair, pour la centralisation du pouvoir qu’il incarne, comme aucun de ses prédécesseurs, depuis Mao Zedong. Par ce qu’elle révèle du fonctionnement du Parti communiste chinois, la crise sanitaire revêt donc une dimension politique importante.

En consacrant sa « une », début février, au coronavirus « Made in China », l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a fait scandale. Mais pour certains, le virus est bien le fruit de la corruption et de la dissimulation, deux des ressorts du communisme chinois. Evidemment, Pékin pense exactement l’inverse. Les épidémies trouvent leur origine un peu partout dans le monde et la supériorité du système socialiste permet justement de les combattre plus efficacement que les démocraties ne le font.

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Pour la propagande, en menant « une guerre » contre le virus, la Chine « contribue à améliorer la santé du monde ». Une affirmation d’autant plus contestable qu’en dépit de la transparence affichée par Pékin, la Chine refuse d’accueillir des missions sanitaires internationales, ce que les Etats-Unis mais aussi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) commencent à lui reprocher ouvertement.

Humiliation

Sur le plan international, le Covid-19 (nom donné par l’OMS à la maladie provoquée par le coronavirus, désormais appelé SARS-CoV-2 par les experts) a donc déjà mis à mal l’image d’une Chine, grande puissance moderne, vantée par Xi Jinping. Aujourd’hui, la liberté de circulation des Chinois dans le monde est limitée comme elle ne l’a jamais été depuis quarante ans. Sauf que, cette fois, ce n’est plus le Parti communiste qui interdit aux Chinois de sortir mais les étrangers qui les empêchent d’entrer ou leur imposent une mise en quarantaine. Une véritable humiliation.

Du Kazakhstan à l’Italie, même les pays participant aux « routes de la soie » – la clé de voûte du soft power (politique d’influence culturelle) de Pékin – ferment leurs frontières aux Chinois. Le 15 janvier, Liu He, vice-premier ministre, signait un accord commercial avec Donald Trump à la Maison Blanche. Aujourd’hui, il serait refoulé par les services de l’immigration.

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Rien ne dit d’ailleurs que Pékin sera à même de tenir les engagements pris lors de ce premier accord. Selon l’agence Bloomberg, la China National Offshore Oil Corporation (Cnooc), le principal importateur chinois de gaz naturel liquéfié (GNL), a annulé toutes ses commandes, en raison du virus, invoquant un cas de force majeur. Les importations de GNL américain constituaient pourtant l’un des principaux engagements pris par la Chine le 15 janvier.

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