Le coronavirus en Italie fait deux morts: pourquoi ces cas inquiètent particulièrement l’OMS – Le HuffPost

AFP
Photo prise ce 22 février à Codogno, en Italie, où le coronavirus a fait deux morts dans un nouveau foyer de Covid-19.
CORONAVIRUS – Le nord de l’Italie se barricade. Après la mort de deux Italiens infectés par le nouveau coronavirus, les premières victimes européennes du Covid-19, au moins onze villes ont pris des mesures drastiques. Bars, écoles, églises, stades, magasins, mairies… Les fermetures et mesures de semi-confinement ont été décidées par le ministère de la Santé après qu’un premier foyer autochtone a été identifié à Codogno, près de Lodi, avec la contamination d’une quinzaine de personnes. 

“C’est incroyable: maintenant la (situation de la) Chine que nous voyions à la télévision, c’est chez nous”, a confié à l’agence Agi le propriétaire d’une boulangerie de Codogno. Dans cette zone située à environ 60 km au sud-est de Milan, plus de 50.000 personnes sont priées de rester chez elles et d’éviter les lieux fermés. Le photographe de l’AFP a vu des rues désertes à Codogno, localité de 15.000 habitants. Personne non plus aux urgences de l’hôpital local à part des infirmières masquées au changement de rotations.

Ces décès sont annoncés sur fond de multiplication des foyers de la maladie, avec un premier cas confirmé au Liban et en Israël, trois morts supplémentaires en Iran (cinq au total), un doublement du nombre des personnes atteintes en Corée du Sud et quelque 500 prisonniers contaminés en Chine.

De nouveaux “modèles de transmission”

À Genève, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tiré la sonnette d’alarme vendredi: “Au moment où nous parlons, nous sommes encore dans une phase où il est possible de contenir l’épidémie”. Mais la “fenêtre de tir se rétrécit”, a-t-il averti, déplorant le manque de soutien financier international.

L’OMS est particulièrement préoccupée par l’apparition de cas en dehors de Chine “sans lien épidémiologique clair, tels que les antécédents de voyage et les contacts avec un cas confirmé”.

“Nous voyons que la situation évolue”, a souligné le Dr Sylvie Briand, la directrice du département de préparation mondiale aux risques infectieux à l’OMS: “Non seulement le nombre des cas augmente mais nous voyons aussi différents modèles de transmission dans différents endroits”. L’OMS refuse pour l’instant de parler de pandémie, mais considère qu’il y a “des épidémies différentes, montrant des phases différentes”, a-t-elle expliqué.

L’agence spécialisée de l’ONU a à cet égard annoncé la nomination de six envoyés spéciaux, parmi lesquels David Nabarro, l’ancien coordonnateur de l’ONU pour Ebola au moment de l’épidémie qui toucha l’Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016.

Le nombre de nouveaux cas quotidiens repart à la hausse

Soulignant une fois de plus les mesures “sérieuses” prises par la Chine pour contenir l’épidémie dans la province du Hubei et notamment dans la ville de Wuhan, où est apparu en décembre le nouveau coronavirus, le patron de l’OMS a appelé les “autres pays” à être également “très, très sérieux”.

L’épidémie a déjà fait plus de 2200 morts et a contaminé plus de 75.000 personnes en Chine et plus de 1100 ailleurs dans le monde. Si le nombre des nouveaux cas quotidiens en Chine a baissé pendant quatre jours consécutifs, il est reparti à la hausse (au moins 889, contre 673 la veille), a annoncé vendredi le ministère de la Santé. Plus de 50 millions d’habitants du Hubei sont pourtant placés en quarantaine.

Par ailleurs, si plusieurs États ont interdit l’entrée des voyageurs en provenance de Chine et de nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers ce pays, cela n’a pas empêché l’émergence de nouveaux cas ailleurs dans le monde.

En Corée du Sud, leur nombre a presque doublé vendredi, pour le deuxième jour d’affilée, portant le total à plus de 200, dont quelque 120 membres de “l’Église Shincheonji de Jésus”, une secte chrétienne, dans la ville de Daegu (Sud-est).

Au Japon, la polémique enflait vendredi autour du bateau de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine dans la banlieue de Tokyo à Yokohama et qui reste le plus important foyer de contagion hors de Chine. Deux ex-passagers australiens, initialement testés négatifs à leur descente du navire, ont été déclarés porteurs du virus à leur retour dans leur pays. De quoi alimenter les interrogations sur les procédures des autorités sanitaires japonaises, qui ont permis cette semaine à des centaines de passagers prétendument non infectés de débarquer.

Le pic de l’épidémie “pas encore atteint”

Les participants à une réunion du Parti communiste chinois (PCC), présidée par le chef de l’État Xi Jinping, ont souligné que le “pic (de l’épidémie) n’était pas encore atteint” et que la situation restait “complexe” dans le Hubei. À Pékin, où la situation semblait jusque-là sous contrôle, les autorités ont par ailleurs fait état vendredi de 36 personnes testées positives à l’hôpital Fuxing. 

Mais surtout, de nombreuses prisons sont touchées: 200 détenus et sept gardiens ont contracté le virus à Jining dans la province du Shandong (est) et 34 cas ont été signalés dans un établissement du Zhejiang (est). Dans le Hubei, des contaminations massives ont été enregistrées dans une prison pour femmes (230 cas) et un centre pénitentiaire (41 cas).

Si les Chinois reprennent progressivement le chemin du travail, leur pays tourne encore largement au ralenti, la plupart des commerces, restaurants et écoles restant fermés.

Nouvelle encourageante toutefois: même si l’OMS n’espère pas de vaccin opérationnel d’ici à au moins un an, la Chine a annoncé que ses chercheurs pourraient réaliser fin avril de premiers essais sur l’homme.

À voir également sur Le HuffPostCoronavirus: un village ukrainien se révolte pour ne pas accueillir des personnes évacuées de Chine

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading