Le Club de Rome, un groupe d’experts pour aider l’humanité à affronter les situations d’urgence

Plus de 1 960 scientifiques, économistes, fonctionnaires internationaux et industriels de nombreux pays collaborent au Club de Rome pour identifier des solutions holistiques à des problèmes mondiaux.

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Connu pour son célèbre rapport Meadows, une étude publiée en 1972 qui fut la première à alerter le monde des dangers de la croissance économique et démographique pour l’environnement, le Club de Rome accélère pour faire face aux pires scénarios prédits cinq décennies auparavant. « Ce qui a changé depuis ce rapport est la notion de temporalité : nous devons désormais à la fois construire l’avion et voler, donc à la fois répondre au court terme tout en mettant en place une vision d’avenir, en conciliant créativité et stratégie, surtout avec un populisme croissant qui crée la peur et le repli sur soi », décrit Sandrine Dixson-Declève, co-présidente du Club de Rome avec Mamphela Ramphele, qui a notamment lutté contre l’Apartheid aux côtés de Steve Biko.

Al Gore, John Kerry, le prince de Galles, les Nations unies…

Sandrine Dixson-Declève a ouvert les yeux sur les problématiques environnementales dès son enfance en Californie, confrontée notamment à de graves sécheresses. Après des études en relations internationales, elle a passé une maîtrise en sciences de l’environnement, convaincue que les changements nécessaires devaient être entrepris à l’échelle internationale. Son parcours professionnel lui a fait aussi collaborer avec Al Gore, John Kerry, le prince de Galles, les Nations unies, mais aussi des acteurs industriels « pour comprendre leur dynamique et les faire évoluer de l’intérieur ». C’est d’ailleurs au cours de son travail sur les mesures environnementales du site nucléaire belge, Tihange, qu’elle fait une fausse couche qu’elle attribue à la pollution des sols de cette installation dont peu se souciaient à l’époque.

Plus de diversité et d’actions concrètes

En 2018, elle devient donc la première femme à la tête du Club de Rome depuis 50 ans, la plus jeune et la première belge. Ce groupe de réflexion réunit depuis 1 968 scientifiques, économistes, fonctionnaires internationaux, industriels de nombreux pays pour identifier des solutions holistiques à des problèmes mondiaux, mais aussi promouvoir des initiatives pour permettre à l’humanité de sortir des situations d’urgence planétaire. Avec les nominations de Sandrine Dixson-Declève et Mamphela Ramphele, il connaît des évolutions avec l’ouverture des membres à plus de diversité, de sexe, d’âge, d’origine, mais aussi et surtout par la traduction de tout le savoir collecté et produit en actions concrètes, profondes et durables. 

Cinq nouveaux hubs au sein du Club de Rome

Cinq hubs sont alors créés pour cela :

  • l’urgence pour la planète, que ce soit au niveau du changement climatique, de la disparition de la biodiversité et de leur impact humain, et ainsi influencer positivement les négociations internationales mais aussi stimuler des changements d’attitude au niveau de la consommation ;
  • recadrer l’économie que Sandrine Dixson-Declève veut transformer en « une économie régénératrice et de bien-être pour tous qui valorise le capital naturel et social dans ses comptes avec des indicateurs adaptés ». Le Club de Rome collabore pour cela avec Kate Raworth, autrice de la fameuse Théorie du Donut, ou encore Tim Jackson, chantre de la prospérité sans croissance ;
  • repenser la finance ;
  • faire émerger une nouvelle civilisation grâce à la révolution humaine ;
  • donner le leadership à la jeunesse et favoriser les dialogues intergénérationnels pour façonner l’avenir.

Un guide de survie pour l’humanité

De leur travail est né un ouvrage paru en 2022, Earth for All – A Survival Guide for Humanity, traduit en français en septembre 2023. Il remet à neuf dans le contexte du monde actuel le célèbre rapport Meadows. Conçu avec un groupe de scientifiques et d’économistes de premier plan, il présente deux scénarios alternatifs – Trop peu, trop tard ou Le bond de géant – et cinq étapes de changement de système qui peuvent mettre fin à la pauvreté et aux inégalités, élever les personnes marginalisées et transformer nos systèmes alimentaires et énergétiques d’ici à 2050. Selon Sandrine Dixson-Declève, « il faut agir maintenant et lutter contre l’obscurantisme croissant des populistes, qui militent pour un retour en arrière, comme ils l’ont fait par exemple en bloquant les lois européennes sur la protection de la biodiversité et contre les pesticides ».

La force de l’approche transformative

Pour cela, l’organisation ne ménage pas ses efforts parce qu’en plus de répondre aux sollicitations de pays comme Singapour, l’Ukraine ou des îles du Pacifique, elle organise des assemblées citoyennes, produit des documentaires bientôt disponibles sur Netflix et Arte, mais aussi des conférences dans le monde entier pour détailler les possibilités de changement. « L’originalité et la force du Club de Rome résident dans ses approches transdisciplinaires, transfrontalières, transgénérationnelles, transorganisationnelles, en un mot : transformatives », résume Sandrine Dixson-Declève.

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