Le Cigref dénonce certains éditeurs et leurs hausses de prix abusives

Le Cigref dénonce certains éditeurs et leurs hausses de prix abusives

L’inflation atteint des records en France, à plus de 7 %. Et la hausse du coût de l’énergie tire encore les prix, notamment ceux des offres mobiles et internet. Du côté des logiciels B to B, les effets de l’inflation sont là aussi tangibles. Trop même peut-être pour le Cigref, qui s’interroge sur la légitimité de certaines augmentations.

Pour son président, Jean-Claude Laroche (ex-DSI d’Enedis et désormais directeur de mission auprès de sa présidence), l’inflation a visiblement bon dos. En effet, témoigne-t-il, les hausses décrétées par des fournisseurs, principalement des éditeurs, dépassent nettement la trajectoire moyenne des prix.

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Des éditeurs SaaS américains épinglés

« Il n’y a pas de raison pour que les hausses, à activité équivalente, soient très supérieures à 5 % », déclare le dirigeant du Cigref sur BFM Business. Cette analyse est aussi portée par son délégué général, Henri d’Agrain. En 2022, l’Insee évaluait l’inflation à 5,2 % en France. Le numérique devrait a priori s’aligner.

« Or, ce n’est pas ce qu’on constate », regrette Jean-Claude Laroche. Le mouvement n’est cependant pas général. En cause, « certains acteurs, notamment les éditeurs de logiciel, et notamment ceux qui sont en SaaS », poursuit-il.

Sans les citer nommément, le président du Cigref précise qu’il s’agit de fournisseurs SaaS disposant d’une grande base installée, et dont les clients sont « très dépendants ». Autre détail qui permet de cerner un peu mieux encore l’identité de ces acteurs : « leurs centres de décision se situent outre-Atlantique ».

« Ils profitent de cette situation pour rentrer dans des négociations, pour des renouvellements de marché par exemple, avec des hausses qui sont de + 100 %, + 150 %, dans leur première proposition commerciale », rapporte le représentant des DSI de grandes entreprises.

Des comportements proches de l’abus de position dominante

Les négociations permettent certes des remises sur ces tarifs annoncés, mais qui aboutissent néanmoins à des augmentations de 20 à 25 % parmi les membres du Cigref. « Cette situation n’est pas normale », s’indigne Jean-Claude Laroche.

Vendor lock-in et dépendance technologique limitent les marges de négociation des entreprises, souligne-t-il. S’extraire d’une suite logicielle peut se traduire par des millions d’euros d’investissement.

« Cette forme de dépendance, si elle se traduit par ce type de comportement de la part de ces acteurs, nous considérons alors qu’il relève de l’abus de position dominante. C’est juridiquement qualifiable », prévient le président du Cigref.

Et celui-ci de désigner en particulier Microsoft. Son nom n’est pas cité, mais aucun autre fournisseur de solution bureautique ne dispose d’une part de marché comparable. L’éditeur a décrété, y compris pour les contrats déjà signés, une hausse de 11 % à partir d’avril. Motif invoqué : le taux de change euro-dollar.

Dénoncer, avant de passer à l’action

« De notre point de vue, ces positions sont inadmissibles », clame Jean-Claude Laroche. Les déclarations du Cigref constituent-elles un coup de semonce avant des actions plus coercitives ?

« Dénoncer haut et fort » est une première étape. Avec ses homologues allemands, belges et hollandais, le Cigref se dit prêt à porter un dossier d’abus de position dominante « auprès des autorités qui doivent faire respecter une concurrence loyale ».

Et le Cigref a déjà démontré par le passé qu’il n’hésitait pas à mettre ses menaces à exécution. Au cours de l’été 2021, il déposait plusieurs saisines auprès de l’Autorité de la concurrence, dont une à l’encontre de SAP.

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