Le bilan s’alourdit à plus de 15 000 morts en France, « la pandémie est toujours très active » – Le Monde

Les commerces fermés à Lourdes, le 9 avril.

Les commerces fermés à Lourdes, le 9 avril. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Alors que le bilan dépasse désormais 15 000 morts en France, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a mis en garde quant au fait que « la pandémie est toujours active ». « Depuis quelques jours, nous observons un plateau, un ralentissement du nombre d’admissions et même légère diminution du nombre de patients en réanimation. Grâce au confinement, nous avons limité la diffusion du virus », a-t-il souligné.

Lundi soir, Emmanuel Macron a annoncé la prolongation du confinement jusqu’au 11 mai et évoqué un déconfinement progressif après cette date, avec notamment la réouverture des écoles et la reprise de certaines activités économiques.

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  • 541 personnes sont mortes à l’hôpital ces dernières vingt-quatre heures

Entre lundi et mardi, 541 morts supplémentaires ont été comptabilisés en milieu hospitalier (contre + 335 en vingt-quatre heures lundi), portant au total le bilan à 10 129 personnes mortes dans les hôpitaux depuis le 1er mars, selon un nouveau bilan officiel donné mardi soir par M. Salomon.

Le bilan concernant les Ehpad et les établissements médico-sociaux s’élève aujourd’hui à 5 600 morts. Le bilan total est aujourd’hui estimé à 15 729 personnes mortes du Covid-19 et 103 573 personnes ont été testées positives. Toutefois, en tenant compte des sorties, le nombre de patients en réanimation est en légère diminution, confirmant les chiffres des jours précédents.

Alors que le chef de l’Etat a prévenu que les personnes âgées et celles présentant des facteurs de risques devraient rester confinées après le 11 mai, M. Salomon a déclaré que cela devrait se faire dans le cadre d’une « démarche de confiance entre la personne et son médecin traitant ». Sans entrer dans le détail de l’âge, il a expliqué que cela concernerait avant tout de personnes « qui ont des facteurs de risques multiples, parfois liés à l’âge, et qui sont considérées comme fragiles ».

  • Edouard Philippe promet un « plan complet largement avant le 11 mai »

« Le président de la République a demandé au gouvernement de préparer un plan complet de sortie, un plan d’ensemble, j’aurai l’occasion de le présenter quand il sera prêt, largement avant la date du 11 mai, a déclaré le premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement. Mais il doit être travaillé en consultation avec beaucoup d’acteurs pour être véritablement à la hauteur des enjeux. »

Le chef du gouvernement a assuré que « vers le 11 mai, nous aurons su diminuer le nombre de malades en réanimation, nous aurons su permettre à l’hôpital de reprendre une forme de capacités face au stress inouï, face à l’intensité de la première vague à laquelle il a dû faire face ».

  • Réouverture des écoles : un choix « social » déjà critiqué

Inspirée par la volonté de lutter contre le creusement des inégalités dû au confinement, la décision de rouvrir progressivement les écoles à partir du 11 mai est néanmoins critiquée.

Invité au journal de France 2 mardi soir, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a insisté sur le fait que ces mois de mai et juin « ne seront pas des mois normaux ». « Les élèves peut-être ne rentreront pas exactement au même moment selon leur niveau, selon leur âge », a-t-il déclaré, rappelant que M. Macron avait évoqué lundi les « crèches, écoles puis collèges et lycées », et précisant que des considérations de différents types, notamment sociale et territoriale, pourraient être prises en compte.

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« Je pense particulièrement aux lycéens professionnels qui sont les plus décrocheurs aujourd’hui. » Les parents auront-ils le droit de choisir d’envoyer ou non leurs enfants à l’école ? « Ça se discute, nous verrons cela au cours des deux prochaines semaines », a répondu le ministre.

Au cours des dernières semaines, il avait en effet évoqué la crainte que la fermeture des écoles depuis le 16 mars creuse les inégalités scolaires et accentue le décrochage de certains jeunes. Pour préparer la reprise, M. Blanquer a annoncé des consultations de deux semaines avec les organisations syndicales, lycéennes, ou les fédérations de parents d’élèves.

Edouard Philippe a dans la journée estimé que cette reprise pouvait se traduire « par une forme adaptée », dans un fonctionnement « différent » de la normale, et en prévenant qu’il ne voulait « sur ce point rien annoncer de définitif ». « Il y a un impératif [de retour à l’école] qui est réel, il ne peut pas se faire au prix de la santé, bien entendu ».

  • Le tourisme prépare malgré tout l’été

Bien qu’encore exclu du déconfinement, le secteur du tourisme, bénéficiaire d’un plan de soutien car durement frappé par la crise sanitaire, se prépare à une reprise d’activité cet été qui nécessitera une adaptation, notamment au plan sanitaire.

« Il est compliqué à ce stade de donner un horizon matérialisé par une date précise » ou « d’apporter des réponses précises et arbitrées » sur la reprise d’activité du secteur touristique, a déclaré mardi à la presse le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne.

  • « Chaque jour de confinement aggrave les finances publiques »

Du côté du ministère de l’économie, Bruno Le Maire a annoncé prévoir un recul de 8 % du produit intérieur brut français en 2020. « Nous aurons une prévision de croissance qui sera fixée à – 8 % pour le projet de loi finance rectificative », qui sera présenté mercredi en conseil des ministres, a-t-il déclaré.

Le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, a, lui, fait savoir qu’en conséquence le déficit public se creuserait plus que prévu, à environ 9 % du PIB tandis que la dette augmenterait à 115 % du PIB.

Il y a moins d’une semaine, les deux ministres dévoilaient déjà des prévisions historiquement mauvaises pour l’économie française cette année. Ils prévoyaient une contraction du PIB de 6 %, un déficit public de 7,6 % et une dette de 112 %.

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  • Plan d’urgence renforcé

A Paris, le 11 avril.

A Paris, le 11 avril. JOEL SAGET / AFP

Ces mauvaises prévisions avaient déjà poussé le gouvernement à doubler son plan d’urgence, à 100 milliards d’euros, pour soutenir les entreprises et les salariés. Ce plan est désormais encore relevé, avec notamment une augmentation du budget consacré au chômage partiel, estimé à 24 milliards d’euros contre 20 milliards précédemment.

Le fonds de solidarité destiné aux très petites entreprises et aux indépendants est, lui, doté d’un milliard d’euros supplémentaire, soit 7 milliards au total.

Au-delà du maintien des 1 500 euros pour les entreprises ayant une chute de plus de 50 % de leur chiffre d’affaires, le « deuxième étage » du dispositif « va être porté de 2 000 à 5 000 euros » pour les entreprises menacées de faillite, a déclaré Bruno Le Maire.

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  • Le 11 mai, « une date à conquérir »

L’horizon du 11 mai pour entamer un déconfinement progressif est une date à « conquérir », a de son côté déclaré le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, sur France Inter rappelant aux Français la « discipline » qui doit prévaloir dans le respect du confinement.

« Le 11 mai est une date d’objectif. Ce qu’a annoncé le président de la République hier, ce n’est pas le déconfinement le 11 mai, c’est le confinement jusqu’au 11 mai. »

Depuis leur mise en place à la mi-mars, 11,8 millions de contrôles ont été réalisés par les forces de l’ordre et 704 000 infractions ont été constatées, partout en France a fait savoir M. Castaner qui a précisé que « peu » d’abus générés par ces contrôles lui avaient été signalés.

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  • 150 000 tests par semaine actuellement

Le ministre de la santé, Olivier Véran, s’est dit confiant mardi matin concernant « la multiplication des points de dépistage » à partir du 11 mai pour les personnes présentant les symptômes. Le ministre a souhaité « qu’on innove, qu’on mobilise toutes les bonnes volontés, toutes les forces vives de la nation », qu’il y ait des tests « dans les hôpitaux, les laboratoires — quel que ce soit leur statut », y compris ceux consacrés « à la recherche ». Il a aussi dit vouloir « s’appuyer sur les collectivités », « mettre en place des équipes mobiles, des “drive tests”, procéder à partir des pharmacies, d’officines volontaires ».

« On fait à peu près aujourd’hui 150 000 tests et au-delà par semaine, nous sommes en train d’aller vers les 200 000 tests par semaine », avec « l’objectif d’être capable de tester » actuellement « dans les Ehpad les publics les plus fragiles, les malades hospitalisés, les soignants », a-t-il détaillé.

Quant à l’isolement des personnes testées positives, M. Véran a déclaré que « toutes les possibilités [étaie]nt à l’étude », notamment une éventuelle réquisition d’hôtels.

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Un hôtel fermé à La Baule, le 10 avril.

Un hôtel fermé à La Baule, le 10 avril. STÉPHANE MAHÉ / REUTERS
  • 36,7 millions de téléspectateurs ont regardé Macron, un record absolu

L’allocution du président a été suivie lundi soir par 36,7 millions de téléspectateurs sur les onze chaînes qui la diffusaient, selon des données de Médiamétrie publiées mardi matin. Le 16 mars, 35,4 millions de spectateurs avaient regardé la précédente allocution. Il a rassemblé la quasi-totalité (94,4 %) des Français qui regardaient la télévision entre 20 h 2 et 20 h 30.

Avant le début de l’épidémie due au coronavirus, le précédent record d’audience pour une déclaration officielle remontait à la fin de 2018 (23 millions de téléspectateurs pour une allocution du président en pleine crise des « gilets jaunes »).

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Le Monde avec AFP

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