
L’auteur de l’attentat du Thalys condamné à la réclusion criminelle à perpétuité – Le Monde

Au terme de cinq semaines d’audience, la cour d’assises spéciale de Paris a rendu son verdict, jeudi 17 décembre, dans le procès de l’attentat du Thalys qui avait fait deux blessés, le 21 août 2015. Le djihadiste marocain Ayoub El-Khazzani, le tireur du train, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour « tentatives d’assassinats terroristes », conformément aux réquisitions du ministère public. Sa peine a été assortie d’une période de sûreté de 22 ans.
Bilal Chatra, l’éclaireur algérien qui avait permis au terroriste et à son donneur d’ordre, Abdelhamid Abaaoud, de rentrer de Syrie en leur ouvrant la route des Balkans, a été condamné à 27 ans de réclusion, pour complicité de ce crime. Le parquet avait requis 30 ans. Un autre passeur, le migrant marocain Rédouane El Amrani Ezzerifi, a été condamné à 7 ans d’emprisonnement pour « association de malfaiteur terroriste criminelle », pour avoir aidé Abaaoud à s’infiltrer en Europe. Le parquet avait demandé 8 ans.
L’un des enjeux les plus sensibles de ce procès, pour la défense comme pour l’accusation, concernait le belge Mohamed Bakkali, le chauffeur accusé d’avoir convoyé El-Khazzani et Abaaoud jusqu’à Bruxelles dans l’ultime partie de leur périple sur la route des Balkans. Il a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle, conformément aux réquisitions, également pour complicité. Il est le seul accusé dont la défense avait demandé l’acquittement : sa condamnation aura une incidence sur sa ligne de défense lors du procès des attentats du 13 novembre 2015, où il sera également jugé pour un rôle similaire de logisticien.
Les débats n’auront pas permis de faire toute la lumière sur le projet terroriste du Thalys, qui annonçait les attentats multisites du 13 novembre 2015, coordonnés par le donneur d’ordre d’El-Khazzani, Abdelhamid Abaaoud. Mais ils auront eu le mérite d’introduire de passionnantes nuances de gris dans la composition de cette « cellule terroriste », en reflétant la singularité des profils, des motivations, de l’engagement religieux et même idéologique des membres qui la composent.
Ces quatre accusés ne se connaissaient pas avant de croiser la route d’Abdelhamid Abaaoud, tué le 18 novembre 2015 lors d’un assaut de police à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) – le « grand absent » de ce procès, selon les mots de l’avocat général, le « lien » entre commanditaires, opérationnels et logisticiens. Son ombre a plané sur les débats, comme elle planera sur ceux des attentats de Paris. Au fil des audiences, la personnalité de ce recruteur-coordinateur a affleuré dans les mots des accusés : « manipulateur », « menteur », sachant exploiter la faiblesse des uns et la colère des autres pour parvenir à ses fins.
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