L’auteur de la tuerie de la Préfecture de police de Paris adhérait à une « vision radicale de l’islam » – Le Monde

Le procureur antiterroriste a fait état, lors d’une conférence de presse, samedi, d’« un contexte de radicalisation latente » et de « messages à caractère religieux envoyés à sa compagne » le jour des faits.

Publié aujourd’hui à 16h49, mis à jour à 18h24

Temps de Lecture 2 min.

Jean-François Ricard, procureur antiterroriste, samedi 5 octobre.

L’auteur de l’attaque qui a tué jeudi 3 octobre quatre fonctionnaires de la Préfecture de police de Paris « aurait adhéré à une vision radicale de l’islam » et était en contact avec des individus de la « mouvance islamiste salafiste », a fait savoir samedi 5 octobre Jean-François Ricard, procureur antiterroriste.

Alors que la piste de la radicalisation n’était pas privilégiée les heures suivant l’attaque, le Parquet national antiterroriste (PNAT) s’est finalement saisi de l’enquête ouverte sous les qualifications d’« assassinat et tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste », ainsi que pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».

Lors de cette conférence de presse, le procureur national antiterroriste a notamment précisé les raisons justifiant l’ouverture d’une enquête par la section antiterroriste, évoquant notamment la « volonté de mourir » de l’assaillant, « un contexte de radicalisation latente », et « les messages à caractère religieux envoyés à sa compagne » le jour de son passage à l’acte.

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« Médite le Coran »

Cet homme au casier judiciaire vierge avait fait l’objet d’une procédure pour violences conjugales en 2009, a précisé M. Ricard, qui a décrit dans le détail le parcours mortifère du tueur, évoquant une scène « d’une extrême violence ». L’assaillant avait acheté le matin même de l’attaque deux couteaux, un « couteau de cuisine métallique » de 33 centimètres, et « un couteau à huîtres », qu’il a dissimulés sur lui.

C’est à l’aide de ces couteaux qu’il a attaqué, entre 12 h 53 et 13 heures, plusieurs de ses collègues, avant d’être abattu par un policier stagiaire dans la cour de la préfecture. L’étude de la téléphonie de son épouse, dont la garde à vue, débutée jeudi, a de nouveau été prolongée samedi pour 48 heures, a révélé que le couple avait « échangé 33 SMS, le matin des faits entre 11 h 21 et 11 h 50 ».

« Au cours de cette conversation, l’auteur des faits a tenu des propos à connotation exclusivement religieuse qui se sont terminés par ces deux expressions :Allah akbarpuissuis notre prophète bien aimé, Muhammad, et médite le Coran », a relaté le procureur. Il aurait, selon les témoignages dans son entourage, tenu « des propos similaires dans la nuit », a-t-il aussi fait savoir

De façon plus générale, l’étude de la téléphonie a mis les enquêteurs sur la piste de la préparation d’un acte violent par cet homme employé dans un service qui avait notamment pour mission le recueil d’information sur la radicalisation djihadiste. Le procureur évoque par ailleurs « des contacts entre l’auteur des faits et certains individus de la mouvance salafiste ».

« Changement d’habitude » 

Converti à l’islam depuis une dizaine d’années, Mickaël Harpon, un informaticien de 45 ans qui travaillait depuis 2003 à la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), avait adopté au fil des ans « une vision radicale de l’islam radicale ».

Les premières investigations ont ainsi relevé son « approbation de certaines exactions commises au nom de cette religion », « son souhait de ne plus avoir certains contacts avec des femmes », « sa justification » des attentats de Charlie Hebdo en 2015, « son changement d’habitude vestimentaire depuis quelques mois », a déclaré le procureur antiterroriste. Mickaël Harpon abandonnait en effet « toute tenue occidentale au profit d’une tenue traditionnelle pour se rendre à la mosquée », a-t-il expliqué.

Le procureur rapporte que les perquisitions n’ont, pour l’heure, pas permis « la découverte d’éléments particuliers ». Jean-François Ricard précise que l’analyse des ordinateurs prendra du temps en raison des précautions particulières à prendre au regard du profil de l’auteur de la tuerie.

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