L’assurance-chômage en route vers un déficit abyssal – Les Échos

Inédite par sa soudaineté, sa forme et son ampleur, la crise économique va ravager les finances 2020 de l’assurance-chômage, comme elle va le faire sur ceux de la Sécurité sociale . L’Unédic, l’association paritaire qui gère le régime d’indemnisation des demandeurs d’emploi a fait les comptes. Dans son communiqué, publié ce jeudi, il ressort que le déficit est attendu à hauteur de 27,5 milliards en fin d’année alors que les prévisions d’avant épidémie tablaient sur un quasi-retour à l’équilibre. A plus de 63 milliards, l’endettement atteindra un niveau stratosphérique, très loin des 35 milliards attendus.

Pour parvenir à ces chiffres et faute de mieux, l’Unédic a dû se résoudre à faire simple en retenant un scénario unique basé sur deux paramètres – chute du PIB et destruction d’emploi – soumis à de très nombreux aléas. Quel sera le niveau de recours à l’activité partielle ? Le niveau de défaillances d’entreprises ? Les effets du plan de relance ? Quid du recouvrement des cotisations employeurs ? Les ménages vont-ils consommer ou pas ? « Les questions sont si nombreuses et les équilibres économiques tant modifiés qu’ils empêchent à court terme l’utilisation des modèles de prévision classiques », explique le régime.

Déficit historique

Résultat, avec une baisse de 11,2 % du PIB cette année et 900.000 emplois détruits, le nombre de chômeurs indemnisés ferait un bond de 630.000 pour atteindre 3,4 millions. Ce qui porterait le taux de chômage à 11 % de la population active. Un chiffre là encore à prendre avec des pincettes car il est difficile d’anticiper les comportements des actifs. Les jeunes, par exemple, pourraient poursuivre leurs études pour attendre un retour à meilleure fortune du marché du travail.

Pour autant, la hausse des allocations induites auxquelles s’ajoutent le poids énorme des dépenses d’activité partielle (l’Unédic finance un tiers du dispositif) et un certain nombre d’autres mesures de soutien, pour les intermittents notamment, auront un effet inflationniste sur les dépenses du régime : le scénario les chiffre à 59 milliards, soit 43 % de plus qu’en 2019.

Masse salariale en baisse, reports de cotisations… La crise jouera aussi mécaniquement sur les recettes qui devraient accuser une baisse de 16 %, à 33 milliards. Résultat, un trou de trésorerie jamais vu de toute l’histoire du régime, avec une marge d’erreur de 2 milliards, qui l’a obligé à emprunter en grand. Petite consolation, les charges d’intérêts restent très faibles, à peine 300 millions en 2020.

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