L’adieu en larmes du petit Louis, dont le père a obtenu le retour au Japon – Le Parisien

En l’espace de quelques secondes la joyeuse et enfantine insouciance de Louis Kudo, 4 ans, s’est comme évaporée lorsque son père est apparu dans le salon familial de Salles-d’Aude (Aude). Il est 13h30 ce jeudi, lendemain de Noël, et le petit comprend que ce qu’il redoutait, quitter son village, était en train de se produire. Alors il a explosé en sanglots et il a couru à l’autre bout du salon pour se réfugier dans les jambes de son grand-père pour échapper à la fatalité judiciaire. « Je ne veux pas y aller, je ne veux pas. Pourquoi? » a-t-il crié, imploré, tétanisé par le chagrin.

Cette scène, déchirante, immortalisée par les caméras, a duré plus de dix minutes interminables, durant lesquelles le petit est passé des bras de sa mère bouleversée à ceux apaisants de sa grand-mère Viviane avant qu’enfin il daigne se rapprocher de ce père immobile et mutique qui tentait de l’apprivoiser. Pendant cette « tragédie familiale » les deux parents n’ont pas échangé un seul mot. « Bientôt tu reviendras et on te retrouvera sur Skype », lui a promis la grand-mère devant les trois gendarmes réquisitionnés pour faire appliquer la décision de justice et qui se sont tenus en arrière pour que la procédure laisse place à la dimension humaine du dénouement.

« Mon fils n’est pas un colis »

Le père, Sushei Kudo, a ensuite emmené son fils vers sa nouvelle vie japonaise. « Je me demande comment le père va pouvoir ensuite gérer au quotidien la situation, lui qui ne s’est jamais occupé de son fils pendant les deux premières années. Comment il va pouvoir gérer son coucher alors qu’ici, à la maison tout est ritualisé. Il a droit chaque soir à trois histoires différentes. Là-bas, au Japon, à l’exception de son père, personne ne parle français dans son futur entourage », ajoute Viviane Verhoeven, la grand-mère.

Deux heures trente avant le moment crucial du « transfert » de l’enfant sur ordre écrit du parquet de Montpellier, Sushei Kudo et son avocate, Me Brigitte Basile-Jouveau avaient tenté de se faire remettre l’enfant sans l’intervention des forces de l’ordre. Mais, Marine, la mère, avait catégoriquement refusé. « Mon fils n’est pas un colis. J’attends un ordre écrit du parquet », a-t-elle répondu.

« La scène que nous venons de vivre est d’une cruauté absolue »

A 13h46, la porte du fourgon de location s’est refermée. C’est dans ces conditions que le petit Louis poursuivra cette existence entre deux mondes. « C’est aujourd’hui, clairement une nouvelle ère qui s’ouvre pour ce petit garçon. Les deux parents vont pouvoir dialoguer, échanger et trouver une entente amiable pour que Louis ait un accès à ses deux parents. En tout cas je l’espère. C’est ce que M. Kudo souhaite pour le bien de son fils même s’il reste pudique et réservé sur tout ça », indique Me Hansu Yalaz, son avocate qui décrit « un enfant apaisé » dans la voiture qui l’emportait vers sa nouvelle vie. « Il parlait avec son père, lui racontait sa vie ici en France. Il débutait je pense une nouvelle relation père-fils », poursuit l’avocate.

Le départ du petit Louis a comme foudroyé les proches de la famille Verhoeven et les membres de l’association Jamais sans Louis, mobilisés depuis des mois. « La scène que nous venons de vivre est d’une cruauté absolue. J’espère que les magistrats, qui d’ailleurs sont des magistrates et des mères de famille, entendront les conséquences des jugements qu’elles ont prononcés au nom du peuple français. Nous sommes fatigués, épuisés par ce combat. Mais dès demain, il reprendra pour que plus jamais une telle chose puisse se produire et qu’on défende enfin les droits des enfants français », a encore ajouté Viviane, la grand-mère. Elle comme tous les autres à Salles-d’Aude attendent maintenant d’avoir des nouvelles du souriant petit garçon de l’école maternelle.

Cinq procès et deux ans de guerre conjugale
Le déchirant épilogue clôt un marathon judiciaire de plus de deux ans, engagé depuis le Japon par le père en octobre 2017 pour réclamer le retour au pays de l’enfant ramené par sa mère en France. Depuis, père et mère se déchirent sur le lieu de résidence de l’enfant en attendant que les autorités japonaises puissent statuer sur la séparation des deux époux qui ne s’entendent plus et sur le droit de garde. Marine, la maman qui réclame le divorce accuse le père de violences conjugales ce qu’il nie.

En deux ans cinq jugements ont été rendus en France. Dont celui de la cour d’appel de Toulouse qui a conclu, en juillet 2019, au retour de l’enfant au Japon pour se conformer à la convention de La Haye. Cette décision a été confirmée en novembre par la Cour de cassation. Et appliquée hier. Problème, la justice japonaise est détestablement réputée pour confier les enfants quasi exclusivement au parent nippon. Et tenir le parent étranger à l’écart, jusqu’à sa majorité, à l’âge de vingt ans.

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