La stratégie nord-coréenne de Donald Trump mise en échec – Le Monde

Le 30 juin 2019, les dirigeants nord-coréen et américain ont esquissé une poignée de main symbolique sur la ligne de démarcation militaire qui divise la péninsule coréenne.

Le 30 juin 2019, les dirigeants nord-coréen et américain ont esquissé une poignée de main symbolique sur la ligne de démarcation militaire qui divise la péninsule coréenne. KCNA VIA KNS / AFP

Six mois après la dernière rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un dans la zone démilitarisée séparant les Corées, en juillet, le ton de défiance adopté mercredi 1er janvier par le dirigeant nord-coréen, qui a annoncé la fin d’un moratoire sur les essais nucléaires et balistiques, acte l’échec de la stratégie du président des Etats-Unis.

« Nous n’avons aucune raison de continuer à être liés unilatéralement par cet engagement », a assuré Kim Jong-un, qui s’exprimait devant les dignitaires de son parti, selon l’agence de presse officielle KCNA. « Le monde va découvrir dans un proche avenir une nouvelle arme stratégique que détient la Corée du Nord », a-t-il ajouté, promettant une action « sidérante pour faire payer [aux Etats-Unis] le prix de la douleur subie par notre peuple », dans une allusion aux sanctions imposées à son pays.

La première réaction américaine, du secrétaire d’Etat Mike Pompeo, a été mesurée. « Nous voulons la paix, pas l’affrontement », a-t-il affirmé, espérant que le dirigeant nord-coréen ne joigne pas le geste à la parole. Le président américain a même affiché de l’optimisme un peu plus tard. « Nous avons bien signé un contrat qui parle de dénucléarisation. C’était la phrase numéro un, cela a été fait à Singapour. Je pense que c’est un homme de parole », a déclaré Donald Trump aux journalistes avant de participer aux festivités du Nouvel An dans sa résidence de vacances en Floride.

Après avoir minimisé des mois durant les essais balistiques du régime de Pyongyang, Donald Trump va devoir pourtant se rendre à l’évidence : il est désormais très peu probable qu’il puisse parvenir au moindre résultat tangible avant le début de la campagne présidentielle de 2020.

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A l’issue de la première rencontre entre les deux hommes, à Singapour, en juin 2018, et en dépit d’un communiqué final extrêmement vague qui avait alarmé les experts, Donald Trump s’était déjà montré très optimiste en affirmant qu’« il n’y a plus de menace nucléaire en Corée du Nord ». L’escalade des premiers mois de sa présidence, marquée par une guérilla verbale et un nouvel arsenal de sanctions internationales contre Pyongyang, avait ouvert une fenêtre pour la négociation, même si Pyongyang conservait intacts dans l’immédiat son arsenal et ses installations, et continuait de produire de la matière fissile.

Pendant les mois qui suivent cette première historique, le président des Etats-Unis s’accroche à la relation particulière nouée selon lui avec son homologue, « une lune de miel » appuyée par de « très belles lettres » écrite par le maître de Pyongyang, affirme-t-il chaque fois qu’il en a le loisir, couvrant d’éloges le dictateur et critiquant les manœuvres régulières de l’armée américaine avec les troupes sud-coréennes.

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