La reconnaissance faciale de nouveau épinglée par la justice britannique

La reconnaissance faciale de nouveau épinglée par la justice britannique

Nouveau coup dur pour la reconnaissance faciale. La justice britannique a en effet jugé illégal l’emploi fait par la police britannique de cette technologie, suite à une plainte déposée par le militant pour les droits civiques Ed Bridges. Ce dernier reprochait à la police du Pays de Galles d’avoir un recours systématique à la reconnaissance faciale depuis 2017, de manière selon lui discriminatoire et contraire au respect de la vie privée.

Après avoir été débouté plusieurs fois, le militant a obtenu gain de cause ce mardi. Si elle n’a pas remis en cause en soi le recours à la technologie, la justice britannique a toutefois estimé que l’utilisation de la reconnaissance faciale au Royaume-Uni n’est pas suffisamment encadrée. Ed Bridges reprochait à la police galloise et à sa technologie de reconnaissance faciale automatique AFR Locate de scanner les visages des passants pour les comparer avec les photos d’une liste de personnes “surveillées”, sans considération pour le respect de la vie privée.

Cette liste de personnes « inclut les personnes recherchées en vertu d’un mandat et les suspects pour des crimes particuliers. Elle peut également inclure les personnes disparues et les personnes vulnérables (par exemple, les personnes atteintes de démence) et peut servir à des fins de renseignement », détaillait la police galloise lors du lancement de sa technologie de reconnaissance faciale.

Cette technologie a notamment été déployée pendant des matchs de football, des visites de la famille royale ou encore durant des concerts, comme ceux de Beyoncé, de Kasabian, d’Ed Sheeran ou encore des Rolling Stones. Les autorités galloises précisaient lors du lancement de cette technologie que celle-ci « permet de comparer des images fixes de suspects inconnus et de personnes dignes d’intérêt avec une base de données de détention d’environ 500 000 personnes, et à obtenir jusqu’à 200 résultats ».

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Une technologie pas assez encadrée

Pour la justice britannique, la technologie laisse pourtant trop de détails « à l’appréciation de chaque officier de police », alors même qu’il n’existe pas d’indications claires sur les endroits où cette technologie peut être utilisée et sur qui peut être mis sur la “liste de surveillance”.

Lors du lancement de cette technologie, les autorités galloises se défendaient pourtant de toute intrusion dans la vie privée des citoyens. « Les visages qui ne correspondent pas à la liste de surveillance ne sont pas mémorisés ou conservés », indiquaient-elles, précisant que « les listes de surveillance sont uniques pour chaque déploiement » et que « les personnes qui ne figurent pas sur une liste de surveillance ne peuvent pas être identifiées ».

Une position que ne partage pas la justice britannique. Celle-ci a finalement jugé, après de nombreux recours intentés par Ed Bridges, que la police galloise n’avait pas tout mis en œuvre pour vérifier que le logiciel ne présentait pas de biais raciste ou sexiste. Les autorités galloises, qui ont indiqué qu’elles ne feraient pas appel de la décision, ont également été épinglées pour ne pas avoir correctement évalué l’impact de cette technologie sur la protection des données.

La France veut aussi s’y mettre

Rappelons que le gouvernement français s’intéresse également de près aux technologies de reconnaissance faciale. Au cours d’une interview donnée en décembre 2019 au Parisien, le secrétaire d’Etat Cédric O avait ainsi laissé entendre qu’un test de vidéosurveillance employant la reconnaissance faciale en temps réel serait envisagé pour l’année 2020, sur une période de six mois à un an. « Cela doit nous permettre d’avoir des retours sur les différents cas d’usage et sur la performance réelle de cette technologie, ainsi que sur les questions qui se posent », expliquait alors ce dernier.

Les autorités françaises envisagent de coupler le lancement de cette technologie avec celui de son outil controversé Alicem (pour “Authentification en ligne certifiée sur mobile”). Destiné au départ à être lancé fin 2019, celui-ci, qui doit fournir un outil de reconnaissance faciale compatible avec France Connect, sera finalement disponible à compter de la rentrée 2020, « sous réserve que les audits en cours ne se prolongent pas ». Pour la carte d’identité numérique, prévue dans le cadre du règlement européen EIDAS, on table toujours sur un déploiement à partir d’août 2021.

Si les autorités assurent que « les données ne feront l’objet d’aucun traitement et ne seront pas transmises à des tiers », et que l’outil laissera à ses utilisateurs un « haut niveau de maîtrise » de leurs données, uniquement enregistrées sur le téléphone portable de l’utilisateur et partagées uniquement avec les services choisis par ce dernier, il suscite pour l’heure autant de méfiance que d’intérêt. Notamment du côté de la CNIL et d’associations comme la Quadrature du Net, qui a déposé en juillet dernier un recours devant le Conseil d’Etat pour demander l’annulation du décret autorisant la création d’Alicem.

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