La mort de Baghdadi, un succès qui ne dissipe pas les interrogations sur la stratégie américaine – Le Monde

La nature de l’opération américaine dans laquelle est mort le chef de l’organisation Etat islamique, menée en coopération sur le terrain avec les Kurdes, souligne justement les risques du retrait des forces spéciales américaines du nord de la Syrie.

Par Publié aujourd’hui à 16h57, mis à jour à 17h07

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Dans un geste presque enfantin, Donald Trump n’avait pu se contenir. « Quelque chose d’énorme vient tout juste de se produire ! », avait-il écrit sur son compte Twitter, samedi 27 octobre au soir. Aussitôt, son service de presse avait promis « une importante annonce » pour le lendemain matin 9 heures à la Maison Blanche, tandis que l’identité de la personne tuée lors d’un raid américain en Syrie et suspectée d’être Abou Bakr Al-Baghdadi, chef et fondateur de l’organisation Etat islamique (EI), était en cours de confirmation par le Pentagone.

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« Il est mort comme un chien, il est mort comme un lâche », a assuré dimanche Donald Trump qui a suivi l’opération en direct par le biais de caméras embarquées par des forces spéciales. Le président des Etats-Unis a raconté dans le détail les derniers instants du chef djihadiste, décrivant un Baghdadi retranché dans un tunnel sans issues avec trois de ses enfants pris en otages, tués dans la détonation de la ceinture explosive qu’il portait.

« Il pleurait, pleurnichait, il n’est pas mort en héros », a poursuivi le président, qui avait auparavant rappelé longuement les horreurs et le niveau de violence inouï pratiqués par la nébuleuse terroriste. Des chiens et un robot, a-t-il précisé, ont été utilisés dans cette dernière phase. L’explosion a provoqué un effondrement partiel du tunnel selon lui.

Donald Trump : « On ne va pas là en frappant la porte, “toc toc toc, puis-je entrer ?” »

Le président des Etats-Unis a indiqué s’être rendu dans la « Situation Room » de la Maison Blanche à 17 heures, samedi, pour assister à l’intégralité de l’opération, qu’il s’est fait un plaisir manifeste de narrer. Donald Trump a ainsi raconté le plastiquage de l’entrée du complexe où Abou Bakr Al-Baghdadi s’était réfugié – « parce qu’on ne va pas là en frappant la porte, “toc toc toc, puis-je entrer ?” ». Le président des Etats-Unis a remercié la Russie, l’Irak, la Syrie, la Turquie et ses alliés kurdes pour l’aide fournie, les deux premiers pour avoir permis sans encombres l’acheminement des forces spéciales américaines par les airs.

Cette annonce est une excellente nouvelle pour le président des Etats-Unis, en peine de succès en dehors des frontières américaines et fragilisé par une mise en accusation par la Chambre des représentants. Donald Trump est en effet accusé d’avoir usé de son pouvoir, en gelant une aide américaine à l’Ukraine, pour obtenir de Kiev des enquêtes visant ses adversaires politiques.

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