La mise en examen de Richard Ferrand complique la rentrée de l’exécutif – Le Monde
Edouard Philippe a apporté son « total soutien » au président de l’Assemblée, poursuivi pour prise illégale d’intérêts. Dans la majorité, à la veille de la réforme délicate des retraites, on s’inquiète de l’image négative renvoyée
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L’été indien s’annonce plus court que prévu. Alors que la rentrée d’Emmanuel Macron se présentait sous les meilleurs auspices, après des vacances apaisées au fort de Brégançon (Var) et surtout après un sommet du G7 réussi à Biarritz, à la fin du mois d’août, la mise en examen de Richard Ferrand vient perturber le lancement de l’acte II du quinquennat, conçu pour répondre à la crise des « gilets jaunes » et relancer un exécutif menacé de paralysie.
Officiellement, toute la Macronie fait front depuis l’annonce de la mise en examen de l’élu breton. « La présomption d’innocence, ça existe dans une démocratie », a ainsi défendu Edouard Philippe, jeudi soir 12 septembre sur TF1, affirmant apporter son « total soutien » à Richard Ferrand. Pas question pour le premier ministre d’appeler à la démission du quatrième personnage de l’Etat. Au contraire, l’éphémère ministre de la cohésion des territoires « peut continuer à assurer la présidence de l’Assemblée nationale dans de bonnes conditions », veut croire le locataire de Matignon.
Même son de cloche du côté de l’Elysée, où on a martelé toute la journée de jeudi que Richard Ferrand avait « naturellement » le soutien d’Emmanuel Macron. Fidèle parmi les fidèles du chef de l’Etat, qu’il fut l’un des premiers à rallier en 2016, l’ancien élu socialiste est il est vrai un rouage essentiel de la Macronie, où son autorité est respectée même si elle fait parfois grincer des dents. Dans l’entourage du président de la République, on se convainc même que sa mise en examen n’aura aucune répercussion sur les réformes à venir. « La réforme des retraites est engagée. Le calendrier judiciaire est certes concomitant mais découplé », affirme un proche.
Ligne de défense fragile
A bien y regarder, la ligne de défense de l’exécutif apparaît pourtant fragile. Toute la journée de jeudi, les macronistes ont appelé à la présomption d’innocence et clamé que mise en examen ne vaut pas condamnation. « La mise en examen est quasi automatique, pour que le justiciable ait accès à l’ensemble des pièces du dossier, déroule Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique et ancien conseiller du chef de l’Etat. L’affaire était sortie trois semaines avant les législatives, et ses électeurs l’ont élu en connaissance de cause. Idem pour les députés, qui l’ont élu à la présidence de l’Assemblée nationale. Je n’ai pas de doutes sur le fait qu’il soit blanchi. »