La « méthode » de Jean Castex plaît aux syndicats (pour le moment) – 20 Minutes

French Prime Minister Jean Castex gives a speech after attending a social dialogue conference with social partners at the Matignon Hotel in Paris, on July 17, 2020. (Photo by Bertrand GUAY / AFP) — AFP
  • Ce vendredi, Jean Castex a réuni les organisations syndicales et patronales représentatives pour déterminer l’agenda des discussions sur les mesures à prendre pour répondre à la crise économique, dont en premier lieu le plan de relance et le plan jeunesse.
  • D’autres grands sujets ont aussi été évoqués. Les discussions sur la réforme des retraites ne commenceront pas cet été. L’application de la réforme de l’assurance chômage est reportée à 2021 dans sa totalité. Un sursis bienvenu pour les syndicats.
  • Par sa volonté de temporiser et de redonner de l’importance aux points de vue des partenaires sociaux, le locataire de Matignon espère déminer ces sujets sensibles qu’il n’entend pas abandonner.

Remettre les compteurs à zéro. A l’occasion d’une nouvelle réunion avec les partenaires sociaux, le Premier ministre Jean Castex a souligné à quel point il souhaitait mettre les formes avec ses interlocuteurs. « Je pense qu’il était extrêmement important […] de montrer au peuple français que le dialogue existe », a lancé d’emblée le nouveau locataire de Matignon. Répétant ensuite qu’il était « heureux » de la qualité du dialogue établi, il a martelé qu’il tiendra « le plus grand compte » des propositions des leaders syndicaux et patronaux.

Si ces phrases peuvent paraître passe-partout, les organisations syndicales en particulier veulent y croire. Depuis le début du quinquennat, elles se sentent en position de faiblesse. Des ordonnances réformant le Code du Travail à l’assurance chômage, en passant par la réforme des retraites, elles peinent à réellement peser dans les dossiers économiques et sociaux.

Moins de satisfaction du côté des patrons

L’arrivée de Jean Castex au gouvernement permettra-t-elle de rétablir la confiance ? Sorties en fin de matinée de la « conférence du dialogue social » après au moins trois heures d’échanges, les organisations syndicales saluent à l’unisson la « méthode Castex », même s’il faudra passer des paroles aux actes. « On a un changement de ton », remarque le secrétaire général de Force ouvrière Yves Veyrier, même si les « désaccords existent ». « On a clairement constaté une volonté de dialogue », appuie le leader de la CFDT Laurent Berger. « Il semble que quelque chose est en train de changer dans la méthode de gouvernement », s’est satisfait le président de la CFE-CGC François Hommeril, lui qui, depuis le début du quinquennat Macron, ne cesse d’étriller le gouvernement dans les médias.

Côté patronal, la satisfaction semblait moins apparente. S’il reconnaît un « état d’esprit plutôt positif », le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a pointé « un agenda très chargé », « peut-être un peu trop ».

Un calendrier très chargé

Et pour cause, ces prochains mois, de nombreux sujets seront traités. En plus du plan de relance qui doit être finalisé d’ici la fin du mois d’août, le gouvernement leur donne le feu vert pour discuter, soit entre eux soit de manière tripartite (avec le gouvernement) de nombreux sujets : emploi des jeunes, santé au travail, télétravail, partage de la valeur ajoutée, situation des travailleurs des plateformes, résorption du travail détaché, création de la branche dépendance, réforme des retraites et de l’assurance chômage. La volonté de parler du travail, au-delà de l’emploi, est un signal positif envoyé aux syndicats.

Dès la semaine prochaine, les concertations commencent par le plan jeunesse, dont les principales mesures ont été annoncées par Emmanuel Macron le 14 juillet. Quant au plan de relance, il sera précisé suite à des concertations prévues d’ici les deux prochaines semaines. Les suites de la convention citoyenne seront également partagées en juillet.

Ouverture sur la réforme de l’assurance chômage

Sur les réformes les plus sensibles, Jean Castex a aussi marqué des points auprès des organisations syndicales. Celle de l’assurance chômage, dont une première partie est entrée en vigueur en novembre 2019, est en effet annulée pour être reportée à janvier 2021, tout comme la seconde partie qui avait été décalée d’avril à septembre 2020.

De quoi caresser l’espoir, côté syndical, de la voir complètement abandonnée ou largement remaniée en leur faveur d’ici le début de l’année prochaine. Dans l’entourage de Jean Castex, on donne en tout cas des signes d’ouverture en ce sens : « Le Premier ministre nous a demandé avec les partenaires sociaux de nous rencontrer, de nous concerter pour voir si on peut modifier ces mesures, puisqu’elles ne sont pas adaptées au contexte, notamment le SJR [salaire journalier de référence], si on peut en revoir toute ou partie des caractéristiques. »

La réforme des retraites repoussée

Sur les retraites, le calendrier est desserré mais la réforme n’est en rien abandonnée. Le Premier ministre a en tout cas souligné sa volonté de distinguer les effets conjoncturels de la crise sur l’équilibre des régimes de retraite des déséquilibres « structurels » qui existaient avant le Covid.

Les concertations sur le financement du système des retraites devraient recommencer une fois que les prévisions du conseil d’orientation des retraites sur les déficits à venir seront connues, c’est-à-dire vers le mois d’octobre. « Il y a une volonté affichée de ne pas mettre la poussière sous le tapis », a souligné le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux. De son côté, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger devine en tout cas une volonté de temporiser pour le moment. « La priorité n’est pas de faire une mesure d’équilibre à court terme », décrypte-t-il.

Les discussions sur la mise en place d’un système universel des retraites, qu’Emmanuel Macron veut maintenir, reprendront elles aussi en parallèle. Histoire de déminer ce sujet sensible, des thèmes tels que l’usure professionnelle, l’emploi des seniors ou les transitions entre l’emploi et les retraites seront à nouveau sur la table, selon l’entourage du Premier ministre. Un programme qui rappelle en bien des points celui d’Edouard Philippe, qui avait mené de telles discussions en février. Sans convaincre :  les syndicats étaient ressortis fâchés de ces échanges, notamment sur la prise en compte de la pénibilité au travail.

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