La manifestation contre le passe sanitaire : c’est peut-être un détail pour vous… – Le Monde

En tête de la manifestation contre le passe sanitaire, à Paris, le 17 juillet 2021, de gauche à droite: Francis Lalanne, Martine Wonner, Fabrice Di Vizio, Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan et Jacline Mouraud.

Dream team

La composition d’équipe vaut le détour. à droite, voici Jacline Mouraud, figure des « gilets jaunes » reconvertie dans l’épidémiologie. Vous reconnaîtrez ensuite Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et président de Debout la France, puis Florian Philippot, chef du micro-parti Les Patriotes. A côté, la petite tête qui dépasse est celle de Fabrice Di Vizio, l’avocat de Didier Raoult. Martine Wonner, députée du Bas-Rhin, ex-LRM, se trouve à sa droite. « Et Francis Lalanne, alors ? ». Pas d’inquiétude, c’est bien sa barbe et son bonnet, ou plutôt son miki, le couvre-chef des marins bretons, qui dépassent à gauche.

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Métaphore féroce

C’est à l’initiative de Florian Philippot que cette brochette de talents s’est réunie samedi pour dénoncer la politique ­sanitaire du gouvernement et les privations de libertés qu’elle engendre, selon les manifestants. L’occasion pour l’­ancien vice-président du Front national d’exhiber fièrement un badge barré du slogan « Je ne suis pas un rhinocéros », référence à la pièce d’Eugène Ionesco dans laquelle une épidémie de rhinocérite frappe la population, apeurant les habitants d’une ville et les métamorphosant bientôt en animaux soumis…
Il fallait y penser.

Orange stylistique

A côté du badge de Florian Philippot, autre coquetterie, autre mise en scène. Dans la poche poitrine de sa veste, celui-ci a en effet planqué une pochette à la couleur de son parti, à moins qu’il ne s’agisse d’une cravate en grenadine de soie hâtivement repliée sur elle-même. Quoi qu’il en soit, cet élément de stylistique nous permet de poser une question importante dans le contexte : peut-on dénoncer la privation des libertés et le totalitarisme de l’Etat quand, dans le même temps, on peut sortir ainsi accoutré en toute impunité et légalité ? Chacun répondra en son âme et conscience.

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Rouge blanc bleu

Nicolas Dupont-Aignan aussi avait sorti les breloques. En l’occurrence, cette écharpe tricolore symbolise précisément son statut de parlementaire. Un détail fait toute la différence. Comme sa collègue Martine Wonner, le député porte en effet son écharpe de telle façon que le rouge soit le plus près de son visage, alors que les maires doivent légalement porter leur écharpe dans le sens inverse, le bleu vers le haut… Dans la vie, cette information n’a aucun ­intérêt. Au Trivial Pursuit, elle peut s’avérer capitale.

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Passage piéton

Surplombant notre ­brochette, un bonhomme rouge semble observer la scène avec consternation, les bras ballants, l’air abattu. Profitons de l’­occasion pour rappeler que c’est en 1962 que les feux piétons tricolores firent leur apparition en France et que ceux-ci, jugés trop coûteux, trop intrusifs, parfaitement inutiles surtout, firent d’abord l’objet de nombreuses ­critiques, avant de s’imposer tranquillement dans le paysage en prouvant leur utilité et en sauvant quelques vies au passage… Tiens, tiens.

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