La macronie secouée par le « séisme politique » de l’affaire Benjamin Griveaux – Le Monde

A l’entrée du meeting de lancement de campagne pour les municipales de Benjamin Griveaux au Théatre Libre, à Paris le 18 juillet 2019.

A l’entrée du meeting de lancement de campagne pour les municipales de Benjamin Griveaux au Théatre Libre, à Paris le 18 juillet 2019. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

De l’avis d’un député marcheur, l’annonce du retrait de Benjamin Griveaux de la course à la Mairie de Paris, vendredi 14 février, a agi comme un « séisme politique » pour la majorité et l’exécutif. Impossible de réserver de la « bande passante », comme on dit en macronie, pour autre chose tant l’événement secoue le pouvoir en place. De par son caractère inédit, d’abord : l’immixtion d’une affaire privée – la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo intime du candidat – dans le débat public aura rarement eu un tel impact politique. De par la personnalité du protagoniste, ensuite : Benjamin Griveaux est depuis bientôt quatre ans l’un des visages les plus connus de l’aventure ayant conduit Emmanuel Macron à l’Elysée.

Impossible, dans ces conditions, de mener une activité politique tout à fait normale. Vendredi matin, le premier ministre, Edouard Philippe, qui présentait une partie des candidats figurant sur sa liste pour les élections municipales au Havre, s’en est même agacé. « La décision prise par Benjamin Griveaux, je la respecte, j’aurai l’occasion de lui exprimer directement ma sympathie et mon soutien. Mais comme il ne vous a pas échappé, et comme peut-être trouvez-vous un peu frustrant, lorsque je suis au Havre, je parle du Havre », a-t-il lancé à la presse. Quelques minutes plus tard, le chef du gouvernement affinait son propos via Twitter : « Je pense à Benjamin Griveaux qui a pris une décision en conscience. Une décision difficile. A présent, il est urgent de laisser l’homme et sa famille en paix ».

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« Décision extrêmement courageuse »

Le même inconfort habitait Sibeth Ndiaye et Marlène Schiappa, en milieu de journée, au ministère de la santé, où les deux femmes avaient rejoint leur collègue secrétaire d’Etat, Laurent Pietraszewski, pour parler des retraites en présence de députés. Lors du point presse organisé à l’issue de la rencontre, c’est la première, porte-parole du gouvernement, qui s’est acquittée de la tâche délicate de poser des mots sur cette « décision extrêmement courageuse » de M. Griveaux. « Une décision qu’il a prise seul, ou tout du moins dans un cercle intime familial », a souligné cette proche de l’ancien porte-parole du gouvernement, tout en dénonçant « une campagne de bassesse » et de « boules puantes ».

Visage fermé, Mme Schiappa s’est, quant à elle, éclipsée sans s’exprimer sur le sujet. Pressentie comme un possible recours, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui figure sur la liste de La République en marche (LRM) dans le 14arrondissement de Paris, a fait savoir qu’elle ne comptait pas remplacer M. Griveaux. « Non », avait-elle répondu, un peu plus tôt, lunettes de soleil sur le nez, face aux caméras qui l’interrogeaient sur une possible candidature comme tête de liste.

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