La justice française s’attaque aux pratiques abusives d’Apple dans son App Store

La justice française s'attaque aux pratiques abusives d'Apple dans son App Store

Une nouvelle plainte a été déposée en France contre Apple pour abus de position dominante dans son App Store. Si l’accusation semble familière, la plainte émane cette fois-ci de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), accompagnée par l’association France Digitale.

L’action en justice intervient après une enquête de trois ans menée par la DGCCRF sur les conditions contractuelles abusives imposées aux développeurs d’applications mobiles dans l’App Store. La date de l’audience est fixée au 17 septembre, selon des informations de l’agence Reuters. L’issue de l’audience sera déterminante dans le contexte des discussions en cours autour du DMA et du DSA.

France Digitale, représentant de l’écosystème des startups, s’est joint à l’affaire. L’association est déjà montée au créneau contre la marque à la pomme sur divers dossiers. Elle a encore récemment exprimé un grief contre Apple auprès de la CNIL, reprochant à la firme américaine de ne pas respecter le RGPD sur l’iOS et de cocher par défaut l’option permettant d’afficher des publicités ciblées à l’utilisateur, sans demander son consentement préalable. France Digitale a aussi rejoint précédemment la Coalition for App Fairness, fondée par Epic et Spotify, qui regroupe les éditeurs d’applications mécontents de la politique d’Apple à l’égard des éditeurs tiers présents sur son App Store.

publicité

L’argument sécurité

Alors que les appels se multiplient dans l’UE pour qu’Apple autorise les magasins d’applications tiers pour son iPhone et son iPad, la position des dirigeants d’Apple reste ferme. Dans le cadre du procès opposant Apple à l’éditeur Epic Games, Tim Cook avait fait valoir que les conséquences seraient “terribles pour l’utilisateur” et pour les développeurs si Apple ne contrôlait plus les applications disponibles sur l’iPhone par le biais de son processus d’évaluation de l’App Store.

Tim Cook a encore récemment souligné que le fait d’autoriser le téléchargement d’applications hors de l’App Store ne serait pas dans l’intérêt de l’utilisateur, car cela détruirait la sécurité et la confidentialité du système iOS.

Comme si ces prises de parole ne suffisaient pas, dans un rapport publié ce mercredi, Apple a de nouveau fait valoir que sideloading (c’est-à-dire la possibilité de télécharger des applications hors de l’App Store) d’appplications tierces exposerait les utilisateurs des plateformes de la société à des risques accrus, créerait une instabilité des applicatiosn et du système d’exploitation et permettrait potentiellement aux logiciels malveillants de s’installer.

Quid du sideloading ?

Dans les faits, le changements nécessaires pour permettre le sideloading pourraient nécessiter des modifications architecturales importantes d’iOS et d’iPadOS. On ignore à quel point les systèmes d’exploitation mobiles d’Apple sont modulaires car, contrairement à Android, iOS et iPadOS ne sont pas open source.

Une partie des aménagements pour les applications tierces consisterait quasi-certainement à mettre les applications intégrées d’Apple sur un pied d’égalité en matière d’utilisation des API. Apple a probablement des API privées, non documentées, qu’elle utilise pour ses besoins, entièrement intégrées dans chaque aspect du système d’exploitation. De plus, comme iOS est un écosystème fermé entièrement contrôlé par Apple, la société n’a jamais eu à se soucier de tout documenter de manière exhaustive. Toutefois, si elle souhaitait réserver des API à son usage à l’avenir, elle devrait déplacer ces API dans ses bibliothèques, loin de l’espace utilisateur commun où toutes les applications fonctionnent, un peu comme les services mobiles de Google sont construits. Mais il est également possible qu’un accord antitrust exige d’Apple qu’elle documente toutes ses API afin qu’il n’y ait pas de “sauce secrète” dans iOS qui soit tenue à l’écart des développeurs tiers.

A quelle vitesse le sideloading pourrait-il s’imposer dans les appareils mobiles d’Apple ? Pour répondre aux demandes potentielles des gouvernements et aux règlements judiciaires, la société pourrait être amenée à apporter des modifications substantielles au fonctionnement de son système d’exploitation mobile. Une fois que le sideloading est autorisé, il ouvre la voie à de nombreux problèmes susceptibles de compromettre la sécurité des utilisateurs et de dégrader l’expérience globale de l’écosystème Apple, qui est de première qualité et très soignée, dont bénéficient actuellement ses clients.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading