La grève des urgences reprend de plus belle, malgré les promesses de Buzyn – Le HuffPost

POLITIQUE – Plus de 750 millions d’euros redéployés et voilà que la grève des urgences repart de plus belle. Au lendemain de la présentation du plan de “refondation” des urgences hospitalières par Agnès Buzyn, le collectif Inter-Urgences a voté la poursuite du mouvement avant une manifestation ce mercredi 11 septembre à l’appel des syndicats.

La ministre de la Santé, qui doit gérer de front ce mouvement social inédit par sa durée (bientôt 6 mois) et par son ampleur (250 services d’urgence à ce jour) en même temps que les débats sur la loi bioéthique à l’Assemblée, avait pourtant mis le paquet en début de semaine pour trouver une issue à la crise.

Nouveau “service d’accès aux soins” universel pour réguler les appels aux secours, “admissions directes” sans passage aux urgences pour les personnes âgées, optimisation de la “gestion des lits” disponibles dans les hôpitaux, le tout financé par des crédits existants… Par ces annonces fortes, Agnès Buzyn a tenté d’apporter une réponse systémique à l’engorgement des hôpitaux en promettant une réorganisation de l’accès à l’hôpital, tout en refusant de débloquer davantage d’argent ou de procéder à des embauches massives.

C’est précisément l’absence d’évolution sur ces points -très attendus par les grévistes- qui ont précipité la prolongation du mouvement de contestation. “Ce plan, c’est du flan!”, a résumé Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences, à l’issue de son assemblée générale à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les représentants des grévistes y ont voté à main levée une motion rappelant leurs principales revendications -“réouvertures de lits”, “recrutements à la hauteur des besoins”, “augmentation de 300 euros net mensuel”.

La crise fera-t-elle tache d’huile?

Désormais, afin de renforcer la pression sur le ministère, les grévistes en appellent à une extension du mouvement aux autres services hospitaliers. “Nous appelons l’ensemble de nos collègues à se mettre en grève avec nous”, a déclaré Christophe Le Tallec, vice-président de ce collectif, qui prévoit des “rassemblements locaux” le 26 septembre et doit prochainement fixer “une date de mobilisation nationale”

En attendant, les soignants sont invités ”à se mobiliser sur l’ensemble des dates syndicales qui sont annoncées”, a-t-il ajouté. La CGT organise justement une “journée d’action” ce mercredi dans tout le secteur sanitaire et social, avec une manifestation dans la capitale. Pour son secrétaire général, Philippe Martinez, le plan d’Agnès Buzyn “est loin des attentes du personnel”.

Il “ne répond en rien à la réalité du terrain”, estime Force ouvrière, qui a décidé de “s’associer” à cette mobilisation.

Du côté des médecins, le président de l’Association des urgentistes de France (Amuf), Patrick Pelloux, et celui du syndicat Action Praticien Hôpital, ont indiqué que leurs organisations se prononceraient jeudi sur leur participation à la grève. “Très déçu” par les annonces de la ministre, Patrick Pelloux a évoqué “un rendez-vous raté” sans “rien sur les revalorisations salariales” et a prédit que “la contestation va être sévère”.

Des fissures dans le front 

Si le plan Buzyn n’a pas converti les plus vindicatifs, il aura moins fait apparaître quelques fissures dans le front de la contestation. Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, considère qu’“on ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé”, même s’il “manque beaucoup de choses”, en particulier “sur la reconnaissance professionnelle” et “la question des lits supplémentaires”.

Côté dirigeants hospitaliers, le président de la fédération du secteur public (FHF), Frédéric Valletoux, a apporté un soutien modéré au plan de la ministre, estimant que c’est “une première avancée mais il va lui falloir du courage politique pour une mise en œuvre efficace”.  

Plus convaincu, le patron de la FHP (cliniques privées), Lamine Gharbi, salue “un important effort financier”, signe “que l’exécutif a pris la mesure des enjeux”. “On ne s’attendait pas à un choix budgétaire aussi important”, a reconnu François Braun, président de l’association Samu-Urgences de France, saluant des “mesures qui vont dans le bon sens pour sortir de cette crise”. Elles “sont la preuve d”une volonté de faire une réforme en profondeur”, a renchéri Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société française de médecine d’urgence (SFMU).

L’Ordre national des infirmiers, pour sa part, “se réjouit” des “compétences élargies” qui seront déléguées aux soignants – comme prescrire une radio ou réaliser une suture sans attendre un médecin.

Même enthousiasme chez les kinés, dont le principal syndicat (FFMKR) “se félicite” de la possibilité d’un “accès direct” pour la “petite traumatologie” – entorse de cheville et lombalgie aigüe.

Pour les médecins libéraux, en revanche, le plan fait la part trop belle à l’hôpital: le SML regrette “l’insuffisance de moyens pour la ville”, tandis que la CSMF réclame “sans délai des négociations pour une meilleure valorisation des soins non programmés”.

Reste à savoir si ces divergences de vue joueront pour ou contre l’amplification de la grève.

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