La gauche estime que Macron est responsable de la montée de l’extrême droite, Sarkozy veut « choisir le premier ministre et un groupe de cinquante députés »… Les infos politiques du jour – Le Monde

Le Monde tient le carnet de bord de la campagne de l’élection présidentielle de 2022 : un point quotidien, publié à 19 heures, analyse les faits politiques de la journée écoulée et aborde les rendez-vous à venir.

L’info du jour : la gauche estime qu’Emmanuel Macron est responsable de la montée de l’extrême droite

C’est assez rare pour être souligné. Vendredi 1er avril, Anne Hidalgo, la candidate socialiste à l’élection présidentielle, et Adrien Quatennens, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, ont parlé d’une même voix. Ils ont tout deux dénoncé la responsabilité d’Emmanuel Macron dans la montée de Marine Le Pen et de l’extrême droite dans les sondages, alors que la candidate du Rassemblement national est donnée face au président sortant au second tour, comme en 2017.

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« Quand (…) on fait en sorte que le paysage politique totalement explosé soit un paysage dans lequel il n’y aurait plus qu’un candidat qui serait soi-disant le candidat d’une forme de raison et en face l’extrême droite, on joue avec le feu et effectivement tout est possible », a estimé Mme Hidalgo sur LCI.

Fustigeant la « brutalité sociale » du chef de l’Etat, M. Quatennens a estimé sur Public Sénat que « ces gens-là [Emmanuel Macron et ses soutiens] participent à la progression de l’extrême droite dans notre pays, à force de casser l’Etat social, notre modèle de protection sociale ».

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« M. Macron a de larges responsabilités dans le climat qu’il a installé dans le pays, donc il ferait mieux de faire une autocritique par rapport à ça », a insisté l’élu « insoumis », qui juge que le vote pour M. Mélenchon serait « la meilleure manière » de combattre à la fois « le danger de l’extrême droite » et « l’extrême libéralisme de M. Macron ».

En 2017, le soir de son élection, le candidat élu avait promis qu’il « ferait tout » durant son quinquennat pour qu’il n’y ait « plus aucune raison de voter pour les extrêmes », une phrase à laquelle ses opposants le renvoient aujourd’hui face à la montée en flèche de Mme Le Pen et l’irruption de la candidature d’Eric Zemmour.

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Le dessin du jour

Chaque vendredi, le dessinateur Aurel nous livre son regard sur la campagne présidentielle. Cette semaine, il évoque la position de favori d’Emmanuel Macron au premier tour, selon la huitième enquête Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès pour Le Monde, en faisant un clin d’œil à l’ingérence russe dans la campagne de Macron en 2017.

Avec 28 %, le président devance la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (17,5 %) et le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (14 %), dans ce sondage effectué entre le 21 et le 24 mars. Avec 77 % d’électeurs déclarant que leur choix est « définitif », M. Macron dispose du socle le plus solide. « S’agissant de la gestion de la guerre en Ukraine, une majorité de Français (64 %) lui fait confiance et, surtout, lui fait bien davantage confiance qu’à n’importe quel autre candidat », estime Gilles Finchelstein, le directeur général de la Fondation Jean Jaurès.

En survolant la campagne, en esquissant tardivement un programme et en assumant un projet social dur, Emmanuel Macron maintient sa position de favori sans toutefois faire de percée dans les sondages. Jeudi, le président candidat s’en est pris à Mme Le Pen et son ancien premier ministre, Edouard Philippe, a alerté sur le « danger » qu’elle représente.

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La phrase du jour

Nicolas Sarkozy. « J’ai posé mes conditions à Macron. Je veux choisir le premier ministre et je veux un groupe de cinquante députés »

L’ancien président Nicolas Sarkozy, figure tutélaire des Républicains (LR), n’apportera pas son soutien à Valérie Pécresse avant le premier tour. Il entretient, à l’inverse, d’excellentes relations avec Emmanuel Macron, auprès duquel il ne rate jamais une occasion de s’afficher, écrivent nos journalistes Sarah Belouezzane et Solenn de Royer dans Le Monde.

Appels téléphoniques réguliers, consultations sur les grands sujets, invitations à déjeuner ou à dîner à l’Elysée… Le chef de l’Etat actuel a « traité » son prédécesseur avec doigté, tout en le flattant. « Macron me dit qu’il ne peut être réélu sans nous », répète l’ancien président à ses visiteurs. Or, M. Sarkozy n’a pas chômé ces derniers temps, multipliant les rendez-vous et les appels aux membres de sa famille politique. Auprès de plusieurs élus, il a exprimé son inquiétude devant la progression dans les enquêtes d’opinion de la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (Rassemblement national).

Si ses proches assurent qu’il ne fait qu’écouter ses interlocuteurs sans jamais rien dévoiler de ses intentions et nient l’existence d’un plan précis, d’autres rapportent des propos moins ambigus. « J’ai posé mes conditions à Macron, a affirmé M. Sarkozy devant un élu LR. Je veux choisir le premier ministre et je veux un groupe de cinquante députés. » Manière, pour ce faux retraité de la politique qui se rêve toujours en « faiseur de roi », de tenter de rester au centre du jeu, tout en se posant comme le seul à même de préserver l’avenir de sa famille politique.

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Le jour où… En 2012, une drôle d’atmosphère planait dans une drôle de campagne

Archive du « Monde » du 1er avril 2012.

En 2012, une drôle d’atmosphère planait sur la fin de la campagne présidentielle, pour laquelle les Français entretenaient des sentiments contradictoires. « La campagne “n’intéresse pas”, mais les émissions politiques figent des millions de téléspectateurs devant leur poste », pouvait-on lire dans Le Monde daté du 1er avril 2012.

« On jure que cette fois, c’est bien fini, qu’on ne nous y reprendra pas, mais le moindre sujet politique suscite des avalanches de commentaires sur le Web et les réseaux sociaux », raconte la journaliste Pascale Robert-Diard, qui poursuit : « Hargneux, révoltés, hostiles, véhéments, argumentés, passionnés… Politiques, écrirait-on volontiers si l’on ne craignait d’user d’un gros mot. » Les Français ressentent-ils alors de la déception, de la défiance, de la colère ? Assurément. De l’espérance ? Rarement. De l’indifférence ? C’est plus compliqué que cela. « Ambivalence est sans doute plus juste », analyse la journaliste.

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Il y a ceux qui, comme sur ce marché de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), n’accordent pas même un regard aux militants de l’UMP, du PS et du Front de gauche formant un barrage de sourires aux deux entrées de la place couverte. On guette une main tendue, une petite phrase, une ébauche de dialogue, une altercation. Rien.

Il y a ceux, encore, qui trouvent cette campagne « bordélique », « qu’on y passe sans cesse du coq à l’âne » et que, « les autres années, ça allait moins vite ». Après les attentats de Mohammed Merah, certains veulent « aller voter pour que l’extrême droite ne passe pas » même s’ils ne croient pas « que ça changera grand-chose ». D’autres veulent se mobiliser par « antisarkozysme ».

Isabelle, une comptable rencontrée à Montpellier, résume un sentiment très partagé : « Les candidats s’engueulent entre eux, et nous, on ne compte pas pour grand-chose. Avec la crise, les gens ont d’autres soucis que de s’intéresser à ce cirque. Peut-être aussi que c’est de la faute des politiques, qui sont incapables de prouver qu’ils connaissent la vie des gens. »

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A l’agenda du samedi 2 et dimanche 3 avril

Samedi 2 avril

Meetings. Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste français, donne un meeting à 15 heures, à Villeurbanne (Rhône). A la même heure, Philippe Poutou, pour le Nouveau Parti anticapitaliste, réunit ses soutiens au Cirque d’hiver, à Paris.

Le président sortant, Emmanuel Macron, fait son premier – et sûrement unique – meeting de la campagne à la Paris La Défense Arena, à Nanterre. Il doit commencer son discours à 16 heures.

Tchat. Entre 13 et 14 heures, venez poser vos questions à Jérôme Fourquet dans le cadre d’un tchat sur Lemonde.fr. Le directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Institut français d’opinion publique (IFOP), coauteur de La France sous nos yeux. Economie, paysages, nouveaux modes de vie (Seuil), répond à vos interrogations sur le rapport de M. Macron aux classes populaires.

Déplacement. Le candidat écologiste, Yannick Jadot, se déplace à Compiègne (Oise) pour parler de la lutte contre la chasse à courre.

Dimanche 3 avril

Meetings. Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, donne rendez-vous à 14 heures sur la place du Capitole, à Toulouse. A 15 heures, la candidate socialiste, Anne Hidalgo, doit commencer son discours au Cirque d’hiver, dans la capitale.

Toujours à 15 heures, au Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, espère « laver l’affront » – selon les mots de son communicant Geoffroy Didier – du Zénith raté, à partir duquel tout s’est enrayé. La candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, y sera d’ailleurs en meeting à 15 heures également.

Mobilisations. Plusieurs syndicats et associations de gauche et d’extrême gauche appellent à manifester face à la multiplication « des discours haineux, racistes, islamophobes, antisémites, sexistes et LGBTiphobes notamment incarnés par Zemmour et Le Pen », à partir de 14 heures, place de la République, à Paris.

A Ajaccio, les nationalistes corses manifestent à 15 heures, pour obtenir « justice et vérité » après la mort d’Yvan Colonna, à la suite de son agression par un codétenu à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône).

Rendez-vous. Samedi 2 et dimanche 3 avril, nous vous faisons vivre ce dernier week-end de campagne avant le premier tour de la présidentielle à travers deux directs sur Lemonde.fr consacrés aux suivis des meetings des candidats.

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