La France et l’Allemagne signent un accord de « soutien mutuel » afin de « garantir leur approvisionnement énergétique » – Le Monde

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, et la première ministre française, Elisabeth Borne, à Berlin, en Allemagne, le 25 novembre 2022.

Le réchauffement des relations franco-allemandes s’est concrétisé. Les chefs des gouvernements français et allemand ont signé, vendredi 25 novembre à Berlin, un accord sur des mesures devant permettre un « soutien mutuel » entre les deux pays afin de « garantir leur approvisionnement énergétique », au moment où les prix flambent.

Des « mesures concrètes » sont ainsi prévues, en particulier une aide de la France à l’Allemagne à travers des livraisons de gaz, tandis que l’Allemagne soutiendra la France pour « sécuriser son approvisionnement en électricité », selon une déclaration commune signée par Elisabeth Borne et Olaf Scholz.

« Plus les temps sont difficiles, plus la coopération entre l’Allemagne et la France est importante », a fait valoir le chancelier allemand lors d’une conférence de presse. La première ministre française, pour sa première visite à Berlin en tant que cheffe du gouvernement, a de son côté prôné une « unité qu’il faut maintenir » devant les crises multiples auxquelles est confronté le couple franco-allemand.

La France est, pour la première fois depuis quarante-deux ans, importatrice nette d’électricité, en raison d’un niveau de production d’électricité nucléaire au plus bas. Depuis 1981, la France avait toujours été exportatrice nette d’électricité auprès de ses voisins, notamment grâce à ses centrales nucléaires couvrant plus de 60 % de sa production de courant.

Mais depuis janvier, elle a importé davantage d’électricité qu’elle n’en a exportée, car près de la moitié de son parc nucléaire est indisponible en raison de maintenances programmées mais parfois prolongées ou de problèmes de corrosion.

Des risques de coupures en janvier

Le niveau d’approvisionnement devrait permettre à la France de passer sans problème le mois de décembre, mais pour janvier, des risques de coupures existent en cas de grand froid, si la consommation ne baisse pas.

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L’accord signé avec Berlin formalise ainsi un effort déjà mis en œuvre depuis la mi-novembre par l’Allemagne, qui consiste à « maximiser autant que possible la capacité d’interconnexion mise à la disposition du marché », selon le texte de l’accord.

En complément, l’Allemagne « s’engage à reporter la sortie progressive des centrales nucléaires restantes jusqu’à la mi-avril 2023 afin de fournir des volumes supplémentaires d’échange d’électricité à la France », ainsi qu’à « mobiliser toutes les capacités de production de marché et de réserve (…) pour maximiser les flux d’électricité vers la France ».

Pour l’Allemagne aussi, le tournant est historique, car le pays était très dépendant du gaz de Russie et doit diversifier ses approvisionnements en se tournant vers l’Ouest.

Depuis la mi-octobre, la France a mis en service une nouvelle capacité d’exportation vers l’Allemagne « pouvant atteindre 100 GWh par jour », selon l’accord.

La France dispose de quatre terminaux fixes d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) alors que l’Allemagne n’en a pas, et elle prévoit d’avoir un terminal méthanier flottant supplémentaire au Havre « à l’hiver 2023-2024 », rappelle l’accord.

L’Allemagne aussi installe des terminaux méthaniers flottants. Deux seront livrés dès cet hiver à Wilhelmshaven et Brunsbüttel, et trois autres, « d’ici à fin 2023 ».

« Un soutien indéfectible à l’Ukraine »

Lors de la conférence de presse avec le chancelier allemand, la première ministre française a par ailleurs déclaré :

« Depuis le premier jour de cette guerre brutale, nos deux pays ont apporté un soutien indéfectible à l’Ukraine. (…) Nous avons œuvré à une réaction européenne forte et commune. Nous sommes, monsieur le chancelier, pleinement alignés : nous continuerons à le faire. Nous soutiendrons l’Ukraine jusqu’au bout de ce conflit. »

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Le chancelier allemand a jugé de son côté que « la politique de terreur par les bombes de la Russie contre les infrastructures civiles en Ukraine doit prendre fin ». « La Russie doit mettre un terme à cette guerre et retirer ses troupes, immédiatement », a-t-il ajouté, en précisant que l’Allemagne et la France œuvraient pour aider l’Ukraine « à reconstruire son infrastructure énergétique », en partie détruite.

Près de la moitié des habitants de Kiev étaient toujours privés d’électricité vendredi, alors que les températures sont hivernales, deux jours après des frappes russes ayant une nouvelle fois visé des infrastructures essentielles.

Le Monde avec AFP

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