La France en bonne santé, malgré l’alcool et les antibiotiques – Le Parisien

La santé des Français est-elle toujours aussi bonne ? Plus largement, comment vont les habitants du monde ? Le panorama de la santé que publie ce jeudi l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) dresse, à partir d’une vingtaine d’indicateurs, un véritable état des lieux de la santé dans cent pays, dont l’Europe, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil…

Moyens mobilisés, personnel, accès aux soins, qualité des prescriptions, ressenti des patients… Cette vaste étude ne désigne pas un pays modèle mais des pistes de progrès et place la France, parfois au-dessus de la moyenne, parfois en dessous, jamais au sommet. Avec des perspectives quelque peu inquiétantes. Détails.

En France, un des restes à charge les plus bas

Notre pays est un de ceux qui consacrent le plus de moyens à la santé : 11 % du produit intérieur brut, soit 4 965 $ (4 500 €) par habitant (3 994 $ [3 600 €] en moyenne dans l’OCDE). Mais très loin derrière les Etats-Unis : 10 586 $(9 500 €) !

La France en bonne santé, malgré l’alcool et les antibiotiques

La prise en charge des soins par l’assurance maladie et les complémentaires santé ne laisse à la charge du patient, selon le Panorama, que 2 % des frais engagés, avec sans doute d’importantes disparités. Pour autant, dans le détail, la France n’est plus le modèle envié d’hier. Selon l’OCDE, les assurances obligatoires (en France, l’assurance maladie) couvrent 77,1 % des dépenses, quand le Luxembourg, le Japon, la Suède, le Danemark et surtout la Norvège, dépassent les 83 % de couverture.

Un dispositif soignant toujours très efficace

La compétence de nos soignants et la – relative — facilité d’accès aux soins combinés à une hygiène de vie plutôt bonne font de la France un des pays où l’on est en meilleure santé, avec une espérance de vie de 82,4 ans. La prise en charge médicale y est considérée comme performante. À titre d’exemple, l’OCDE s’est penchée sur les accidents vasculaires cérébraux (AVC), et autres crises cardiaques qui nécessitent une rapidité et une efficacité extrêmes.

Selon ses conclusions, la France affiche un taux de mortalité dans les 30 jours suivant l’accident qui la place 6e meilleure élève. De même, et c’est une surprise, la France figure parmi les modèles en matière d’accès aux soins primaires, avec 89 % de la population qui a accès à un médecin en ville. Enfin, la détection du cancer du col de l’utérus chez la femme y est l’une des meilleures du monde (82 % de la population adulte dépistée). En revanche, un certain nombre de pathologies sont trop souvent traitées à l’hôpital alors qu’elles devraient l’être en ville. C’est le cas du diabète et des insuffisances cardiaques, estime l’OCDE.

Seule véritable ombre sur ce tableau des compétences : la prescription d’antibiotiques reste anormalement élevée : 23 doses quotidiennes pour 1 000 habitants, alors que la moyenne OCDE est à 18. Ce chiffre ne s’améliore pas, malgré les campagnes de l’assurance maladie.

Au final, notre système laisse néanmoins 8,3 % de la population en mauvaise santé, soit 8 Français sur 100, selon le panorama. On se consolera en comparant ce chiffre à la moyenne OCDE (8,5 %).

Les Français boivent en moyenne 11,7 litres d’alcool par an

Les chiffres commencent à traduire la réalité. S’agissant du nombre de médecins par habitant, la France se situe sous la moyenne de l’OCDE : 3,2 médecins pour 1 000 habitants, la moyenne se situant à 3,5. En revanche, nous disposons de beaucoup d’infirmières : 10,5 pour 1 000 habitants quand la moyenne est à 8,8. On comprend mieux alors que les pouvoirs publics en France favorisent la délégation de taches entre médecins et infirmières.

Autres signes d’inquiétude, l’alcoolisme, supérieur de 30 % en France par rapport au panel avec 11,7 litres d’alcool par an et par habitant. Idem pour le tabagisme qui touche un adulte sur quatre (environ 25 %) contre 18 % dans l’OCDE. Illustration de l’échec des politiques de prévention menées depuis plus de dix ans dans l’Hexagone. Enfin, ultime inquiétude : le financement de notre système. Selon le panorama, en 2030, la France consacrera 13 % de son PIB à la santé. Le pourra-t-elle?

Dans le monde, des progrès menacés

L’espérance de vie sur la zone OCDE est actuellement de 80,7 ans pour les nouveau-nés (le Japon restant en tête, à 84 ans), mais sa progression commence à ralentir. Elle est menacée par plusieurs maux : la drogue, qui tue de plus en plus massivement (aux Etats-Unis, en Suède…), les crises cardiaques et AVC, conséquences fréquentes d’une obésité envahissante, l’explosion des maladies chroniques, dont souffrent deux adultes sur trois, et le cancer, lié à divers facteurs, dont le tabagisme (18 % des adultes fument encore quotidiennement), particulièrement en France.

Parmi les autres maux : l’alcool dont sont dépendants 4 % des adultes, et enfin la pollution atmosphérique, responsable de 40 morts pour 100 000 habitants.

Quant à l’efficacité des soins, si l’OCDE note une amélioration globale de la sécurité des patients, elle précise que 5 % contractent encore une maladie nosocomiale lors de leur passage à l’hôpital. Enfin, l’Organisation s’est penchée sur la soutenabilité des financements, de plus en plus importants.

Selon ses dernières estimations, les dépenses de santé atteindront 10,2 % du PIB d’ici 2030 dans les pays de l’OCDE, contre 8,8 % en 2018. « Ces chiffres font naître des inquiétudes liées à la viabilité financière des systèmes de santé », souvent financés sur fonds publics.

L’OCDE compte 36 pays membres et l’étude y associe une soixantaine de pays partenaires.

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