La France dénonce l’« acte criminel » qui a visé Alexeï Navalny – Le Monde

Devant l’hôpital de la Charité, à Berlin (Allemagne), où l’opposant russe Alexeï Navalny est soigné, le 24 août 2020.

Au lendemain de la confirmation allemande d’un empoisonnement d’Alexeï Navalny, la France a dénoncé, mardi 25 août, l’« acte criminel » perpétré à l’encontre de l’opposant russe. Le Kremlin a rejeté les conclusions de l’hôpital berlinois dans lequel l’homme politique est soigné, assurant « ne pas comprendre cet empressement » des médecins allemands à établir de premières conclusions.

M. Navalny se trouve dans un coma artificiel après son malaise à bord d’un avion jeudi dernier en Sibérie. Son entourage affirme qu’il a été empoisonné. L’avocat de 44 ans, fervent opposant à Vladimir Poutine, a été transféré samedi en Allemagne, où il est pris en charge dans le service de soins intensifs de l’hôpital de la Charité, à Berlin.

  • La France appelle à l’ouverture d’une enquête

« La France exprime sa profonde préoccupation devant cet acte criminel perpétré à l’encontre d’un acteur majeur de la vie politique russe », a déclaré mardi le ministère des affaires étrangères. La France appelle ainsi les autorités russes à ouvrir « une enquête rapide et transparente qui permette d’établir les circonstances dans lesquelles cet acte a été commis ».

La diplomatie française assure avoir « pris connaissance des résultats préliminaires publiés par les médecins de l’hôpital de la Charité de Berlin, qui indiquent que M. Navalny a été victime d’un empoisonnement ». Paris souhaite un « prompt rétablissement » à l’opposant russe et rappelle « la disponibilité de la France » pour lui apporter un « appui dans ces circonstances difficiles. »

La semaine passée, la France avait proposé, aux côtés de l’Allemagne, son aide médicale pour l’accueil sur son sol d’Alexeï Navalny. Depuis le fort de Brégançon où il recevait la chancellière allemande, Angela Merkel, Emmanuel Macron s’était dit jeudi « extrêmement préoccupé et attristé » du sort de l’avocat russe, pris en charge alors dans un hôpital de Sibérie.

  • Le Kremlin rejette les conclusions allemandes sur l’empoisonnement

Le Kremlin a estimé, mardi 25 août, que les médecins allemands avaient conclu à la hâte que M. Navalny avait été empoisonné, les soignants russes n’étant, eux, pas arrivés à cette conclusion.

« L’analyse médicale de nos médecins et celle des Allemands concordent complètement. Mais leurs conclusions diffèrent. Nous ne comprenons pas cet empressement chez les collègues allemands », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du président russe. Selon lui, l’empoisonnement « est une piste parmi d’autres. Mais il y a beaucoup d’autres pistes médicales ».

Les médecins berlinois soignant M. Navalny ont annoncé, lundi, avoir conclu qu’il avait été intoxiqué par « une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase », mais sans pouvoir préciser laquelle dans l’immédiat. Cette enzyme est susceptible d’être utilisée, à faible dose, contre la maladie d’Alzheimer. Mais en fonction du dosage, elle peut être très dangereuse et produire aussi des agents neurotoxiques puissants, du type de l’agent innervant Novitchok.

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M. Peskov a fait savoir mardi qu’il ne voyait pas la nécessité, dans l’immédiat, d’enquêter sur les raisons de la dégradation soudaine de l’état de santé de M. Navalny, tout en ajoutant : « Si la substance est identifiée et s’il est prouvé qu’il s’agit d’un empoisonnement, alors, évidemment, il y aura une raison pour ouvrir une enquête. »

Le porte-parole du Kremlin a insisté sur le fait qu’« aucune substance n’[avait] été identifiée » par les médecins allemands. Selon lui, les médecins russes avaient également constaté que M. Navlany souffrait d’un niveau de cholinestérase trop bas, mais que l’on ne pouvait en déduire pour autant qu’il y avait eu empoisonnement.

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« Cette baisse [de cholinestérase] peut avoir de nombreuses causes, notamment la prise de certains médicaments. Il faut établir la cause, et cette cause, ni nos médecins ni les Allemands ne l’ont identifiée », a-t-il estimé, soulignant que la Russie serait « reconnaissante » si une substance était découverte en Allemagne. « Nous ne savons pas s’il y a eu empoisonnement ou non », a-t-il conclu.

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Le Monde avec AFP

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