La forêt amazonienne est détruite à un rythme sans précédent sous l’effet des activités humaines – Le Monde

La forêt amazonienne est gravement malade, et avec elle l’ensemble de la planète. Dans deux revues de littérature publiées jeudi 26 janvier dans Science, une cinquantaine de chercheurs internationaux mettent en garde contre les changements rapides et profonds qui se produisent dans le poumon de la Terre en raison de la pression des activités humaines. En provoquant tant une déforestation qu’une dégradation accélérées de cette région, elles menacent le climat, la biodiversité, le bien-être des populations locales, et plus largement l’humanité.

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S’étendant sur neuf pays (principalement le Brésil), la forêt amazonienne fait partie des écosystèmes les plus vitaux de la planète. Elle abrite près d’un tiers des espèces connues sur Terre, dont 390 milliards d’arbres, et contribue à maintenir les cycles du carbone et de l’eau mondiaux. Elle est dans le même temps particulièrement vulnérable : 17 % de la forêt originelle a été détruite, et 9 % fortement dégradée, soit 26 % affectés, selon la première étude.

En cause : la déforestation, provoquée par les activités agricoles et industrielles – qui a atteint des niveaux records au Brésil sous le mandat (2019-2023) de Jair Bolsonaro –, et le dérèglement climatique, également entraîné par les activités humaines. Cette destruction des écosystèmes amazoniens se produit à un rythme sans précédent, des centaines voire des milliers de fois plus rapide que tout phénomène climatique ou géologique naturel dans le passé, prévient l’étude, chiffres à l’appui.

Futur émetteur net de CO2

L’accélération est telle que l’ensemble des espèces, des peuples et des écosystèmes amazoniens ne peuvent s’y adapter. De sorte que l’Amazonie s’approche d’un point de bascule irréversible, où des pans entiers de forêts seront définitivement transformés en savanes − de précédents rapports avaient montré que ce point de non-retour avait déjà été atteint dans certaines zones, dans le Sud et l’Est du bassin.

Après des millions d’années à fonctionner comme un puissant puits de carbone, l’Amazonie devrait prochainement se transformer en émetteur net de CO2. A la fois parce que les forêts libèrent du carbone quand elles sont détruites, dégradées ou brûlées, mais aussi parce qu’en étant moins denses en arbres, elles peuvent moins en séquestrer.

« Nous connaissons les mesures à prendre de toute urgence. C’est une question de volonté politique », estime le scientifique James Albert

Les conséquences pour le climat sont vertigineuses : la libération de tout le carbone contenu dans les forêts et les sols amazoniens (environ 180 milliards de tonnes) augmenterait suffisamment la concentration de CO2 dans l’atmosphère pour faire monter la température mondiale de plus d’un degré, prévient James Albert, professeur d’écologie à l’université de Louisiane à Lafayette et premier auteur de l’étude. Moins d’arbres signifie aussi moins de précipitations, des sols plus arides, des sécheresses plus régulières et plus importantes, qui entraîneront à leur tour des feux de forêt plus ravageurs, dans une forme de cercle vicieux.

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