La dérive radicale des maires écologistes – Le Figaro

Ça sent le sapin chez les écologistes. Toute la journée de vendredi, le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, s’est pris une volée de bois vert du monde politique et des réseaux sociaux pour avoir considéré, lors de son discours de rentrée politique, que le sapin de Noël était un arbre coupé, donc mort. À ce titre, il ne sera pas question pour lui d’en installer un cette année sur la place de la mairie.

Sans proposer d’alternative, il a rejeté «l’arbre mort de Noël», ce grand sapin illuminé de 15 à 20 m de haut qui chaque décembre éclaire la place Pey-Berland, sur le flanc de la cathédrale, face à la mairie. «Ce n’est pas du tout notre conception de la végétalisation». Ce refus, entouré de considérations sur l’utilisation sociale et culturelle qui serait faite de l’argent ainsi économisé, pourrait n’avoir été qu’une cible de moquerie ou d’agacement limité si la polémique sur le Tour de France, venant cette fois-ci de Lyon, n’avait éclaté juste avant.

Tour de France

Mercredi, alors que la 14e étape arrive samedi dans sa ville, le maire EELV Grégory Doucet a qualifié l’événement cycliste français et mondial de «machiste et polluant» s’interrogeant sur une éventuelle future candidature pour accueillir la Grande Boucle si elle n’évolue en matière écologique. «Combien de véhicules à moteur thermique circulent pour faire courir ces coureurs à vélo? Combien de déchets engendrés?», a-t-il demandé dans Le Progrès, jugeant qu’il n’est «plus acceptable d’avoir des grandes manifestations sportives dont la priorité n’est pas de se poser la question de leur empreinte». De quoi déchaîner les foudres tant l’événement est populaire. L’exécutif de Rennes, où EELV appartient à la majorité de la maire PS, Nathalie Appéré, avait lancé le débat sur le Tour en déclinant son accueil en 2021. Pour des raisons plus budgétaires qu’écologiques, avait-on cependant avancé.

Le maire écologiste de Lyon ne s’est pas contenté de remettre en cause le Tour de France. Quelques jours plus tôt, le 8 septembre, il a suscité une première polémique en renonçant à la cérémonie religieuse catholique, ancrée dans la culture locale, de renouvellement du Vœu des Échevins de 1643. «Dans mon interprétation des règles de laïcité, je laisse les croyants réaliser cette cérémonie», a déclaré Doucet. Peu importe si le maire s’est adressé aux catholiques à l’issue, louant au même moment l’encyclique du pape François Laudato Si sur la radio chrétienne RCF. Ses adversaires politiques ont retenu la rupture de la tradition et la pose, le lendemain, de la première pierre d’une mosquée à Lyon.

Des «rabat-joie»

La semaine chargée pour les écologistes s’est terminée en feu d’artifice avec la polémique sur le sapin de Noël, provoquant des réactions courroucées. «Appelez-moi vieux monde si vous voulez, mais le sapin de Noël, le Tour de France et toutes ces traditions qui nous unissent seront toujours le ciment d’une société», a réagi Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France. Le député LR Éric Ciotti a dénoncé «les pseudos écolos», de «vrais extrémistes de gauche» qui «sous couvert de sauver la planète» s’attaquent à Noël. La ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, en a tiré sa conclusion: «En fait, les maires EELV, c’est tout ce qui amène un peu de joie ou de fête qu’ils interdisent! Ils sont pires qu’idéologues: ils sont rabat-joie». De quoi secouer la sphère des écologistes alors qu’à Paris, les mesures anti-voitures de la maire PS, Anne Hidalgo, source d’encombrements croissants des rues encore ouvertes à la circulation, font grincer les dents.

À la tête des écologistes, Julien Bayou est monté au créneau pour s’en prendre à Marlène Schiappa, alors que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, depuis Calais, a demandé aux associations non mandatées de ne plus distribuer de repas aux migrants. «Pendant ce temps-là, votre politique c’est d’interdire les distributions de nourriture pour les réfugiés. C’est ça la joie ou la fête? Vous n’avez jamais honte», s’est interrogé le secrétaire national d’EELV. Pas certain que cela suffise à éteindre l’incendie.

En alerte venue de la gauche, le maire PS de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, largement élu sur une liste d’union de la gauche et des écologistes, a de son côté posé fièrement sur les réseaux sociaux avec son bob à carreaux Cochonou, emblématique du Tour de France qui passait justement chez lui. «Les maires écologistes doivent faire attention à ce que des postures de communication ne viennent pas effacer l’importance et l’urgence des combats qu’ils mènent», prévient-il, regrettant par ailleurs, «une société de l’immédiat qui ne rend pas du tout compte de la complexité réelle».

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