La crise politique couve en Italie, après le refus de la démission de Mario Draghi par le président Mattarella – Le Monde

Le premier ministre italien, Mario Draghi, à Rome, le 12 juillet 2022.

Dans son infinie créativité, la vie politique italienne est capable d’engendrer les configurations les plus diverses, si bien qu’aucune possibilité, même la plus fumeuse, ne peut être écartée de prime abord. La dramaturgie d’une crise gouvernementale, en revanche, obéit à une liturgie assez immuable. Tout commence par une période de latence, durant laquelle l’opposition entre deux forces politiques constitutives de la majorité se forme.

Puis le conflit se cristallise sur un sujet, parfois anecdotique – cette fois-ci, les modalités d’un décret contenant un certain nombre de mesures anticrise, notamment la construction d’un incinérateur de déchets dans la périphérie de Rome. Bientôt, ce sujet provoque une dramatisation et des menaces de rupture, plus ou moins crédibles. C’est le moment où les deux camps se jaugent.

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Enfin la montée en intensité est très rapide, jusqu’au moment du dénouement, qui peut se produire de deux façons : par la démission du chef du gouvernement ou la soudaine disparition, après tractations en coulisse, du problème initial. La journée du 14 juillet, qui a vu successivement le président du conseil italien, Mario Draghi, perdre l’appui du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) lors d’un vote de confiance au Sénat, obtenir cependant une majorité confortable, puis remettre sa démission au président Sergio Mattarella, avant que celui-ci ne la refuse en renvoyant à un nouveau vote, mercredi 20 juillet, en a donné un exemple éclatant.

« Pas de chèque en blanc »

Cependant, il est encore difficile de savoir si la crise est écartée définitivement ou si celle-ci est seulement « congelée » pour quelques jours. Le conflit entre Mario Draghi et l’actuel chef politique du M5S, l’ancien président du conseil (2018-2021) Giuseppe Conte, couvait depuis plusieurs mois. Mais, plus que sur des questions environnementales, il puise sa source dans l’opposition du M5S à la ligne de fermeté défendue par Mario Draghi depuis le début de l’agression russe contre l’Ukraine, le 24 février.

L’ancien président de la Banque centrale européenne a fait de la cohésion de sa majorité la condition absolue de son maintien aux affaires

Réticent envers les sanctions et opposé à la poursuite du soutien militaire à l’Ukraine, le chef politique du M5S a pris de plus en plus ouvertement ses distances, durant le printemps, vis-à-vis de la ligne suivie par la diplomatie italienne. C’est pour cette raison que le ministre des affaires étrangères, Luigi Di Maio, a quitté le parti, le 21 juin, entraînant derrière lui soixante parlementaires favorables à la ligne gouvernementale. Mario Draghi, de son côté, a tout fait pour faire rentrer dans le rang le M5S au nom de la responsabilité.

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