La chasse à la glu déclarée illégale par le Conseil d’Etat – Le Monde

Suspendue depuis l’été 2020, la chasse à la glu a définitivement été jugée illégale par la plus haute juridiction administrative française, lundi 28 juin, mettant un terme à des années de bataille entre partisans et adversaires de cette méthode de capture. Après avoir interrogé la justice européenne, qui avait estimé, en mars, que cette technique de piégeage cause un dommage « irrémédiable » à tous les oiseaux capturés, le Conseil d’Etat a annulé les dérogations accordées par l’Etat pour cette chasse, jugée « contraire au droit européen ».

Cette méthode de chasse dite « traditionnelle » est pratiquée dans cinq départements du sud-est de la France (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Vaucluse et Var). Destinée aux grives et aux merles, elle consiste à piéger des oiseaux sur des tiges enduites de colle, appelées gluaux. Les oiseaux ainsi capturés sont mis en cage et servent, par leurs chants, à en attirer d’autres pour les chasseurs.

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Mais les défenseurs de l’environnement et de la cause animale se battent depuis des années en justice pour la faire interdire, dénonçant une méthode « cruelle » et non sélective qui conduit à la capture d’autres oiseaux que ceux visés, y compris des espèces protégées. Les chasseurs assurent que les oiseaux capturés par erreur sont nettoyés et relâchés.

« Pas de preuves suffisantes »

Saisi à de nombreuses reprises pour faire annuler les décrets gouvernementaux qui accordent des dérogations permettant cette chasse au motif de la tradition, le Conseil d’Etat avait fini par se tourner vers la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour savoir si la chasse à la glu était conforme à la directive « Oiseaux » de l’UE. « En dépit d’un nettoyage, les oiseaux capturés subissent un dommage irrémédiable, les gluaux étant par nature susceptibles d’endommager le plumage de tous les oiseaux capturés », avait répondu la CJUE en mars, ce qui, dès lors, rendait prévisible son interdiction par la justice administrative française. Cette dernière a donc rendu lundi une série de décisions dans des affaires pendantes annulant la réglementation dérogatoire française.

Le Conseil d’Etat relève dans un communiqué que « ni le gouvernement ni la Fédération de chasseurs n’ont apporté de preuves suffisantes » permettant d’affirmer que d’autres espèces ne sont pas piégées ou que « les oiseaux capturés accidentellement ne subiraient que des dommages négligeables, une fois relâchés et nettoyés ». Par ailleurs, il estime que « le seul objectif de préserver ces traditions ne suffit pas à justifier une dérogation aux interdictions de principe que pose la directive » européenne et qu’il n’a pas été démontré qu’aucune solution alternative ne serait possible.

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Le Monde

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