Kurdes tués à Paris : une marche blanche dans le calme dans le 10e arrondissement – Le Monde

Des manifestants tiennent les portraits des victimes de la fusillade de la rue d’Enghien, le 23 décembre 2022, et ceux des victimes des meurtres de la rue La Fayette en 2013, lors de la marche pour leur rendre hommage et en solidarité avec la communauté kurde, à Paris, le 26 décembre 2022.

Des fleurs et des portraits des victimes ont été déposés sur le trottoir devant le Centre culturel kurde Ahmet-Kaya, situé au 16 rue d’Enghien, à Paris, lundi 26 décembre. Un peu avant midi, les premiers manifestants arrivent, se saluent et se serrent dans les bras. Puis, le cortège s’élance vers le 147 rue La Fayette, dans le même 10e arrondissement, où trois militantes kurdes du Parti des travailleurs Kurdistan (PKK) avaient été tuées le 9 janvier 2013. Les manifestants scandent en kurde et en français « Femme-vie-liberté » et réclament « justice ».

Youssouf (aucun manifestant n’a souhaité donner son nom), Kurde de 38 ans, est venu avec son fils de 3 ans. Il s’exprime difficilement tant l’émotion est grande. « Je ne veux pas qu’il se sente en insécurité », explique-t-il. Il se rappelle les « terribles » assassinats d’il y a dix ans. « J’étais déjà dans la rue, en 2013… Je ne pensais pas que ça pourrait se reproduire, pas ici. J’ai peur pour mon fils », confie-t-il.

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« Nous sommes menacés de mort, martèle Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France. Nous vivons et travaillons en France, dans une démocratie, dans un Etat de droit. Pourtant, nous, les Kurdes, nous ne sommes pas pris en considération, nous ne sommes pas protégés. Encore une fois, nous sommes touchés en plein cœur, dénonce-t-il. Trois de nos amis ont été exécutés. Nous savons qu’il s’agit d’un acte terroriste, pas raciste. Terroriste. Nous continuerons à nous battre et à réclamer la vérité. »

En rangs serrés, les manifestants rejoignent la rue La Fayette, leurs drapeaux kurdes volent au vent alors que la pluie se fait de plus en plus forte. Tous sont déterminés à défendre leur « identité ». Redin, Kurde de 54 ans, manifeste avec des amis. « Je me sens comme quelqu’un sans pays, sans identité, comme un étranger agressé de partout », évoque-t-il, très ému.

« Je voulais apporter mon soutien »

Quelques jeunes se sont aussi réunis. Ali, 26 ans, est accompagné de trois amis. « La jeunesse est peut-être même plus en colère que les plus âgés, nous avons grandi en France bercés par le souvenir du triple assassinat de 2013, raconte-t-il. Dix ans plus tard, rien n’a changé. Les choses n’avancent pas. Nous voulons juste vivre notre vie comme les autres. »

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De rares manifestants non Kurdes sont là aussi, comme Josiane, la soixantaine, habitante du 19e arrondissement : « Je suis venue pour que cet événement ne tombe pas dans l’oubli et qu’il ne soit pas traité comme un “simple” fait divers. » « Je voulais apporter mon soutien à la communauté kurde, ça me prend aux tripes », abonde Aline, 66 ans, née dans le 10e arrondissement.

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