Killer game : n’oubliez jamais

La trame de Killer game est plus que basique : un tueur qui s’en prend à des victimes qui ont des choses à cacher. Si le film se laisse regarder, ce n’est pas la meilleure production de James Wan.

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Taisez-vous

Si vous avez 1 h 30 à perdre, avec un film pas très fatigant, vous pouvez lancer Killer game sur Netflix. La trame est simple : dans une petite ville des États-Unis, des adolescents sont tués par un tueur masqué. Mais, avant de les assassiner, le tueur révèle leurs secrets à tout le monde.

Si vous cherchez un film qui fasse de la pédagogie sur le silence, c’est une bonne référence. Les victimes ont toutes fait des choses particulièrement stupides. Mais, au lieu de le faire discrètement, tout se retrouve sur la toile. Ainsi, la présidente des élèves du lycée a commis un podcast lourdement raciste, très facilement accessible sur le Web. Quand le tueur est à ses trousses, elle essaie de faire croire que ce n’est pas elle, puis qu’il s’agissait une blague, etc.

On a tous fait des trucs idiots. Personne ne vous oblige à vous filmer en permanence, à le dire sur Twitter, sur Mastodon, etc. Globalement, beaucoup d’internautes sont persuadés être plus intelligents que tous les autres. C’est archi-faux. En quelques clics, on peut retrouver n’importe qui. Dès lors, pourquoi fournir des armes à des inconnus ?

Cela peut sembler disproportionné de parler « d’armes ». Pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit. Les réseaux sociaux, en raison de leur démocratisation, sont devenus des entités qui peuvent s’avérer destructrices. On s’est tous sentis très à l’aise pour raconter des choses, qu’avant, on aurait seulement confiées à son journal intime, journal qu’on aurait fermé avec un cadenas, placé dans une boîte, elle-même fermée à clef et cachée dans sa chambre.

Interdit d’oublier

À l’inverse de ses camarades, Makani ne raconte rien, elle ne s’étale pas, elle se fait discrète. Mais, son passé la rattrape et si le film comporte quelques erreurs ou inexactitudes, le fond n’en reste pas moins vrai. Une action que vous avez commise, il y a des années, peut vous resurgir et vous porter préjudice.

Exemple : un site Web. Vous voulez faire disparaître des éléments, pas nécessairement pour de mauvaises raisons. Vous pouvez supprimer le contenu de votre site. Mais, vous devrez penser à purger les caches des moteurs de recherche — ce qui se fait assez rapidement depuis la Google Search Console — mais aussi à vider les archives, notamment celles de Web Archives. À charge pour vous de vérifier sur tous les moteurs de recherches et sur tous les sites d’archives en ligne.

Quand on est propriétaire du site Web et qu’on en a la maîtrise, la procédure est relativement simple et bien expliquée par les administrateurs de Web Archives. Qu’en est-il lorsqu’on n’est pas propriétaire ou gestionnaire du site et que son contenu nous porte préjudice ? C’est là que ça coince. Parce que la procédure est longue, qu’elle demande du temps et de l’énergie.

Pire encore : cela implique une surveillance constante. Vous découvrirez dans le film ce que Makani essaie de cacher à ses amis. Sachez qu’on n’est pas exactement sur le vol d’un sachet de bonbons chez l’épicier du quartier. Le film se termine « bien » pourtant, on imagine que son passé peut la rattraper à n’importe quel moment. Le souci avec la mémoire d’Internet est qu’elle oublie l’idée qu’une personne peut s’amender, se réhabiliter et s’améliorer. Il est vrai que les Américains ont tendance à l’occulter et ils ne sont pas les seuls.

Mélange de slashers

Killer game est un mélange entre Scream et Souviens-toi l’été dernier. Prime Vidéo est rempli de ce type de films, qui s’affichent ouvertement comme nanars. Le souci est qu’il est sur Netflix. À vrai dire, c’est à la moitié du film que je me suis rendu compte que je l’avais déjà vu. C’est dire à quel point il m’avait marqué.

Il est classé en horreur, mais, en réalité, c’est plutôt un thriller un peu sanglant. On n’a jamais vraiment peur. Il y a quelques longueurs, des passages dont on ne comprend pas réellement la pertinence. On a l’impression qu’il y avait un cahier des charges à remplir et que les scénaristes ont coché des cases.

La réalisation n’est pas non plus exceptionnelle. Le point positif est que l’atmosphère très étouffante des petites bourgades américaines se ressent. À la fin du film, on n’a qu’une envie : s’installer dans une ville surpeuplée, avec beaucoup de gens autour, en tout anonymat.

En fait, le gros problème de Killer game est qu’il est trop scolaire. Ce serait un bon film pour des étudiants en cinéma. Mais, quand on voit James Wan en producteur et Sydney Park en actrice, on s’attend à quelque chose de mieux. Si vous êtes déjà bien connaisseur des films d’horreur, vous risquez de bâiller d’ennui. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez toujours tenter le visionnage.

Killer game -There’s Someone Inside Your House pour le titre original – est disponible sur Netflix.

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