Kazakhstan : des dizaines de morts, plus d’un millier de blessés et des troupes russes – Libération

Des «dizaines» de manifestants ont été tués par la police dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu’ils tentaient de s’emparer de bâtiments administratifs au Kazakhstan. Les pertes sont également lourdes chez les forces de l’ordre. La Russie, qui envoie un contingent de «maintien de la paix», tandis que la France et Londres appellent à la désescalade.

L’escalade et la répression au Kazakhstan. Après avoir laissé les manifestants dans les rues du pays pendant plusieurs jours, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a choisi le recours à la force. Ce jeudi, la police kazakhe a annoncé avoir arrêté plus de 2 000 personnes dans les rues d’Almaty. Selon le ministère de l’Intérieur, les agents de police avaient pour mission de «nettoyer les rues». Les manifestants arrêtés ont été emmenés dans les commissariats de la ville, tandis que plusieurs véhicules blindés et des dizaines de soldats se sont déployés sur la principale place d’Almaty.

Dans la foulée, le gouvernement essaye de calmer la contestation : Il a annoncé ce jeudi plafonner pour six mois le prix de vente des carburants. L’annonce de la hausse de son prix avait été l’étincelle déclenchant la vague de contestation. Cette mesure, détaillée sur le site du Premier ministre, vise à «stabiliser la situation socio-économique» dans ce pays d’Asie centrale. Le pays est secoué depuis plusieurs jours par de violentes émeutes, qui ont vu la foule prendre d’assaut des bâtiments gouvernementaux de ce pays d’Asie centrale riche en ressources naturelles.

Soutien de la Russie

Dès mercredi, le président Kassym-Jomart Tokaïev avait appelé au secours ses alliés de l’Organisation du traité de sécurité collective (l’OTSC). Les troupes russes «de maintien de la paix» arrivent au Kazakhstan, indiquait ce jeudi matin la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. «Une force collective de maintien de la paix de l’Organisation du traité de sécurité collective a été envoyée […] pour une période limitée afin de stabiliser et de normaliser la situation», affirme-t-elle dans un communiqué.

L’OSTC rassemble autour de la Russie plusieurs anciennes républiques soviétiques, dont le Belarus et l’Ouzbékistan. Le président du Kazakhstan lui a demandé de l’aide face à ce qu’il appelle une «menace terroriste».

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Nuit d’émeute

Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police a dénombré plusieurs dizaines de morts. «Plus de mille personnes ont été blessées à la suite des émeutes dans différentes régions du Kazakhstan, près de 400 d’entre elles ont été hospitalisées et 62 personnes sont en soins intensifs», a aussi indiqué le vice-ministre Ajar Guiniat à l’antenne de la chaîne Khabar-24 et cité par les agences Interfax et TASS.

Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a jusque-là échoué à calmer les protestations, malgré une concession sur le prix du gaz, la démission de son gouvernement et l’instauration de l’état d’urgence et d’un couvre-feu nocturne dans le pays. Il parle dorénavant d’actions terroristes.

«La nuit dernière, les forces extrémistes ont tenté de prendre d’assaut les bâtiments administratifs, le département de la police de la ville d’Almaty, ainsi que les départements locaux et les commissariats de police», affirme le porte-parole de la police Saltanat Azirbek, cité par les médias locaux, ajoutant qu’une opération «antiterroriste» était en cours dans l’un des quartiers d’Almaty.

L’étincelle de la hausse du prix du gaz

Les images diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux montrent des scènes de chaos avec des magasins pillés et certains bâtiments administratifs investis et incendiés à Almaty, tandis que des tirs d’arme automatique pouvaient être entendus.

Partie de l’Ouest, la protestation – initialement contre la hausse brutale des prix du gaz – a pris de l’ampleur, s’est répandue dans les villes alentour. Dans la nuit de dimanche à lundi, des manifestations ont éclaté à Aktaou, la capitale régionale. De quelques centaines de manifestants, on est passé, au fil de la journée, à plusieurs milliers, puis des dizaines de milliers. Aux revendications économiques commencent à se mêler des slogans politiques : démission du gouvernement et du gouverneur de la région. Lundi soir, la protestation avait gagné la plupart des grandes villes kazakhes.

Les manifestants ont réussi à s’emparer de bâtiments administratifs et brièvement de l’aéroport, tandis que les pillages se sont multipliés. Dans les villes de l’Ouest, on voit des policiers rompre les rangs et fraterniser avec les manifestants. Il y a pratiquement dix ans jour pour jour, un vaste mouvement de contestation sociale et de grèves, réprimé dans le sang, avait fait des dizaines de morts.

Face à l’escalade de violence, Paris et Londres ont appelé «toutes les parties» à la «modération», ainsi qu’à un règlement «pacifique» de la crise.

Mise à jour : actualisé ce jeudi à 13h50 avec le nombre d’arrestations.

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