Justice / Chalon-sur-Saône. Procès de Valérie Bacot : “Face à vos versions, la cour est … – Le JSL

Ce qu’il faut retenir de la journée de mardi

>> L’audience de ce mardi a permis d’entendre trois des quatre enfants de l’accusée et de Daniel Polette le matin. Ils ont montré une totale solidarité envers leur mère. Décrivant un climat de violence voire de terreur instauré par leur père au domicile.
>> Toutefois, questionnés sur la responsabilité de chacun dans les actes durant le week-end du crime, ils ont été mis en face de certaines contradictions dans leurs déclarations successives.
>> Durant l’après-midi, après l’audition des experts gendarme, balisticien et légiste, Valérie Bacot a été interrogée sur les faits.
>> “La cour est perdue face à vos différentes versions” a réagi la présidente face à l’accusée. Valérie Bacot a présenté son gendre Lucas comme celui qui a versé le somnifère dans le café de Daniel ; celui aussi qui a pris les choses en main pour cacher le crime. Valérie a même affirmé qu’il avait une emprise sur elle.
>> L’accusée s’est braquée sur les questions de l’accusation, refusant de répondre davantage à l’avocat général qui la questionnait sur les éléments de préméditation.

L’audience reprendra mercredi à 9 heures. L’audition de la mère de l’accusée sera très attendue.

18 h 20 : l’audience est suspendue jusqu’au lendemain.

17 h 50 : la présidente fait circuler des photos du dossier.

17 h 45 : “Je supporte plus les feux d’artifice, ça me fait revivre ce moment-là”
Me Tomasini interroge sa cliente sur son état d’esprit au moment des faits. Valérie répond qu’elle était à bout, perdue, qu’elle a agi dans un tourbillon. Question : “Vous avez dit avoir vu comme un éclair, quand vous avez tiré.”
-Oui. C’est pour ça qu’aujourd’hui je supporte plus les feux d’artifice, les trucs comme ça… ça me rappelle ce qui s’est passé.”
Me Bonaggiunta interroge Valérie Bacot sur des éléments de personnalité, son activité d’aide à des personnes âgées, le soutien qu’elle peut apporter à ses enfants…

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17 h 42 : “J’ai plus rien à dire”
L’avocat général questionne Valérie Bacot, elle se crispe beaucoup.

Valérie Bacot raconte une anecdote récente mettant en scène une référence très douteuse qu’elle a entendu de la part d’un gendarme sur son son activité de prostitution pour dire à l’avocat général que “pour porter plainte, c’est compliqué. Et vous me dites d’aller voir les gendarmes mais vous ne vous rendez pas compte.”
L’avocat général revient à Lucas. “Je vous interrogeais sur la dynamique entre lui et vous au moment des faits.”
Valérie Bacot explique qu’après le crime, “Lucas m’a dit : “si tu préviens les gendarmes, tu perds tes enfants”. Et moi mes enfants, c’est toute ma vie.
-Mais c’est bien vous qui décidez d’enterrer le corps ?
-Sinon je perdais mes enfants.
Vous n’avez jamais pensé à tuer votre mari ?
-J’ai plus rien à dire.
-C’est pourtant toute la question de ce procès”, déplore l’avocat général Eric Jallet.
Valérie Bacot ne lui répond plus et c’est maintenant à la défense de la questionner.

17 h 30 : “C’est le moment d’essayer de comprendre “
La présidente a terminé son interrogatoire. L’accusée a à plusieurs reprises dit que Lucas a été très entreprenant, avant et après le crime.
C’est maintenant l’avocat général qui questionne Valérie Bacot.”Aujourd’hui vous lisez les enseignements de votre thérapie ainsi : “Lucas a de l’emprise sur moi” ?” Réponse obscure de l’accusée.
“Vous percevez que Lucas lui même a une vie compliquée et est un peu perdu ?”, poursuit l’avocat général.
Il recentre : “C’est le moment d’essayer de comprendre ce qui s’est passé à ce moment-là.”
Valérie Bacot explique être allée voir Lucas en premier après le crime car “c’était la logique d’aller vers quelqu’un qui savait ce qui se passait.
-Laissons la logique de côté. Car la logique, ça aurait peut-être été d’aller voir les gendarmes et de dire “j’ai tué mon mari qui me battait et me prostituait” “, répond le magistrat.

17 h 25 : “Lucas a eu une emprise sur moi, lui aussi”
L’interrogatoire de l’accusée continue.
“Vous vous doutiez qu’à un moment vous alliez vous faire arrêter ?, demande la présidente.
-Oui, et on se disait que c’était hors de question d’impliquer Dylan (son fils aîné, NDLR), on se mettait d’accord. Et en garde à vue, untel a dit ça, untel a dit ça, et j’avais plus le choix.”
Sur sa liaison avec Lucas : “C’était juste quelques mois, comme ça, avant d’aller en prison.”
La présidente relance sur le caractère étrange de cette histoire. C’était le compagnon de sa fille.
“Lucas a eu une emprise sur moi, lui aussi”, répond Valérie Bacot. Qui dit que maintenant, elle en est sortie et ne fait plus confiance à personne.

17 h 10 : “Le message, c’est impossible”
La présidente poursuit son interrogatoire. Valérie Bacot sanglote en répondant, de manière désordonnée et sur un ton rapide.
“Le message envoyé à Lucas (“ça y est, c’est  fait”), c’est impossible, maintient-elle. J’avais pas son numéro, et pas internet hors de chez moi avec mon téléphone.”
Elle répond aux questions sur la gestion de sa vie de famille après le crime, les différents déménagements, les rendez-vous avec l’assistante sociale… “J’étais perdue”
Elle raconte en pleurs comment elle s’est rendue compte que d’autres femmes avaient subi des violences conjugales. “J’ai compris avec les services sociaux que c’était pas tout de ma faute, que d’autres femmes avaient subi la même chose que moi avant.”
Elle raconte cette période durant laquelle Daniel était officiellement disparu, pas encore découvert mort.
“Vous disiez quoi aux gens ?, demande la présidente Therme.
-Ce que Lucas nous disait de dire. Qu’il était parti.”

17 h 05 : “On a suivi les instructions de Lucas”
Valérie doit répondre sur l’après-crime.
“Pourquoi tous ces actes de dissimulation ?
-Je voulais rester avec mes enfants jusqu’à ce qu’ils soient majeurs.
-Aux 18 ans du dernier, vous vous seriez dénoncée ?
-Oh, bien avant, quand les deux aînés auraient été en apprentissage.
-Vous avez pourtant élaboré une version de la disparition très détaillée.
-J’étais perdue. On a suivi les instructions de Lucas.”

17 h : “Daniel pouvait vous laisser aller chercher son arme chargée ?”
La présidente questionne l’accusée sur le soir du crime.
La présidente lit les déclarations de Valérie durant l’instruction, mais aussi devant le tribunal pour enfants en novembre 2019 au procès de ses enfants, au sujet de la décision d’emmener l’arme dans la voiture pour se rendre au rendez-vous de prostitution. “Déjà là, il y avait des divergences, où est la vérité ?”
Valérie livre une réponse embrouillée. Concluant que c’est elle qui a emmenée l’arme dans la voiture mais sur décision de Daniel.
“Il pouvait vous laisser aller chercher son arme chargée dans le placard et en prendre possession ?
-Oui.”

16 h 45 : “Ces versions sont radicalement opposées”
La présidente confronte Valérie Bacot à ses anciennes déclarations.
“Vous aviez dit au juge d’instruction “Je n’avais plus le choix.” C’est quoi ?, demande la présidente.
-Il fallait que je protège mes enfants, ça ne pouvait pas continuer, je ne savais plus quoi faire” (réponse dans un sanglot, confuse encore).
La présidente lit ensuite toute la déposition concernant le somnifère devant la juge d’instruction, dans laquelle Valérie avait dit avoir pris elle-même cette initiative de droguer Daniel, Lucas donnant des conseils sur le dosage. “Hier soir vous avez dit que c’était Lucas qui avait écrasé et versé le Stilnox. Ces versions sont radicalement opposées. Où est la vérité ? Quand la dites-vous ?” Valérie sanglote. “Tout ce que j’ai à dire, c’est que je me souviens que par épisodes. C’est pas question de dire que c’est la faute d’un autre. Le Stilnox, c’est moi qui l’ai écrasé et Lucas qui l’a versé. Je lui ai dit de pas trop en mettre. Je veux mouiller personne. C’est à moi d’encaisser.”
Elle vient pourtant de dire que c’est Lucas qui a versé le somnifère.
“Face à vos versions, la cour est perdue”, dit la présidente.
-Je veux protéger les autres, c’est moi l’adulte, répond l’accusée.
-On veut la vérité, répète la présidente.
-C’était Lucas.”

Et maintenant, on va parler de l’arme…

16 h 35 : “Venons-en aux faits”
“Je voudrais maintenant qu’on parle des faits”, prévient la présidente.
Elle revient sur le somnifère. Relit les déclarations faites par Valérie Bacot devant la juge d’instruction. Demande de confirmer ses propos. Valérie répond : “En garde à vue, on est paumé, je voulais juste que ça s’arrête. Devant la juge, je répondais au plus court, je savais plus.” Réponse très confuse.

16 h 30 : “ça m’a fait du bien de voir que mes enfants sont très bien maintenant”
L’audience reprend avec l’audition de Valérie Bacot.
Mains sur la barre, elle dit que ça lui a fait du bien d’entendre ses enfants, “voir qu’ils sont très bien maintenant. Je suis fière de ce qu’ils sont. Elle dit aussi : “ça me fait du mal de voir qu’ils ont dit des choses qu’ils n’ont jamais dites à moi, je pensais qu’ils ne savaient pas, j’essayais de les préserver, je ne savais pas qu’ils se rendaient compte de tant de choses.”

Illustration Sébastien LACOMBRE

16 heures : L’audience est suspendue. Elle reprendra à 16 h 25

La présidente indique vouloir présenter différentes photos figurant au dossier, et illustrant les lieux des faits, les repères géographiques… ainsi que des portraits de Daniel Polette, et de Valérie Bacot adolescente lors de la procédure de 1995.

15 h 50 : “Il y a eu un tir d’arme à feu dans cette voiture”
La présidente interroge le gendarme TIC.
“C’était bien une trace de sang dans le coffre de la 807. Un mélange, avec du sang identifié comme étant celui de Daniel Polette”, relève la présidente Céline Therme.
La recherche de résidus de tirs dans la 807 confirme qu’il y en a. “Il y a eu un tir d’arme à feu dans cette voiture”, acquiesce le gendarme.
Pourtant, rappelle la présidente, “Valérie Bacot a tantôt parlé de la 806, tantôt de la 807 (les deux véhicules du couple) comme étant la voiture dans laquelle ça s’est passé, donc on s’est posé des questions”, dit la présidente. “Elle disait que c’était le 806 qui était aménagé pour la prostitution.” Le gendarme répond qu’il y a aussi pu y avoir un transfert, si une personne avait du sang sur elle et a changé de véhicule.

15 h 30 : “Des traces de sang dans la maison”
Audition du major Delbecq, technicien en identification criminelle à la gendarmerie.
Ses services ont procédé à des recherches de traces dans la maison, dans le véhicule, sur le cadavre de Daniel Polette.
“Dans la maison, des traces de sang ont été relevées à deux endroits. Sur la moquette dans la chambre à l’étage, et sur le parquet du couloir. La première  contient un ADN féminin, la seconde celui de Daniel Polette. Les faibles traces ne permettent pas d’avancer que la scène de crime est la maison.”
Quatre prélèvements de traces ont été effectués dans les deux véhicules du couple, mais n’ont pas permis d’établir de profil génétique.
L’expert souligne ensuite la difficulté à retrouver le corps dans le bois de la Garenne, devant les indications “imprécises” de Valérie Bacot et ses enfants.
Il détaille l’exhumation. “Le corps est face contre terre, rectiligne, les mains ont disparu en raison de la putréfaction. Décomposition avancée. Il est proche d’un état de momification.” Il détaille les quelques vêtements qui restaient sur le corps, ou à proximité.

15 h 25 : “Pas de trace de médicament”
L’audition de l’expert balisticien est terminée. Le légiste et lui sont libérés par la cour. La présidente donne lecture de rapports d’examens toxicologiques sur le corps de Daniel Polette, qui relèvent l’importante détérioration du corps, eu égard au temps écoulé avant sa découverte. “Pas de trace de médicament”, conclut le rapport.

15 h 10 : “Rappelons que l’arme n’a jamais été retrouvée”
La présidente demande à faire circuler le modèle d’arme auprès des parties. Elle rappelle que “ce n’est pas l’arme qui a été utilisée pour le crime. Celle-ci n’a jamais été retrouvée. Il s’agit du modèle d’arme similaire fourni par l’expert balisticien.”
L’avocat général demande à l’expert si, à une courte distance, le tireur visant la nuque peut se douter du caractère immédiatement létal d’un tel tir. La réponse est positive.
Pour appuyer sa démonstration, l’expert pointe son arme vers la cour. Légers rires dans la salle de presse.
“On peut en déduire qu’elle ne ment pas dans la façon dont elle décrit le crime, depuis le début ?, demande la présidente à l’expert en balistique à la fin de ses explications. Il acquièsce.

14 h 50 : “Un tout petit calibre, très petit et perforant”
Le balisticien est à la barre. Il parle d’un projectile d’un calibre “tout petit, très petit et perforant”. Il a apporté une arme du type de celle qui a été utilisé pour tuer Daniel Polette. Un revolver, avec un barillet, donc. “Une arme à un coup. Il fallait donc qu’elle soit armée.” Le technicien détaille son fonctionnement, souligne que ce modèle est plutôt rare.
Il dit la même chose que le légiste : “Avec le temps écoulé (avant la découverte du corps, NDLR), on a perdu un grand nombre d’informations.” Notamment le fait que le tir aurait laissé des traces sur le tireur s’il est suffisamment proche, comme le décrit Valérie Bacot.
Valérie Bacot avait déclaré ne pas se souvenir avoir effectué le geste d’armer, rappelle la présidente. “Il faut armer, avec cettearme, c’est nécessaire”, répond le balisticien, formel.

Le modèle d’arme qu’avait désigné Valérie Bacot comme étant celui utilisé.
Le geste criminel tel qu’il a été décrit par Valérie Bacot. Illustration Sébastien LACOMBRE

14 h 35 : “Le corps était enterré à moins d’un mètre”
L’audience reprend avec l’audition du médecin légiste. Le corps de Daniel Polette avait été retrouvé le 3 octobre 2017, sur indication de Valérie Bacot alors en garde à vue. “Il était enterré à moins d’un mètre”, souligne l’expert.
“Je pense que le projectile a traversé le cerveau”, ajoute le Dr Begue à la barre.
“Le décès peut prendre combien de temps ?, demande la présidente.
-C’est une histoire de minute mais la perte de conscience est immédiate.”

13 h 20 : fin de l’audition de David Borde. L’audience est suspendue jusqu’à 14 h 30

13 h 02 : “J’ai su, j’ai rien dit”
L’audition de Karline est terminée. David Borde est appelé à la barre. Cet homme de 27 ans, qui un lien de parenté éloigné avec Lucas, a été mis en examen dans ce dossier pour non-dénonciation de crime mais un non-lieu a été prononcé.
“J’ai su, j’ai rien dit”, résume David Borde à la barre, qui explique avoir fait la connaissance de la famille Bacot/Polette en 2017, après le meurtre.
“Lucas est-il un meneur capable d’influencer les autres ?, demande la présidente.
-Oui, je pense qu’il en est capable.”
Evoquant ses échanges avec Valérie, qui lui a fait des confidences, David Borde déclare : “Un jour elle m’a dit qu’elle en avait pris marre et avait tué son mari”
David Borde, sur question de la présidente, indique qu’il a eu une relation intime avec Valérie Bacot, une fois. “C’est moi qui suis allé vers elle.
-Vous aviez dit l’inverse en garde à vue, remarque la présidente, que c’est elle qui était venu vers vous…”
Il décrit ensuite Lucas comme celui “qui décidait tout à la maison, voulait toujours dominer, c’est son caractère. Valérie arrivait parfois à lui dire non.”

Valérie Bacot ce mardi à l’audience. Photo JSL/K.B.

Valérie Bacot ce mardi à l’audience. Photo JSL/K.B.

13 heures : “C’était pour l’endormir”
Questionnée par l’avocat général, Karline parle du somnifère : “C’était pour l’endormir”.
“Ce n’est pas ce qu’a admis Lucas hier…” rappelle le magistrat qui porte l’accusation.
Il rappelle aussi les propos de Valérie rapportés par Karlyne lors d’une audition : “Elle m’avait dit qu’elle allait en profiter” (après avoir tué Daniel, NDLR).
“C’était un pressentiment, dit Karline.
-Non, ce sont des propos que vous dites avoir entendus.
-Je ne me souviens pas avoir dit ça”, répond Karline.

12 h 55 : Liaison de sa mère avec Lucas : “Oui je l’ai su”
La présidente demande à Karline : “Vous saviez que votre mère avait entretenu une liaison avec Lucas alors que vous étiez encore avec lui ?
-Oui je l’ai su, j’ai jamais su quoi en penser. Mais je sais qu’elle a pas voulu me faire du mal.”
“Ma fille et lui sont séparés, personne ne voit à notre rapprochement d’inconvénient particulier” : Ce sont des lignes du livre de Valérie Bacot sorti en mai, à propos de sa relation avec Lucas.

12h35 : “J’ai rien vu de mes yeux, mais je sais que Lucas voulait le faire”
La présidente questionne Karline.
“Il a été question d’un divorce, une fois ?
-Il nous en a parlé mais nous a dit ensuite que c’était pour voir notre réaction, qu’il ne la quitterait jamais.”
La présidente aborde maintenant le week-end des faits.
Sur le somnifère, la jeune fille répond : “J’ai rien vu de mes yeux, mais je sais que Lucas voulait le faire. Il m’a dit ça. Et il m’a dit qu’il l’a géré.”
Concernant le message envoyé à Lucas “ça y est c’est fait” par Valérie : “Ma mère n’avait pas de téléphone pour envoyer ce message, c’est pas possible.” Elle nie avoir eu connaissance de l’existence de ce message. “Pourtant en garde à vue vous aviez dit le contraire”, relève la présidente. “J’ai jamais vu ce message. En garde à vue à un moment je ne voulais plus répondre et on m’a dit qu’elle serait prolongée, alors j’ai dit ça mais c’était pas vrai.”

Le somnifère

Rappelons cet épisode du somnifère qui prête à de nombreuses questions au procès.
Valérie Bacot a toujours expliqué avoir tué son mari le 13 mars 2016 au soir, à l’issue d’une passe avec un client, dans la voiture du couple, au bord d’une route à Champlecy.
Mais elle a aussi dit que durant le week-end du crime, elle avait déjà tenté de lui faire boire un café chargé en Stilnox, pour le neutraliser. Daniel n’avait pas voulu boire le café, lui trouvant un gout bizarre.
Depuis le début de l’audience, les questions posées à chacun portent sur ceci :
-qui a eu l’idée du somnifère, qui l’a écrasé, qui l’a mis dans le verre ?
-En quelle quantité ?
-Dans quel but exactement ? L’endormir quelques heures ? Le neutraliser pour le tuer ?

12 h 20 : “Notre vie d’avant était très compliquée”
L’audience reprend avec l’audition de Karline, fille de Valérie et Daniel. Elle a 20 ans.
“Notre ancienne vie était une vie très compliquée. Remplie de cris. On était terrorisés.” (…) “Ma maman se faisait énormément battre.”
Elle explique avoir compris que sa mère devait se prostituer car elle se doutait qu’elle ne partait pas “travailler au McDo,comme disait notre père”. La seule fois où elle avait travaillé, pour la mairie, j’avais dû la rappeler en la suppliant de revenir car il allait nous tuer. Alors j’ai cherché, trouvé ses cartes de visite avec marqué escort girl dessus, j’ai cherché sur internet parce que je savais pas ce que ça voulait dire…”
Sa déposition est très posée et claire. Elle parle des gestes tendancieux de son père à son égard. “Un jour il m’a dit installe-toi, dis-moi, comment tu es sexuellement, est-ce que tu as tes règles ? Je lui ai dit que je ne comprenais pas le sens de sa question. Ma mère m’a dit ensuite que ce n’était pas possible, qu’il voulait me prostituer. Je ne voulais pas finir comme ma maman.”

12 heures : l’audience est suspendue 15 minutes.

11 h 55 : “Il ne nous a jamais manifesté d’amour”
La défense questionne le fils. “Votre père vous a-t-il manifesté de l’amour ?
-Non, il ne nous a jamais manifesté d’amour.”
-Votre mère vous a-t-elle dit qu’elle voulait le tuer ?
-Elle ne nous l’a jamais dit avant.
-Est-ce qu’elle vous a dit qu’elle était triste de l’avoir tuée ?
-Non je n’en ai pas le souvenir.”
C’est pourtant ce qu’il avait dit lors d’une audition durant l’enquête.

Je pense qu’à force elle serait morte à cause des violences qu’on subissait

 Dylan, fils de Valérie Bacot

11 h 45  : “Je sais pas comment ça aurait pu finir autrement”
L’avocat général questionne Dylan.
“Est-ce que votre père méritait la mort ?
-C’est pas un mot qu’il faut employer… Bon maintenant la vie que j’ai aujourd’hui je l’aurais jamais eu s’il était là.
-Mais comment vous en aurait-il empêché ?
-Je sais pas, mais il nous interdisait tant de trucs.
-Pourtant vous aviez une petite amie.
-Lucas et ma copine étaient les seuls qu’on invitait à la maison.”
Le témoin convient que “souhaiter la mort, ça ne se fait pas”.
“Elle aurait pu faire autrement, votre mère, non ?, questionne l’avocat général.
-Pas à ce que je sache. Mon frère a été voir les gendarmes, ils ont rien fait. Je sais pas comment ça aurait pu finir autrement.”
Dylan évoque les femmes qui meurent sous les coups de leurs conjoints. “Il y en a beaucoup.” Il dit ensuite que les langues se délient, “les femmes deviennent un peu plus égales aux hommes”.

Photo ci-dessous : La maison à Chassenard où la famille Bacot s’était installée, peu avant les interpellations.

Photo JSL/Ketty BEYONDAS

11 h 30 : “On avait la peur qu’il se relève et nous tue”
Dylan est interrogé sur l’enterrement du corps du père. “On avait la peur qu’il se relève et nous tue. Et peur ensuite jusqu’à l’arrestation, qu’on soit séparés. On a toujours eu peur. Sa mort, ça nous a tous rapprochés, on était tous soudés.”
En fin d’audition, il est interrogé sur sa vie d’aujourd’hui. Il est jeune papa et dit vivre plus sereinement. La présidente souligne ce petit coin de ciel bleu dans des débats très sombres. “ça fait du bien, un peu d’optimisme.”

11 h 15 : La prostitution, “j’en ai eu connaissance après les faits”
Le frère aîné est toujours à la barre.
Interrogé par la présidente sur l’activité de prostitution de sa mère, il dit : “J’étais dans mon monde. Je ne savais pas. J’en ai eu connaissance après les faits.”
Quelques mètres derrière lui, Valérie Bacot est toujours assise un peu courbée sur sa chaise, mains jointes entre ses jambes serrées, regard immobile.

11 heures : Au tour de l’aîné, Dylan
Après de nombreuses questions de la défense autour du climat au sein du foyer, l’audition du fils est terminée.
C’est maintenant son frère aîné Dylan qui est appelé à la barre.
Il a 22 ans. Lui aussi a été condamné pour recel de cadavre en novembre 2019 dans le cadre de cette affaire. Il était présent dans les bois pour enterrer son père.
Dylan aussi attaque sa déposition par les violences du père : ‘Il pouvait nous en mettre une sans aucune raison. Au début, je croyais que dans toutes les familles c’était comme ça. Depuis que j’ai rencontré celle de ma copine je me rends compte que ça peut être différent. On a toujours vécu dans la douleur. On subissait ses ordres, fallait pas réfléchir.
Lui aussi affirme que seule sa soeur échappait aux coups parmi les trois plus grands enfants.
“Ma mère a toujours été là pour nous soutenir, nous protéger.”

10 h 25 : “C’est quand même curieux…”
L’avocat général questionne le fils de Valérie Bacot. Et il est toujours sceptique concernant les violences au quotidien.
“On nous décrit Daniel Polette comme un tyran domestique et un violent quotidien. Pourtant, on n’a aucun certificat médical, c’est quand même curieux”, souligne l’avocat général. Le fils assure qu’il prenait des gifles régulièrement, des coups à la tête. Qu’il ne se confiait à personne car il n’avait pas d’amis à l’extérieur. “Je parlais à personne.”
Revient la question de “pourquoi ne pas être partis ?” posée par l’avocat général.
“Vous vouliez qu’on aille où ? On avait pas d’argent, nulle part où aller, on était piégés !
-C’est-à-dire que ni le maire, les services sociaux, Mme Granet etc. etc. Personne ne peut vous aider ? Vous êtes piégés ?
-Oui.
-En fait non. Mais vous le croyez ?”

10 heures : Somnifère : “C’est qui, il ?”
La présidente reparle du somnifère à Kevin.
“Devant le tribunal pour enfants  en novembre 2019, vous aviez déclaré “Il prépare café et met le somnifère.” C’est qui, il ?”
-Lucas (le gendre, NDLR).”
Le fils Bacot parle ensuite des deux visites à la gendarmerie pour dénoncer les violences conjugales que les enfants soutiennent avoir effectuées. La présidente lui demande les dates précises, “car elles ne sont pas toujours concordantes.”
Il maintient que ses visites ont eu lieu, que sa mère ne voulait pas y aller car elle avait peur, “on y est allés quand même car elle voulait que ça s’arrête”.
Concernant la décision et l’acte d’enterrer le corps, “on était traumatisés et on suivait ce qu’ils nous disaient de faire”, avait déclaré le témoin devant le tribunal pour enfants de Mâcon. “Hier, le gendre a dit que c’était une décision collective, à 4”, rappelle la présidente. Qu’en dites-vous ?
-C’est plus lui qui a décidé”, soutient le fils Bacot/Polette.
Comment on vit le fait d’avoir participé collectivement à enterrer son père dans les bois en pleine nuit ?, demande la présidente.
Sur le coup, on s’est pas du tout posé de questions…” répond-il après avoir fait répété la question.
Il explique ensuite qu’ils avaient peur que Daniel revienne.
“C’est-à-dire que même mort, il vous hantait ?”, réagit la présidente.

Ci-dessous : le bois de la Garenne où a été enterré le corps.

Le bois de la Garenne où a été enterré le corps. Photo JSL/K.B.

9 h 45 :“Elle est non-coupable”
Agé de 21 ans (16 au moment des faits), le deuxième des quatre enfants du couple Bacot/Polette, Kevin, est à la barre.
Il déclare d’emblée : “Ma mère est non-coupable. Elle a tellement souffert pendant des années. Personne ne l’a aidée.”
La présidente le questionne sur l’ambiance qui régnait au sein du foyer. Il décrit un père “violent”.
“Il était violent avec votre mère ?, demande la présidente.
-Oui. Vraiment.
-Vous l’avez vu ?
-Pas vraiment mais on la voyait pleurer, même des fois elle boîtait…”
Il explique que Daniel Polette faisait peur à toute la famille. Il confirme qu’il aimait les armes et en possédait.
Il affirme qu’il a “à peu près entendu” ce qu’a dit son père à sa soeur, peu avant le crime, et que Valérie Bacot présente comme le fait qui l’a décidée à passer à l’action. “Il a demandé à ma soeur comment elle était sexuellement.”

9 h 40 : l’audience est ouverte

9 h 30 : Tout le monde est arrivé, l’audience devrait pouvoir commencer.
Lundi soir, à la suspension de fin de journée, Valérie Bacot n’osait pas sortir de la salle, et voulait éviter, a-t-elle dit, la nuée de caméras et appareils photos qui l’attendaient à la sortie. Elle dont la défense a orchestré une médiatisation très importante de son affaire, elle qui a aussi choisi de publier sa biographie six semaines avant l’audience, vit mal l’affluence médiatique très forte à son procès d’assises.

8 h 50 : Arrivée de Valérie Bacot avec ses proches au palais de justice.
Dans la salle des pas perdus, en patientant, les commentaires entre journalistes vont bon train sur le ressenti de cette très dense première journée d’audience. Marquée notamment par des échanges parfois tendus entre l’accusée et l’avocat général.

L'avocat général Eric Jallet et l'avocate de la défense MeTomasini. Photo JSL/Ketty BEYONDAS
L’avocat général Eric Jallet et l’avocate de la défense MeTomasini. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

8 h 45 : la 2e journée devrait démarrer en retard à cause de problèmes de circulation.
Dans la salle, avocates et avocat général sont déjà présents.

7 h 45  : Le programme de la journée de mardi
Cette 2e journée d’audience sera notamment consacrée, ce matin, à l’audition des enfants de Valérie Bacot et Daniel Polette.
Dans l’après-midi, le médecin légiste et le balisticien doivent également être entendus. L’audience démarre à 9 h.

Ce qu’il faut retenir de la première journée d’audience

>> L’accusée a longuement été interrogée sur sa vie, sa relation avec Daniel Polette, puis sur le meurtre.
>> Elle a répondu des choses parfois différentes de ses déclarations en garde à vue (sur l’arme, le somnifère), indiquant qu’elle ne se souvenait pas de tout. Elle a fini par admettre qu’elle avait amené l’arme sur les lieux du crime.
>> Elle a dit plusieurs fois qu’elle ne “voulait pas le tuer”.
>> Son gendre a été interrogé. Il a notamment soutenu que deux tentatives de dénoncer les violences conjugales à la gendarmerie avaient été effectuées par les enfants.  Sans succès.
>> Le directeur d’enquête a été entendu.

7 heures : Le procès d’une affaire hors norme

Il y a cinq ans, une femme tuait son mari et décidait, avec l’aide de ses enfants, d’enterrer le corps dans une forêt à La Clayette, au sud de la Saône-et-Loire. Derrière ce crime hors du commun, l’histoire de Valérie Bacot, femme battue, sous emprise, contrainte de se prostituer…et même violée dans son enfance par celui qui est devenu ensuite son époux, a suscité l’intérêt de très nombreux médias et suscité l’émoi de l’opinion. Son procès démarre ce lundi 21 juin à 9 heures. Il doit durer cinq jours. Valérie Bacot encourt la prison à perpétuité. Suivez avec nous l’avancée de l’audience.

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