Journée de deuil national en France pour saluer sobrement la mémoire de Valéry Giscard d’Estaing – Le Monde
Livre d’or au musée d’Orsay, drapeaux en berne : la France salue sobrement, mercredi 9 décembre, la mémoire de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, décédé il y a tout juste une semaine, à l’occasion d’une journée de deuil national. Une minute de silence sera organisée à 12 heures dans plusieurs institutions et les drapeaux des bâtiments officiels seront mis en berne.
« VGE », qui présida la France le temps d’un mandat, de 1974 à 1981, est mort à l’âge de 94 ans le 2 décembre des suites du Covid-19, entouré des siens dans sa propriété d’Authon, petit village du Loir-et-Cher où il a été enterré samedi dans la plus stricte intimité familiale. Valéry Giscard d’Estaing n’avait pas souhaité d’hommage national, contrairement à celui qui avait été organisé pour l’ancien président Jacques Chirac en septembre 2019.
Européen convaincu
Emmanuel Macron, qui avait décrété une journée de deuil national en l’honneur de cette « figure centrale de l’histoire de notre République », saluée par tous comme un modernisateur et un Européen convaincu, recevra sa famille à l’Elysée dans l’après-midi.
Le musée d’Orsay à Paris, créé en 1977 à l’initiative de l’ancien président, et fermé actuellement pour cause de Covid-19, sera exceptionnellement ouvert et un Livre d’or sera mis à disposition. La famille du défunt président se rendra au musée, ainsi que le premier ministre, Jean Castex, qui échangera avec elle.
Des membres du gouvernement, les présidents des deux chambres, Richard Ferrand pour l’Assemblée, et Gérard Larcher pour le Sénat, ainsi que le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius sont également attendus au musée. Plusieurs responsables politiques avaient appelé à donner au musée d’Orsay le nom de Valéry Giscard d’Estaing.
D’autres registres seront ouverts en France à l’initiative des préfets et des maires. Les enseignants qui le souhaitent pourront également consacrer un moment pour évoquer la mémoire de Giscard.
« Plaque commémorative »
Le bureau de l’Assemblée nationale devrait de son côté proposer qu’une « plaque commémorative » soit apposée dans l’hémicycle, comme celle dévoilée le 23 septembre pour l’ancien président Jacques Chirac.
Les députés ont rendu hommage mardi à l’ancien chef de l’Etat, en observant une minute de silence dans l’hémicycle. Valéry Giscard d’Estaing fut député du Puy-de-Dôme à de nombreuses reprises entre 1956 et 2002. S’associant à « l’hommage » des parlementaires, le premier ministre, Jean Castex, a insisté sur son « engagement européen » et rappelé qu’à cet égard « il ne fut pas toujours compris » à l’Assemblée. Il a aussi évoqué ses « réformes essentielles », qui firent « bouger les lignes de notre société », même si « les contestations furent vives ».
D’autres hommages sont prévus notamment à Chamalières, fief historique de VGE, dont il fut maire et dont le maire actuel est son fils Louis.
Hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois, Valéry Giscard d’Estaing avait fait l’une de ses dernières apparitions publiques lors des obsèques de Jacques Chirac, qui fut son premier ministre puis plus tard son successeur. Malgré les différends notoires entre les deux hommes, la veuve de Jacques Chirac, Bernadette, a écrit une lettre de condoléances à Anne-Aymone Giscard d’Estaing.
L’Allemagne « perd un ami » et « un grand Européen », avait salué jeudi la chancelière, Angela Merkel. Né à Coblence (Allemagne) en 1926, Valéry Giscard d’Estaing, diplômé de Polytechnique et de l’ENA, a occupé différents postes ministériels avant d’être élu à l’Elysée en 1974. Il multiplie les réformes sociétales, abaissement de la majorité à 18 ans, ou légalisation de l’IVG, et impose un style nouveau, qui entend alléger la pompe présidentielle.
La deuxième moitié de son septennat est plombée par la crise née des chocs pétroliers et marquée par le soupçon des affaires. Le 10 mai 1981, il échoue à se faire réélire face à François Mitterrand.
Valéry Giscard d’Estaing en quelques dates
2 février 1926 Naissance à Coblence (Allemagne)
1944-1945 A 18 ans, il s’engage dans la première armée française du général de Lattre de Tassigny et est décoré de la croix de guerre
1946-1948 Elève de l’Ecole polytechnique
1949-1951 Ecole nationale d’administration
1952 Epouse Anne-Aymone Sauvage de Brantes
1er janvier 1954 Inspecteur des finances
1955 Directeur adjoint du cabinet du président du Conseil, Edgar Faure
1956 Elu député du Puy-de-Dôme
1959 Secrétaire d’Etat aux finances
1962 Ministre des finances de Georges Pompidou
1966 Elu à la tête de la Fédération nationale des républicains indépendants
1967 Elu maire de Chamalières dans le Puy-de-Dôme
1969 Ministre de l’économie et des finances de Jacques Chaban-Delmas
1972 Ministre de l’économie et des finances de Pierre Messmer
1974 Elu président de la République
1974 Nomme Jacques Chirac à Matignon
1975 La loi Veil autorise l’interruption volontaire de grossesse
1976 Raymond Barre, premier ministre après la démission de Jacques Chirac
1978 Création de l’Union pour la démocratie française (UDF)
1979 Le Canard enchaîné révèle l’affaire des diamants offerts par l’empereur Bokassa
1981 Battu par François Mitterrand au second tour de l’élection présidentielle
24 septembre 1984 Redevient député du Puy-de-Dôme
21 mars 1986 Elu président du conseil régional d’Auvergne
30 juin 1988 Président de l’Union pour la démocratie française (UDF)
1988 Sortie du premier tome de ses mémoires « Le Pouvoir et la Vie »
1989 Elu député européen.
2001-2003 Préside la Convention sur l’avenir de l’Europe
11 décembre 2003 Elu à l’Académie française
2 décembre 2020 Mort à l’âge de 94 ans à Authon dans le Loir-et-Cher