Joe Biden s’engage à réduire les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis de moitié d’ici à 2030 – Le Monde

Joe Biden lors de son sommet sur le climat, jeudi 22 avril 2021.

Joe Biden a dévoilé, jeudi 22 avril, lors de son sommet sur le climat, un nouvel objectif de réduction des émissions polluantes quasiment doublé par rapport au précédent, pour marquer le retour des Etats-Unis dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Le président américain a promis, à l’ouverture de cette réunion virtuelle de deux jours avec une quarantaine de dirigeants mondiaux, de réduire les émissions de gaz à effet de serre de son pays de 50 % à 52 % d’ici à 2030 par rapport à 2005, soit le double de l’ancien engagement de Washington – 26 % à 28 % à l’horizon 2025.

Mettant en garde contre « le coût de l’inaction » et vantant les bénéfices économiques « extraordinaires » qui peuvent découler des réformes écologiques, Joe Biden a exhorté le reste du monde à suivre l’exemple américain au nom d’un « impératif moral et économique ». « Nous devons passer à l’action, nous tous », « nous devons accélérer », a-t-il affirmé, rappelant qu’« aucun pays ne [pouvait] résoudre cette crise tout seul ».

Un « choix historique »

Emmanuel Macron a salué le « choix historique » de Joe Biden et a demandé d’« accélérer sur la mise en œuvre des engagements de l’horizon 2030 », avec « un plan d’action qui soit précis, mesurable, vérifiable ». « Ce sera au cœur de l’action européenne précisément ces prochains mois », a ajouté le chef de l’Etat. Il a aussi demandé de « transformer en profondeur notre système financier ». « La France prendra toutes ses responsabilités dans les prochains mois pour aller plus loin sur le sujet de cette finance au service du climat », a-t-il dit.

De son côté, la militante écologiste suédoise Greta Thunberg a accusé les dirigeants mondiaux d’« ignorer le changement climatique ». S’exprimant par visioconférence devant une commission du Congrès américain, la jeune femme a déclaré : « Puisque le débat [sur le changement climatique] n’existe pas et que le niveau de sensibilisation est ridiculement bas, vous contribuez en toute impunité à la destruction de l’environnement. » « Tôt ou tard, les gens vont prendre conscience de tout ce que vous avez fait », a-t-elle prévenu, ajoutant : « C’est nous, [les jeunes], qui choisirons comment on se souviendra de vous. Faites les bons choix. »

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Le 46e président de Etats-Unis a rejoint dès le premier jour de sa présidence, en janvier, l’accord de Paris sur le climat dont Donald Trump avait claqué la porte. Depuis, à l’opposé du discours climatosceptique de son prédécesseur, Joe Biden décline les avertissements sur « l’urgence » pour éviter une « catastrophe ». Et il a dévoilé un plan de grande envergure pour les infrastructures américaines avec un important volet de transition écologique.

Mais il est attendu au tournant : avant de faire pression sur les autres pollueurs mondiaux afin qu’ils accélèrent la lutte contre le réchauffement, il doit rassurer quant à l’inconstance de son pays en la matière. La diplomatie chinoise avait raillé la semaine dernière « un mauvais élève qui revient sur les bancs de l’école après avoir séché les cours ».

« Agissez », demandent des militants écologistes, à Washington, le 22 avril.

L’Union européenne vise une réduction de 55 % de ses émissions d’ici à 2030

Le nouvel engagement de Joe Biden doit permettre à l’économie américaine d’atteindre la neutralité carbone – c’est-à-dire d’absorber autant de CO2 qu’elle en émet – d’ici à 2050.

La contribution américaine, qui se veut ambitieuse, vise à participer au maintien du réchauffement mondial sous les + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, comme le prévoit l’accord de Paris. Un objectif hors de portée en l’état actuel des engagements nationaux.

Les grandes puissances invitées, qui représentent ensemble 80 % des émissions mondiales, ont annoncé leurs mesures en vue de la grande conférence de l’ONU, la COP26, prévue pour se tenir en fin d’année à Glasgow, en Ecosse.

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La Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre, s’est engagée à « coopérer » contre le réchauffement avec le deuxième, les Etats-Unis – les superpuissances adversaires mettant de côté leurs autres divergences à cette occasion.

Egalement en froid avec les Américains, Vladimir Poutine a rappelé, sans toutefois donner de chiffres, son ambition de « limiter considérablement les émissions » de la Russie d’ici à 2050. « C’est avec responsabilité que la Russie met en œuvre ses obligations internationales dans ce domaine », a-t-il dit, citant le protocole de Kyoto et l’accord de Paris. Il a aussi souligné que les émissions actuelles de son pays étaient de 1,6 milliard de tonnes de CO2, contre 3,1 milliards de tonnes de CO2 en 1990, soit moitié moins.

Quant à l’Union européenne (UE), elle est parvenue in extremis à un accord sur une réduction nette d’« au moins 55 % » de ses émissions d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, va s’engager à réduire les émissions de CO2 de 40 % à 45 % d’ici à 2030 par rapport à 2005, au lieu de 30 % précédemment, selon Radio-Canada. Et son homologue nippon Yoshihide Suga a annoncé que le Japon allait les réduire de 46 % à l’horizon 2030 par rapport à 2013, contre un objectif précédent de 26 %.

Même le président brésilien, Jair Bolsonaro, proche de Donald Trump mais moins de Joe Biden, a annoncé que son pays visait désormais la neutralité carbone à l’horizon 2050, soit dix années plus tôt que l’objectif précédemment annoncé. Il s’est par ailleurs engagé à « éliminer la déforestation illégale au Brésil d’ici à 2030 ».

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Le Monde avec AFP

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