
#Jetravaillechezmoi : la saturation des VPN modifie les rythmes de travail

« Avant je travaillais de jour, mais ça, c’était avant. » Mahault B. a beau en rire, la situation commence à lui peser alors que la période de confinement que nous vivons actuellement ne semble pas encore prête à prendre fin. Cette cadre dans une grande entreprise du secteur bancaire souffre, comme beaucoup d’autres, des limites du réseau virtuel d’entreprise de son groupe.
« Le réseau de mon entreprise n’était semble-t-il pas prêt à absorber autant de sollicitations en même temps, ce qui me force aujourd’hui à adapter mon temps de travail pour bénéficier d’un réseau fonctionnel », relève cette dernière, dont le plus gros de l’activité se situe désormais entre 21 heures et 2 heures du matin.
Paradoxalement, cette situation n’a pas que des inconvénients. « Cela me permet de prendre de l’avance dans mon travail quotidien dans une période plus calme et plus propice à la réflexion… une fois que tout le monde est couché », explique-t-elle. « C’est aussi une manière de réinventer mes manières de faire, même si j’ai parfois l’impression de revenir dans le passé », soulève-t-elle.
Un rythme de travail bouleversé
Même situation pour Flora G., employée dans le secteur du luxe. « On doit faire face à de grosses difficultés pour se connecter au VPN… Même le téléchargement d’un document peut rapidement se transformer en bataille », relève cette trentenaire qui salue toutefois l’action de sa direction pour adapter les temps de travail aux limites de son réseau d’entreprise.
Résultat ? « On peut presque dire qu’on est de retour aux trois huit, avec des roulements de huit heures qui nous permettent d’effectuer nos tâches de manière plus fluide et sans que la moindre requête ne devienne un casse-tête », explique-t-elle dans un sourire, même si elle observe d’ores et déjà une amélioration. « On dirait que notre VPN est comme nous : après la sidération, place à l’action ! »
Pour autant, la DSI de son groupe veille et a d’ores et déjà émis des recommandations pour éviter de saturer le réseau d’entreprise. « On nous demande de travailler le plus souvent hors connexion ou via d’autres applications, comme WhatsApp ou la suite Google », détaille Flora, pour qui les applications tierces s’imposent parfois comme la seule issue pour poursuivre son activité professionnelle.
Le constat est identique pour Claire C., responsable de projet chez BNP Paribas Real Estate. « Les serveurs ont été saturés dès lundi [16 mars, NDLR] et impossible de se connecter à partir de 10 heures. Depuis, j’ai sauvegardé mes fichiers importants sur mon bureau et je travaille le plus souvent hors connexion ».
Recours à des applications tierces
Aux grands maux les grands remèdes, cette dernière écourte désormais le plus possible ses connexions pour éviter de surcharger les serveurs. « Je me connecte ponctuellement tôt le matin, à midi et à la fin de la journée pour envoyer des e-mails ou actualiser ma boîte mail », explique-t-elle. Reste que tous ne semblent pas jouer le jeu, aux dires de son département technique.
« L’IT a d’abord envoyé un guide des bonnes pratiques pour l’utilisation de la connexion à distance. Puis un rappel en disant que la bande passante n’était pas suffisante pour tout le monde et qu’ils étaient choqués de voir que certains l’utilisaient pour YouTube ou des recherches Google. Ils nous ont ensuite demandé de travailler au maximum hors connexion », relève-t-elle.
A ces difficultés, la direction du groupe répond désormais par une adaptation du temps de travail. « Nous avons reçu une répartition en deux groupes pour tous les collaborateurs, avec deux plages de connexion autorisées : de 8 heures à 13 heures ou de 13 heures à 18 heures », raconte cette dernière.
« On a créé plusieurs groupes par projets et services sur Signal. On nous a également demandé de télécharger Zoom pour les conférences téléphoniques et on s’appelle régulièrement avec des collègues, quand on a chacun des questions ou pour se tenir informés. » De quoi alléger la facture pour les réseaux privés d’entreprises, alors que le nombre de personnes en télétravail sur les VPN opérés par OBS, la branche B2B de l’opérateur historique, a bondi ces derniers jours jusqu’à 700 %.