Jeff Williams : le potentiel santé avec l’Apple Watch n’était pas évident au départ

Si l’on demande aujourd’hui à quoi sert une Apple Watch, il y a de bonnes chances que le sujet de la santé arrive en bonne place parmi les réponses. Avec le premier modèle de 2015, cette facette du produit était bien présente, au travers de l’encouragement à se bouger et à pratiquer une activité sportive plus soutenue, mais de recherche médicale il n’était pas question. Et encore moins de pouvoir peut-être sauver des vies.

Ce n’est que progressivement qu’Apple l’a développée, en allant plus loin sur des thématiques de santé qui n’étaient pas forcément liées à la pratique sportive, explique Jeff Williams dans une interview donnée à l’Independant. Au début du mois, Apple a annoncé trois nouvelles études, qui seront menées au travers d’une nouvelle app disponible en fin d’année.

Jeff Williams, 12 septembre 2018. Image : Apple

Le numéro 2 d’Apple raconte que cette prise de conscience de ce que l’Apple Watch pouvait apporter au monde médical s’est faite progressivement, d’une manière « organique» :

La plupart des gens pensent que nous avions ce grand plan, certes, on avait quelques bribes au départ mais sans aucune idée où cela nous mènerait. Et honnêtement, on était dans une situation où on a commencé à tirer sur quelques fils. Plus on le faisait, plus on réalisait l’ampleur de l’opportunité qui s’offrait à nous d’avoir un impact auprès des gens, grâce à l’information qui est à leur poignet.

La première Apple Watch contenait un moniteur de fréquence cardiaque, non pas pour des applications de santé, mais parce qu’Apple avait jugé que ce serait utile pour se démarquer de la concurrence. En proposant des résultats plus fiables pour le décompte des pas.

C’est lorsque des courriers de clients ont commencé à arriver, expliquant que les renseignements fournis par ce capteur leur avait sauvé la vie en les alertant d’un problème, qu’il y a eut une prise de conscience.

Ces témoignages sont devenus une étape obligée de chaque keynote de rentrée, en prélude à l’annonce d’un nouveau modèle de montre.

On s’est rendus compte qu’on avait une chance énorme et peut-être même une obligation d’en faire plus […] La santé est une dimension très importante du produit, mais ça n’en est qu’une dimension. Il en fait tellement plus, de vous donner l’heure jusqu’à envoyer des messages, passer des appels et ainsi de suite. Si vous essayez de vendre un moniteur cardiaque pour vous prévenir de problèmes, vous n’en vendrez qu’à 12 personnes.

La santé est un point majeure de l’Apple Watch mais il est intégré au milieu d’autres fonctions, plus générales, qui toucheront par conséquent un public plus large.

Une clientèle importante qui, lorsqu’Apple et ses partenaires dans le milieu de la recherche médicale, ont besoin de lancer une étude, s’avèrera précieuse. 400 000 personnes, qui se sont manifestées d’elles-même, ont participé à l’étude sur le cœur. Alors qu’avec des moyens plus classiques, ces sujets auraient été contactés par courrier, avec un taux de retour très faible.

En outre, l’approche d’Apple sur la confidentialité des données et la vie privée est un facteur qui rassure les co-organisateurs et les participants, assure Williams.

Lecture d’un ECG (une fonction des Series 4 et 5). Image Apple

Plus loin dans l’interview, c’est Kevin Lynch, en charge du développement logiciel de l’Apple Watch, qui insiste sur la volonté de se reposer avant tout sur les composants matériels déjà présents dans les modèles commercialisés. Pour l’étude sur le cœur, il y a beaucoup de données qui peuvent être analysées avec le cardiofréquencemètre actuel « Nous n’avons pas eu besoin de changer le matériel, mais il a fallu innover en termes de d’algorithmes et d’apprentissage automatique sur ces données, de travail en clinique, et aussi se poser les bonnes questions ».

Apple ne se ferme aucune porte quant aux développements possibles, tout est question d’opportunités : « On continue de tirer sur des fils pour voir où cela nous mène » explique Jeff Williams.

Toutefois il tempère à propos de l’arrivée d’une fonction de lecture du taux de glucose. Il y a une attente, c’est un sujet récurrent et, tous les ans, dit-il, quelqu’un affirme avoir trouvé un moyen de le faire de manière non-invasive. « C’est déjà difficile de mesurer le glucose à partir du liquide interstitiel, ça l’est encore plus avec des photons. On est bien sûr intéressés par avoir plus de capteurs au fil du temps. Mais comme l’a dit Kevin, il y a beaucoup de chose que l’on peut déjà faire avec les capteurs existants ».

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