« Je suis inquiète pour mes enfants » : après la mort de Ruth Bader Ginsburg, l’hommage et les craintes des Américains devant la Cour suprême – Le Monde

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Publié aujourd’hui à 00h49, mis à jour à 02h22

De loin en loin, quelques voix entonnent un vibrant « RBG ! RBG ! » en hommage à Ruth Bader Ginsburg, juge de la Cour suprême américaine, décédée la veille à 87 ans. Puis le silence retombe, solennel et recueilli. Samedi 19 septembre, rassemblées au pied des marches immaculées de la plus haute institution judiciaire, à Washington, des centaines de personnes sont venues déposer des fleurs, des petits cailloux, des dessins et des messages.

« Merci de nous avoir appris à nous battre », disent nombre d’entre eux ; « la place des femmes est à la Cour », plaident aussi des cartons confectionnés à la hâte ; d’autres insistent : « respectez ses dernières volontés », allusion au souhait de cette avocate, devenue icône de la résistance aux vues conservatrices de la Cour suprême, de ne pas être remplacée avant l’installation d’un nouveau président en janvier 2021. Peine perdue : Donald Trump a affirmé samedi qu’il comptait nommer un candidat « sans délai », pour une confirmation par le Sénat à majorité républicaine.

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Au-delà de l’émotion et des sanglots de cette foule majoritairement féminine, l’enjeu politique de ce décès survenu en pleine campagne électorale n’échappe donc à personne.

Des centaines de personnes rendent hommage à la juge Ruth Bader Ginsburg, devant la Cour suprême des Etats-Unis, à Washington, le 19 septembre.

« Je suis inquiète pour mes enfants. Quel sera leur avenir si les républicains parviennent à installer un sixième juge conservateur [sur neuf] à la Cour ? Quelle marge de liberté auront-ils ? », s’interroge Mary Gonzalez, appliquée à écrire son message personnel sur un petit papier vert : « Merci d’avoir ouvert la voie pour toutes les femmes. » Les Américains venus manifester leur peine et leurs craintes redoutent une remise en cause du droit à l’avortement, une promesse des républicains, mais s’inquiètent plus globalement de la mainmise d’un camp politique sur une institution censée garantir les droits de tous.

« Hypocrisie du Parti républicain »

Aussi, beaucoup veulent croire que la mort de Ruth Bader Ginsburg va galvaniser le vote démocrate, comme cela a été le cas lors des élections de mi-mandat en 2018, après la nomination controversée du juge conservateur, Brett Kavanaugh, accusé d’agression sexuelle. « Les démocrates voient bien ce qui est en jeu ici : leurs droits à disposer de leurs corps, leur assurance santé, les droits des personnes homosexuelles, la légalité des élections… Ils vont voter comme jamais auparavant, assure Tracey Edwards, une démocrate afro-américaine du Nebraska, dont le t-shirt et le masque défendent les couleurs du « ticket » Joe Biden-Kamala Harris. Les femmes vont se mobiliser plus encore que d’habitude. Il est essentiel que l’on élise un Sénat qui croit en la Constitution. »

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