« Je sais que j’ai bousculé la majorité » : Emmanuel Macron fait son mea culpa devant les députés LRM – Le Monde

« Je vous demande de l’unité, pas de l’uniformité. » Dix jours après le début de la crise provoquée par le vote de la proposition de loi sur le congé de deuil pour les parents ayant perdu un enfant, Emmanuel Macron a reçu mardi 11 février à l’Elysée les députés La République en marche (LRM) pour tenter d’apaiser les tensions. Le 30 janvier, la majorité LRM avait en effet rejeté l’allongement de ce congé à douze jours au lieu de cinq, suivant la demande du gouvernement. Le vote avait suscité un tollé dans l’opinion, au point que le chef de l’Etat enclenche la marche arrière, demandant à son gouvernement de traiter le sujet avec davantage d’« humanité ». Une prise de parole sonnant comme un désaveu pour certains députés « marcheurs ».

En matière de « politique régalienne, je sais que j’ai bousculé la majorité. Mais nous devons être réalistes. Nous avons de nouvelles terres à défricher : la lutte contre les séparatismes, la dépendance », a déclaré le chef de l’Etat selon plusieurs parlementaires interrogés par l’AFP.

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D’après des députés présents, le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité de faire corps :

« Je vous demande de l’unité, pas de l’uniformité. Mon parcours personnel ne plaide pas pour le caporalisme. (…) On réussit ensemble ou on échoue ensemble. (…) Nous [ne] devons pas recréer des chapelles où aile gauche et aile droite se répondent en stéréo. Il faut rester dans la vision qu’on porte, qui fait notre unité : le “en même temps”, le dépassement politique. »

Emmanuel Macron a enfin appelé les élus à montrer leur « fierté [concernant] les résultats, sur l’école, la santé, la société inclusive (…). Nous avons fait des choses qui n’avaient jamais été faites ».

Installation d’une distance

Cette rencontre – la quatrième du genre – était très attendue des parlementaires, qui déplorent l’installation d’une distance avec le chef de l’Etat et les instances du parti. En novembre, le patron des députés « marcheurs », Gilles Le Gendre, avait déjà pointé notamment les tensions générées par les investitures aux élections municipales, qui ont hérissé de nombreux élus, reprochant au parti présidentiel de favoriser des accords locaux avec des maires sortants de droite ou de gauche.

Le dernier rendez-vous collectif, en septembre 2019, avait été mal vécu par une partie du groupe. Le président les avait bousculés en assumant un discours ferme sur l’immigration. Il les avait surtout incités à rédiger « moins d’amendements » et à passer plus de temps sur le terrain – eux qui venaient de rentrer précipitamment de circonscription pour assister à ce rendez-vous… Les deux premières rencontres, elles, s’étaient tenues en pleine crise : l’affaire Benalla à l’été 2018, puis les « gilets jaunes », l’hiver suivant.

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