«Je démissionne pour protéger Édouard Philippe», annonce son conseiller Sandro Gozi – Le Parisien

Ancien secrétaire d’Etat italien dans l’équipe de Matteo Renzi, candidat aux européennes sur la liste française Renaissance de Nathalie Loiseau, Sandro Gozi était conseiller salarié à Matignon depuis trois mois. Pris dans une polémique pour ses activités auprès du gouvernement maltais de Joseph Muscat, il a démissionné mercredi soir de son emploi à Matignon.

Vous démissionnez parce que vous avez été « lâché » par Matignon ?

SANDRO GOZI. Depuis que j’incarne cette idée de politique transnationale en Europe, je fais l’objet de viles attaques de la part des nationalistes de tous bords, en France comme en Italie. Des dénonciations anonymes, des révélations qui se révèlent ensuite infondées.

Avez-vous conseillé le gouvernement de Malte tout en étant membre du cabinet d’Édouard Philippe à Matignon ?

Non. A partir du 1er août, j’ai travaillé pleinement pour le gouvernement français. En juillet, j’ai clos mes dossiers avec Malte.

Quelle était la nature de cette collaboration ?

Je mène, en parallèle à mon engagement politique, une activité de consultant, ayant été diplomate, fonctionnaire européen, chercheur en université… Quand ma fonction de ministre des Affaires européennes a pris fin en Italie (NDLR : le 1er juin 2018), j’ai repris des missions de conseil auprès de plusieurs organisations, dont le gouvernement maltais. En parallèle, je me suis porté candidat aux élections européennes dans la liste Renaissance en France.

Vous êtes élu le 26 mai dernier. Mais, en 22e position, vous faites partie des eurodéputés « gelés » en attendant le départ des élus britanniques avec le Brexit. Qu’avez-vous fait depuis cette date ?

Dès mon élection, j’ai indiqué à Malte que je mettais fin à mon contrat. Courant juillet, je suis sollicité par Édouard Philippe pour devenir chargé de mission à Matignon. A partir du 1er août, je deviens salarié. Cette fonction m’a obligé à faire une déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Ce que j’ai fait. J’ai dû la rectifier car je n’avais pas compris la subtilité de la notion de vie publique. En Italie, on doit indiquer seulement les activités institutionnelles, politiques. J’ai donc dû ajouter dans un deuxième temps, mi-octobre, mes autres activités professionnelles.

Si tout est clair, pourquoi démissionnez-vous ?

Je prends mes responsabilités, dans l’intérêt de l’image du Premier ministre et de la majorité présidentielle, pour protéger Édouard Philippe. Assez de cette instrumentalisation politicienne permanente ! Mais je m’inquiète de l’état du débat public en France et en Europe où l’on bafoue toute bonne foi et présomption d’innocence.

Quel genre de conseils donniez-vous au Premier ministre maltais, Joseph Muscat ?

Des conseils sur les questions institutionnelles de l’UE. Mais j’étais en externe, je n’avais ni bureau ni même un mail du gouvernement..

Rien à voir avec les questions de défense ? Le député LR Pierre-Henri Dumont s’inquiétait de savoir si vous étiez habilité « secret-défense » à Matignon ?

Non, non et non ! S’il y a une chose que je ne connais pas, c’est la défense et la sécurité. J’ai fait le service civil, je suis objecteur de conscience ! Et, surtout, je n’ai pas la nationalité française : cela interdit d’avoir une telle accréditation.

Ce contrat portait sur des sommes importantes ?

Non, ce n’était pas un contrat important sur le plan financier.

A Matignon, quel était votre travail ?

Un travail de conseiller politique. L’organisation de petits déjeuners à Matignon entre députés nationaux et européens de la majorité, rencontres à Bruxelles avec des élus, rédaction de notes d’analyse sur l’élection d’Ursula Von der Leyen, sur les alliances à passer, etc. Je suis allé souvent à Bruxelles, les seuls voyages que j’ai fait c’est Paris-Bruxelles en Thalys!

Vous n’avez pas été lâché par Édouard Philippe ?

Non. J’ai une grande estime pour le Premier ministre, j’ai été très honoré quand il m’a demandé de travailler avec lui. C’était une expérience formidable.

Et le camp présidentiel vous soutient ? Démissionnerez-vous de votre mandat de député européen Renaissance ?

Non! Pourquoi le ferais-je? Je reste eurodéputé. Je ne vois pas pourquoi le groupe Renaissance ne m’accueillerait pas, comme prévu, dès le départ des élus britanniques avec le Brexit.

Vous ne craignez pas un effet Goulard ?

Sylvie Goulard avait été désignée commissaire; moi j’ai été élu.

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