Israël mène des bombardements dans le sud du Liban, une première depuis 2014 – Le Monde

Près des villages libanais d’Ibl Al-Saqi et de Kfar Hamam, dans le sud du pays, le 4 août.

L’armée israélienne a revendiqué, jeudi 5 août, une série de bombardements sur le territoire du Liban, les premières attaques de ce genre depuis des années. Les cibles, frappées dans la nuit de mercredi à jeudi, étaient « des sites de lancement et des infrastructures d’où des roquettes ont été tirées au Liban », selon un communiqué de l’armée.

Mercredi, trois roquettes avaient été, en effet, tirées depuis le sud du Liban vers le nord d’Israël, dont deux qui étaient tombées sur le sol israélien, sans faire de victime. Aucun groupe armé n’avait revendiqué ces tirs depuis ce territoire, où se trouvent notamment des membres du Hezbollah.

Selon la chaîne du Hezbollah, les bombardements israéliens ont touché les environs de la ville de Mahmoudiyah, près de la frontière entre les deux pays et n’ont également fait aucune victime. L’armée libanaise a dénombré pas moins de 92 tirs d’artillerie en provenance d’Israël.

L’armée de l’air israélienne bombarde régulièrement des positions présumées du mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza, ainsi qu’en Syrie voisine, mais de telles attaques sur le territoire libanais sont rares depuis ces dernières années. La dernière remonte à 2014, selon un porte-parole militaire israélien. Jeudi, l’armée israélienne n’a pas précisé si elle avait ou non ciblé des positions du Hezbollah pro-iranien, ou d’autres groupes.

Lire l’analyse : La démonstration de force du Hamas contre Israël

Des paroles critiques contre le Liban et la Finul

Près des villages libanais d’Ibl Al-Saqi et de Kfar Hamam, dans le sud du pays, le 4 août.

Dans la foulée de ces attaques, des responsables israéliens ont émis des critiques à la fois contre le gouvernement libanais et contre la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), déployée dans le sud du Liban.

Pour un porte-parole de l’armée israélienne, cité par l’Associated Press, le gouvernement libanais était responsable de ce qui se déroulait sur son territoire, le mettant en garde contre de futurs tirs sur le territoire israélien. De fait, le Liban est sans gouvernement depuis la démission d’Hassan Diab au lendemain de l’explosion dans le port de Beyrouth, il y a un an. L’armée libanaise, elle, assure mener des patrouilles régulières dans la région frontalière. Elle annonce une enquête pour déterminer l’origine exacte des tirs.

Benny Gantz, ministre de la défense du gouvernement de coalition constitué il y a à peine deux mois, a demandé qu’un « message ferme » soit adressé à la Finul. Le général Stefano Del Col, commandant de la mission de l’ONU, a répondu en appelant « les parties » à « cesser le feu et faire preuve d’une retenue maximale pour éviter une escalade ».

Présente au Liban depuis 1978, la Finul surveille depuis 2006 la frontière israélienne en coordination avec l’armée libanaise, en application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, adoptée après la guerre ayant opposé Israël au Hezbollah.

Un contexte tendu

Les échanges de tirs à la frontière libano-israélienne coïncident avec une recrudescence des tensions entre l’Etat hébreu et l’Iran – allié du Hezbollah et ennemi d’Israël –, dans la foulée d’une attaque meurtrière en mer d’Oman contre le pétrolier Mercer Street, géré par la société d’un milliardaire israélien.

Israël, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, a aussitôt accusé l’Iran d’être derrière cette attaque, ayant fait deux morts, qui n’a pas été revendiquée. Le premier ministre israélien, Naftali Bennett, a affirmé avoir des « preuves » de l’implication iranienne et promis une réplique : « Nous savons comment envoyer un message à l’Iran à notre manière », a-t-il prévenu en début de semaine.

Téhéran, dont le nouveau président, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, a été intronisé cette semaine, nie ces accusations.

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Le Monde avec AFP, AP et Reuters

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