Israël expulse Salah Hamouri vers la France : pourquoi cette décision déclenche un tollé ? – Le HuffPost

(FILES) In this file photo taken on October 1, 2020, Salah Hamouri, Franco-Palestinian lawyer and field researcher for Addameer (Conscience), a non-governmental organisation for the support of Palestinian political prisoners held in Israeli and Palestinian prisons, speaks during an interview at the NGO's offices in the West Bank city of Ramallah. - Israel expelled Hamouri on the morning of December 18, 2022, the culmination of a lengthy judicial saga in which he was accused of security offences and held without charge since March, under a controversial practice known as administrative detention, which allows suspects to be detained for renewable periods of up to six months. (Photo by ABBAS MOMANI / AFP)
ABBAS MOMANI / AFP (FILES) In this file photo taken on October 1, 2020, Salah Hamouri, Franco-Palestinian lawyer and field researcher for Addameer (Conscience), a non-governmental organisation for the support of Palestinian political prisoners held in Israeli and Palestinian prisons, speaks during an interview at the NGO’s offices in the West Bank city of Ramallah. – Israel expelled Hamouri on the morning of December 18, 2022, the culmination of a lengthy judicial saga in which he was accused of security offences and held without charge since March, under a controversial practice known as administrative detention, which allows suspects to be detained for renewable periods of up to six months. (Photo by ABBAS MOMANI / AFP)

ABBAS MOMANI / AFP

La France « condamne » l’expulsion par Israël du Franco-Palestinien Salah Hamouri

DIPLOMATIE – Après des mois de sagas judiciaires, Israël a expulsé ce dimanche 18 décembre l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri détenu depuis mars sans accusation formelle dans des prisons israéliennes.

Salah Hamouri a été expulsé tôt ce dimanche matin vers la France, a annoncé le ministère israélien de l’Intérieur dans un communiqué, tandis que sa famille avait, elle, été notifiée plus tôt ce week-end qu’il allait être placé sur un vol Tel-Aviv/Paris.

« La première étape sera de se retrouver, il y a du temps à rattraper en famille. La voix de Salah ne va pas s’éteindre avec cet exil forcé (…) En France, il sera une voix pour le peuple palestinien », a déclaré son épouse Elsa Lefort à l’AFP. En France cette décision a déclenché un tollé auprès de certains élus mais aussi d’Amnesty international qui y voit un possible « crime de guerre ».

Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères a de son côté condamné cette expulsion.

Pourquoi Israël l’expulse ?

Agé de 37 ans, Salah Hamouri avait été condamné en mars à trois mois de détention administrative, une mesure controversée permettant à Israël d’incarcérer des suspects sans accusation formelle.

Soupçonné par Israël de liens – qu’il nie – avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l’État hébreu et l’Union européenne, Salah Hamouri avait appris fin novembre qu’il allait être expulsé en décembre vers la France.

Mais son expulsion avait été reportée à la suite d’audiences devant la justice militaire, ses avocats remettant en cause son ordre d’expulsion et aussi la révocation de son statut de résident de Jérusalem-Est.

Né dans cette partie de la Ville sainte, annexée et occupée par l’État hébreu, Salah Hamouri ne dispose pas de la nationalité israélienne mais d’un permis de résidence, que les autorités israéliennes ont révoqué, ce qu’il conteste.

Or, début décembre, les autorités israéliennes ont confirmé la révocation de son statut ouvrant ainsi la voie à une expulsion imminente malgré une nouvelle audience prévue le 1er janvier.

Hamouri est né à Jérusalem

L’expulsion de Salah Hamouri est un « test » pour les habitants de Jérusalem-Est, a plaidé récemment son avocate Leah Tsemel, disant craindre que le futur gouvernement israélien ne multiplie les révocations de permis de résident de Palestiniens nés dans la Ville Sainte.

« Cette expulsion est une manœuvre visant à entraver le travail de Salah Hamouri en faveur des droits humains, mais aussi l’expression de l’objectif politique à long terme des autorités israéliennes, qui est de diminuer l’importance de la population palestinienne à Jérusalem-Est », ont déclaré dimanche Amnesty international et des ONG françaises.

« L’expulsion de Salah Hamouri est vraiment préoccupante pour les palestiniens de Jérusalem », a déclaré à l’AFP un haut responsable palestinien requérant l’anonymat, la campagne de soutien du franco-palestinien jugeant « illégale » son expulsion de sa ville natale par un « pouvoir d’occupation ».

« Nous ne pensions pas que c’était possible d’expulser une personne de sa terre natale. C’est un citoyen français il est davantage palestinien. Il est né à Jérusalem, a vécu et grandi ici (…). Ces racines sont ici », expliquait récemment sa mère, Denise Hamouri.

Un lanceur d’alerte

Salah Hamouri avait été emprisonné en Israël entre 2005 et 2011 pour participation à la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël et fondateur du parti ultra-orthodoxe Shass, avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers ayant permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.

Devenu lui-même avocat, il travaillait pour l’ONG Addameer qui défend les prisonniers palestiniens. Mais cette ONG a été placée ces derniers mois, comme une poignée d’autres, sur la liste israélienne des organisations terroristes.

Et pour rajouter à la saga, Amnesty international avait conclu, après analyse du téléphone portable de Salah Hamouri, que celui-ci avait été piraté par le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO, dont la technologie est aussi soupçonnée, par un consortium de journalistes, d’avoir servi à infiltrer le smartphone du président Macron.

Colère de la France

Dans son communiqué, le quai d’Orsay rappelle que « depuis sa dernière arrestation, la France s’est pleinement mobilisée, y compris au plus haut niveau de l’État, pour faire en sorte que les droits de Salah Hamouri soient respectés, qu’il bénéficie de toutes les voies de recours et qu’il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il est né, réside et souhaite vivre ».

« La France a également engagé de multiples démarches auprès des autorités israéliennes pour manifester de la manière la plus claire son opposition à cette expulsion d’un résident palestinien de Jérusalem-Est, territoire occupé au sens de la quatrième convention de Genève », ajoute le communiqué.

Pour l’épouse de l’avocat ces efforts ont néanmoins été minimes : « Il n’y a pas eu de volonté politique de faire pression avec des moyens sur le gouvernement israélien (…). Ça été le minimum syndical ».

L’expulsion de Salah Hamouri intervient peu avant la formation d’un nouveau gouvernement en Israël mené par Benjamin Netanyahu, vainqueur des législatives du 1er novembre, et ses alliés des partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite.

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