Investiture de Biden : dans les coulisses du transfert des codes nucléaires – Le Parisien

Et si Donald Trump voulait se servir à la dernière minute de la bombe nucléaire? Il y a dix jours, la cheffe des démocrates au Congrès américain Nancy Pelosi exprimait ses craintes face aux potentielles dérives du chef d’Etat républicain d’ici la fin de son mandat. Cette peur n’existe plus depuis exactement midi pile ce mercredi 20 janvier.

À l’instant précis où le nouveau président élu Joe Biden a prêté serment devant la Bible, l’arme nucléaire américaine a changé de main. La fameuse mallette qu’a détenue Donald Trump pendant quatre ans a été désactivée. Et pour la première fois de l’histoire du pays, cette transition a nécessité une chorégraphie en deux temps. En raison de l’absence de Trump, parti un peu plus tôt pour sa résidence privée en Floride, il a fallu s’organiser pour qu’une autre mallette soit présente dans les tribunes du Capitole. Avec à l’intérieur une autre petite carte en plastique contenant les codes nucléaires, surnommée le « biscuit », et devant en principe être conservée par le président en personne.

À 12h01, l’équipe du président démocrate s’est donc étoffée d’un nouvel officier militaire chargé de transporter le « football nucléaire ». Cette valise de vingt kilos, qui contient tous les éléments nécessaires à une frappe, doit être à proximité du président américain en toutes circonstances. Elle lui permet de s’identifier n’importe où en cas d’attaque ennemie ou d’initiative du dirigeant en poste.

Une carte égarée dans le passé

La Constitution américaine octroie au président des Etats-Unis le pouvoir exclusif d’ordonner une frappe nucléaire. Ce droit suscite tous les fantasmes mais en réalité, elle est ensuite subordonnée à l’application par le chef d’état-major.

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« Il existe des garanties contre les ordres d’attaque illégaux, qu’ils soient nucléaires ou conventionnels. Pour être légaux, les ordres doivent avoir une cible légitime, un objectif militaire clair et utiliser des forces proportionnelles, rappelait récemment CNN. Cela signifie que si Trump tentait d’ordonner une frappe à 12h01 mercredi, l’ordre serait considéré comme illégal et les commandants militaires chargés d’effectuer le lancement sont obligés de refuser ». A 12h01, Donald Trump a donc été délesté de ce pouvoir. Et sa mallette est repartie dans la foulée vers Washington.

Il existe au total trois mallettes et trois « biscuits ». Un qui suit le président, un dans les bureaux du vice-président au cas où il arriverait quelque chose au président, et un en réserve, confié à celui qu’on appelle le « survivant désigné ». Les personnes qui « portent le ballon nucléaire font l’objet d’évaluations psychologiques approfondies pour déterminer s’ils sont à la hauteur de la tâche », indiquait en 2016 le quotidien britannique The Guardian.

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Un ancien ministre de la Défense, William Perry, a appelé ces derniers jours Joe Biden à « se débarrasser du football ». Il juge le système actuel « antidémocratique, dépassé, inutile et extrêmement dangereux ». Toujours selon le Guardian, dans les années 1970, Jimmy Carter avait perdu sa carte par inadvertance lors de l’envoi d’un costume au pressing. Pire, vingt plus tard, Bill Clinton l’aurait lui égarée « pendant des mois », a raconté dans ses mémoires le général Hugh Shelton, qui était alors chef d’état-major des armées.

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