Interview du 14-Juillet : Que faut-il retenir des annonces d’Emmanuel Macron ? – 20 Minutes

Emmanuel Macron est interviewé en ce 14 juillet par Léa Salamé et Gilles Bouleau. — Stefano RELLANDINI / AFP

Port du masque, bilan de ses trois premières années de quinquennat, passage de relais entre Édouard Philippe et Jean Castex, relance économique… La liste est longue des sujets abordés par Emmanuel Macron lors de son interview télévisée ce mardi. Après une matinée de célébrations militaires et d’hommage aux soignants et aux travailleurs en première ligne durant la crise du Covid-19, le président de la République a longuement répondu à Léa Salamé et Gilles Bouleau, durant 1h15, sur les principaux sujets qui préoccupent actuellement les Français.

Le chef de l’Etat a clairement exprimé les orientations qu’il souhaite donner pour les deux dernières années de son quinquennat, placées sous la direction de Jean Castex, fraîchement nommé Premier ministre. 20 Minutes fait le point sur ces annonces.

La relance économique

Emmanuel Macron a promis « au moins 100 milliards d’euros », en plus des 460 milliards déjà engagés en mesures sectorielles et de soutien à l’économie depuis le début de l’épidémie. « On met avec ce plan de relance, en plus de cet argent déjà mis, au moins 100 milliards pour faire la relance industrielle, écologique, locale, culturelle et éducative. Je suis convaincu qu’on peut bâtir un pays différent d’ici à dix ans », a affirmé le président de la République.

Il a aussi annoncé un « dispositif exceptionnel d’exonération des charges » pour l’emploi des jeunes. Ce dispositif,, destiné en particulier à favoriser l’embauche de salariés à « faibles qualifications, jusqu’à 1,6 Smic » pour faire de la jeunesse « la priorité de cette relance », est « exceptionnel parce qu’il durera un à deux ans, on va l’évaluer », a précisé le chef de l’Etat.

Il a aussi souligné que toute « modération salariale » devait s’accompagner de « dispositifs d’intéressement et de participation » et « d’une modération des dividendes » au sein « des entreprises auxquelles on abonde ». Le plan de relance, qui doit comprendre un volet écologique important avec notamment un plan massif de rénovation des écoles et Ehpad, sera financé par des aides européennes, dans le cadre du plan de relance que la France espère voir adopter par les 27 pays de l’UE, et par un endettement.

Autre vaste sujet qui lui tient à cœur : Emmanuel Macron a exclu d’augmenter les impôts pour faire face à l’explosion des dépenses publiques à la suite de l’épidémie due au coronavirus. « Il y a une trajectoire fiscale qui a été décidée, votée par la représentation nationale, c’est celle qui sera tenue », a-t-il affirmé, ajoutant qu’« on ne résout pas une crise comme celle-ci en augmentant les impôts ».

Le retour du masque obligatoire

Emmanuel Macron souhaite que le port du masque soit « obligatoire dans tous les lieux publics clos » à partir du 1er août, a-t-il indiqué mardi, notant qu’il y a « des signes » que l’épidémie « repart un peu ». « On le fait dans les transports, ça marche très bien, mais c’est un peu erratique dans les lieux publics clos (…) ça veut dire qu’il faut que les choses s’organisent », a souligné lors d’un entretien sur TF1 et France 2, le chef de l’Etat qui a « recommandé à tous nos concitoyens de porter le masque au maximum quand ils sont dehors et, a fortiori, quand ils sont dans un lieu clos ». « Nous sommes sortis du premier pic (…) tout le pays s’est mobilisé et nous avons des résultats, puisqu’on a réussi à endiguer le virus et à retrouver une vie presque normale », a souligné le chef de l’Etat.

Mais « aujourd’hui nous avons des inquiétudes », a-t-il souligné, avertissant qu’il « y a des indices (que) ça ré-accélère, nous avons des signes que ça repart quand même un peu », par exemple le taux de contamination par personne infectée récemment repassé légèrement au-dessus de 1 (une personne infectée contamine plus d’une autre personne, donc l’épidémie augmente). Rappelant que « la meilleure prévention ce sont les gestes barrière », Emmanuel Macron a dit « souhaite (r) que dans les prochaines semaines on rende obligatoire le masque dans tous les lieux publics clos (…) par exemple à partir du 1er août ».

Il a également affiché une confiance dans la préparation du pays pour affronter une deuxième vague : « oui, nous serons prêts » si besoin.

Ecologie et réforme des retraites

Côté écologie, il s’est dit favorable à un référendum portant sur l’inscription dans la Constitution de la lutte contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité dans notre texte constitutionnel. Il a aussi annoncé un redéploiement massif du fret ferroviaire, des petites lignes de train et des trains de nuit dans le cadre de sa politique de transition écologique. « On va redévelopper le fret ferroviaire massivement, on va redévelopper les trains de nuit, on va redévelopper les petites lignes de train, parce que tout ça permet de faire des économies, permet de réduire nos émissions » d’émissions polluantes, a-t-il déclaré sans plus de détails.

Il a par ailleurs considéré que la France ne pourrait pas faire « l’économie d’une réforme » de son système de retraites, tout en reconnaissant que le projet du gouvernement ne pourrait pas être maintenu tel qu’il était prévu avant la crise sanitaire.

Il a de nouveau revendiqué « un » dépassement « du clivage gauche droite et s’est dit » radicalement en désaccord” avec ceux qui accusent le nouveau gouvernement de pencher à droite.

Du côté des féministes mais pour la présomption d’innocence

Emmanuel Macron a dit ce mardi respecter « l’émoi et la colère » des féministes après l’arrivée au ministère de l’Intérieur de Gérald Darmanin, en raison des accusations de viol qui le visent, mais a défendu cette nomination au nom de la présomption d’innocence dont il s’estime le « garant ». « Je respecte toujours l’émoi et la colère des causes justes. La cause féministe, je la partage, j’en ai fait un fil rouge de ce quinquennat », a souligné le chef de l’Etat.

Cependant, « aussi vrai que je crois à la force des causes justes, aucune cause n’est défendue justement si on le fait en bafouant les principes fondamentaux de notre démocratie », a-t-il fait valoir. « Si, à partir du moment où quelqu’un est accusé, mais pas jugé, il devient en quelque sorte la victime d’un jugement de rue, ou de réseaux sociaux, parce qu’il y a une émotion – et je peux comprendre cette émotion parce que je partage – alors (…) notre démocratie change de nature, elle devient une démocratie d’opinion », a poursuivi le président. « Je chéris cette cause juste de la lutte contre les violences et de l’égalité effective entre les sexes, mais je chéris ce qui peut faire de notre démocratie une démocratie plus forte encore, celle de ne pas céder à l’émotion constante », a ajouté M. Macron, rappelant que les « accusations graves » contre Gérald Darmanin avaient fait l’objet d’enquêtes qui ont été classées ou n’ont pas eu de suites.

Caméras-piétons, vaccins contre le Covid-19 et rentrée des classes

Emmanuel Macron a annoncé mardi la généralisation des caméras-piétons « avant la fin du quinquennat » pour les forces de l’ordre, afin notamment de lutter contre les contrôles au faciès. « Cela fait trop longtemps qu’on parle de cela », a-t-il commenté à propos des accusations de contrôles au faciès par les forces de l’ordre, estimant qu’ils pouvaient être une source de discrimination alimentant une « défiance démocratique ». Selon le chef de l’État, les caméras-piétons doivent permettre de « retracer la vérité des faits qui permettent de protéger, de rétablir (la) confiance ».

Concernant d’éventuels vaccins, la France figurera « parmi les premiers pays » à en bénéficier, mais il serait « absurde » de faire du « nationalisme sanitaire » en la matière, a affirmé ce mardi Emmanuel Macron. « Je ne vais pas faire avec les groupes français ce que je ne veux pas que les autres fassent avec leurs propres groupes (…) Ce qui est absurde, c’est de dire “on va faire du nationalisme sanitaire, si c’est mon État qui trouve, les vaccins iront d’abord chez moi” ». Emmanuel Macron a fait référence au géant français Sanofi, qui avait créé une vive polémique en mai lorsque son directeur général Paul Hudson avait envisagé de favoriser les États-Unis pour la distribution d’un éventuel vaccin, après un financement de Washington.

Enfin, le président de la République s’est montré rassurant sur la rentrée en septembre. La rentrée des 12 millions d’élèves français sera « quasi normale », a-t-il indiqué, insistant sur le besoin de soutenir « les enfants qui ont le plus souffert du confinement ». La rentrée sera « la plus normale possible », a insisté le président, mais « évidemment », a-t-il précisé, « s’il y avait une accélération (du virus) pendant le mois d’août, on sera amené à revoir cette rentrée. Ça n’est pas ce que je souhaite, si on fait bien les choses nous aurons une rentrée des classes un peu différente, encore plus exigeante ».

Le ministère de l’Education a publié vendredi une circulaire pour encadrer la rentrée, qui se fera dans les mêmes conditions sanitaires que celles appliquées à la fin de l’année scolaire. « Tous les élèves sont accueillis sur le temps scolaire », précise la circulaire. « Gestes barrière, hygiène des mains, port du masque pour les adultes et les élèves de plus de 11 ans lorsque les règles de distanciation ne peuvent être respectées dans les espaces clos ainsi que dans les transports scolaires, nettoyage et aération des locaux », est-il détaillé.

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