
Intervention militaire, escalade diplomatique ou cyberattaque : les options de Poutine en Ukraine – Le Monde

L’espace public russe, volontiers hystérique dès qu’il s’agit des relations avec l’Occident, se crispe à mesure que s’intensifie la crise avec l’Ouest. Ces derniers jours, on a pu entendre à la télévision un animateur se demander en quoi une confrontation nucléaire avec les Etats-Unis serait un mal, et un député lrépondre en se vantant que son « neveu » était prêt à prendre les armes. Du côté des officiels, le ministre des affaires étrangères « n’exclut pas » l’ouverture de bases militaires à Cuba et au Venezuela, et son homologue de la défense prévient de l’imminence d’une « provocation massive » de l’Ukraine pour déclencher les hostilités, une fois l’échec des négociations avec Washington entériné – les Etats-Unis doivent apporter d’ici la fin de la semaine une réponse formelle aux demandes russes concernant l’OTAN et la sécurité en Europe).
Le flou fait partie des outils de Moscou dans la négociation, mais cette incertitude quant à la suite tient aussi à un autre élément : tout est entre les mains d’un seul homme. Dans l’étude de la politique russe, la personnalisation extrême de Vladimir Poutine, l’importance extrême accordée à ses souhaits, réels ou supposés, est souvent un biais. Dans ce cas précis, non. « On ne parle même pas de l’entourage proche, précise Fiodor Loukianov, directeur d’un think tank proche du pouvoir, Russia in Global Affairs. C’est Poutine seul. »
Or, nul ne sait le prix qu’est prêt à payer le président russe pour atteindre ses objectifs, ni les compromis qui sont acceptables pour lui. M. Poutine s’est contenté à ce sujet de formules vagues, et son évocation la plus précise d’un éventuel échec des négociations a été de prévenir que la Russie apporterait « une réponse militaro-technique », définie après consultation des « experts militaires ».
Régler « définitivement » le dossier
Seule certitude : le statu quo n’est pas une option, contrairement à la précédente démonstration de force, au printemps 2021, quand la Russie entendait seulement réaffirmer son statut vis-à-vis de Washington. La partie russe a dit assez clairement, depuis le mois de décembre, qu’elle attendait des réponses précises à des revendications elles aussi précises.
Moscou a par ailleurs toutes les raisons de penser que le temps ne joue pas en sa faveur. Pour Vladimir Poutine, il s’agit de régler « définitivement » un dossier qu’il voit comme essentiel pour l’héritage qu’il laissera. Surtout, concernant l’Ukraine, sujet qui cristallise les tensions, le coût de l’inaction apparaît plus élevé qu’une escalade.
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