Interdiction de la corrida : le député « insoumis » Aymeric Caron fustige « l’obstruction » et retire sa proposition de loi – Le Monde

Le député « insoumis » Aymeric Caron devant l’Assemblée nationale, jeudi 24 novembre.

Le député de La France insoumise (LFI) Aymeric Caron a fustigé « l’obstruction » parlementaire contre sa proposition d’interdiction de la corrida et retiré son texte, jeudi 24 novembre. « Cela me navre », a lancé le député de Paris, dans une ambiance très agitée à l’Assemblée nationale. « Applaudissez, soyez fiers de vous », a ironisé l’élu « insoumis », avant de promettre une autre « proposition de loi transpartisane » sur le sujet.

Le retrait de son texte a suscité une pluie de réactions agacées et de rappels au règlement dans l’hémicycle. « Vous fuyez le débat » par peur du rejet de la proposition, l’a accusé l’élue Les Républicains (LR) Anne-Laure Blin, procorrida.

La secrétaire d’Etat chargée de la ruralité, Dominique Faure, a reconnu que ce sujet « traverse toute la société ». Mais le gouvernement s’oppose à l’interdiction de la corrida, une « tradition ancestrale qui participe à l’identité de certains territoires », a-t-elle souligné.

Le texte avait été rejeté une première fois en commission des lois le 16 novembre.

Le dirigeant « insoumis », Jean-Luc Mélenchon, a fait part sur Twitter de sa « rage » face à « l’obstruction du RN plus LR plus macronistes », saluant toutefois la « victoire morale » d’avoir fait parvenir ce sujet jusqu’à la tribune de l’Assemblée.

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« Barbarie » contre « art »

L’Observatoire national des cultures taurines s’est réjoui que la « corrida gagne par abandon ». La Fondation Brigitte Bardot a quant à elle condamné l’« obstruction » des procorrida, une « honte profonde pour nos élus ».

Parfois électrique, le débat entre défenseurs de cette « tradition culturelle régionale » et militants de la cause animale a largement dépassé l’enceinte de l’Assemblée, avec des manifestations pro et anticorrida le week-end dernier dans les villes taurines et à Paris. Une centaine de personnes – le Parti animaliste et l’association L214 – ont encore manifesté, jeudi, pour dire stop à la corrida aux abords de l’Assemblée.

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Mercredi, lors d’une visite au salon de l’Association des maires de France (AMF), Emmanuel Macron a écarté une interdiction dans l’immédiat. Il prône la « conciliation » entre les « coutumes locales » et la « sensibilité » à la condition animale, plutôt que « l’invective ».

Ce texte était mis au programme de l’Assemblée par le député membre du groupe LFI dans le cadre d’une « niche parlementaire », c’est-à-dire une journée permettant à un groupe minoritaire de fixer l’ordre du jour dans l’hémicycle. Lors de ces journées, les débats doivent s’interrompre à minuit, peu importe leur avancement. Or, malgré son article unique, la proposition de loi était bardée de plus de 500 amendements, surtout venus d’élus Rassemblement national (RN) et Renaissance de régions taurines. Il est « impossible » d’atteindre « un vote final dans les délais impartis », a convenu M. Caron.

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Le texte porté par ce dernier visait à modifier l’article 521-1 du code pénal, qui punit déjà la maltraitance animale, pour y inclure les courses de taureaux. Pratiquées et autorisées uniquement dans le midi de la France, ces dernières font exception à la loi, puisque les règles ne leur sont pas applicables « lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».

A ses yeux, la corrida est une « barbarie », un « plaisir immoral » où l’animal est « massacré ». Les partisans de la corrida comme Anne-Laure Blin revendiquent à l’inverse un « art », une « identité régionale », une « culture populaire » et louent les « milliers de terres sanctuarisées » grâce à « l’élevage des taureaux sauvages ».

Deux cent dix-huit élus « de sensibilités et territoires différents », dont l’ex-ministre macroniste Christophe Castaner et le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, ont signé une tribune pour la corrida et contre « l’écototalitarisme ».

Le Monde avec AFP

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